L’UDI, parti le plus démagogue de France
L'UDI (Union des démocrates et indépendants) a été fondé il y a près de deux ans. Ces derniers temps, le Parti a surtout attiré l'attention suite au départ de Jean-Louis Borloo, malade, de la direction du mouvement . Un moyen de cacher les vrais problèmes de l'UDI, dont la politique pourrait se résumer depuis le début à un mélange de démagogie et de "ratissez large". Analyse.
L'absence de ligne politique des membres
Un des éléments qui a le plus tendance à frapper est celui de l'absence incroyable de ligne politique du parti, et cela depuis sa fondation. En effet, l'UDI rassemble à peu près tout ce que le paysage politique peut comporter de groupements, de visions différentes et de partis : L'UDI regroupe entre autres des membres du Parti radical, du Nouveau centre, de l'Alliance centriste, de la gauche moderne et du modem. C'est tout ? Non ! On y trouve également des transfuges de l'UMP, des transfuges du PS, des déçus de tous bords politiques. Borloo lui-même déclarait au sujet des membres du parti que "viendra qui voudra" (!), ne faisant aucun cas des tendances politiques des futurs adhérents.
Ce syncrétisme inédit soulevait déja la question (reprise notamment par Slate) de savoir "comment baptiser un ensemble aussi disparate" que l'UDI.
La démagogie nationale et européenne
Mais ce n'est pas tout : Là où l'UDI se distingue clairement d'autres formations politiques, c'est par sa démagogie : En se privant d'une ligne politique claire, l'UDI veut ratisser aussi large que possible à la fois dans ses nouveaux membres et dans l'électorat en général. Il est curieux de voir que l'UDI, théoriquement alliée à l'UMP, cherche à être en réalité son fossoyeur en coulisses.
Yves Jégo, président par intérim du mouvement, déclarait récemment dans une interview que "le PS peut mourir de son incompétence et l'UMP de ses affaires", avant d'enchaîner en disant que "l'UDI était désormais la seule alternative crédible face au FN". Une rhétorique qui n'est en réalité pas novatrice, Jégo ne s'inscrivant que dans la continuité de Borloo qui déclarait qu' "en l'absence de l'UDI (...), il n'y aurait pas de force crédible et sereine d'alternance." Il ressort clairement qu' il y a ici un jeu politique grossier d'alliance opportuniste avec l'UMP pour bénéficier de sa puissance mais en coulisses, devenir son charognard, suçer le sang de son électorat !
Mais, me direz-vous, l'UDI ne risque-t-elle pas de griller son avenir politique en faisant ces tours de passe-passe ? Non, car l'UDI contente tout le monde, aussi bien les pro que les anti-UMP de son mouvement. Pour satisfaire les premiers, on critique le gouvernement, ce qui est ce qu'ils attendent évidemment, notamment en disant qu'Hollande n'entend pas les Français". Pour satisfaire les deuxièmes, on dit qu'on "est une opposition constructive" se démarquant de l'UMP, notamment pour ce qui est de la réforme territoriale.
Curieusement, à l'UMP, le seul qui semble s'être aperçu de la ligne grotesque de l'UDI et de son côté "retournement de veste" est Laurent Wauquiez, qui déclarait récemment en réponse au projet de rapprochement plus avancé avec l'UDI que "les Français attendent une UMP qui ait le courage de ses convictions et pas une droite qui se perd dans des propos mous".
Mais parlons désormais du programme lui-même de l'UDI. Et bien toujours pour contenter tout le monde et obtenir des voix de tous les électeurs quelque soit leur tendance politique, il a été réduit pour l'essentiel aux plus petits dénominateurs communs qu'on peut trouver dans 80% des forces politiques : Ainsi, on trouve surtout dans le programme de l'UDI de belles paroles creuses comme "promouvoir une économie libérée des carcans pour une croissance équitable" , "promouvoir une révolution éducative et le choix de l'apprentissage et de l'alternance", avoir comme valeurs" la tolérance, la justice et l'équité".
Le seul point où l'UDI se distingue vraiment d'autres formations politiques, c'est que le parti se revendique comme "ayant le projet le plus pro-européen". Une militante du parti déclarait elle-même au lendemain des élections que le parti comptait surtout sur le fait qu'il était la seule liste ouvertement pro-européenne pour "cartonner".
Et en effet, on voit que l'UDI n'y est pas allée de main morte. Le parti dispose d'un site entièrement consacré à la question de l'Union Européenne. L'une des rubriques du site propose de voir en quoi on a beaucoup de préjugés envers la politique de l'UE.
A la 6ème catégorie de ladite page internet, on peut même tomber sur un beau texte intitulé "idée reçue : l'Europe est responsable de l'austérité". Que va répondre l'UDI à cette "idée reçue" ? Ni plus ni moins que" l'austérité n'a jamais été un objectif mais un mal nécessaire. Les efforts budgétaires imposés à la Grèce depuis 2010 ont permis au pays de retrouver la confiance des investisseurs et d'assainir ses finances." Même de la part de l'UDI, on croit rêver en lisant cela.
Aujourd'hui, 1/3 des Grecs sont incapables de payer leurs impôts tellement ils sont élevés, la pauvreté augmente de façon inquiétante dans le pays, ayant même des conséquences sur les enfants qui se retrouvent en pénurie matérielle. Le chômage des jeunes atteint 60%, les salaires ont été réduits jusqu'à 50%.
Les Grecs sauront apprécier les belles paroles de M. Jégo, de Mme de Sarnez & confrères leur disant que tout va pour le mieux...
Mais l'UDI va-t-elle jusqu'au bout de sa ligne politique idéalisée de l'UE ? La question s'est posée avec un sujet pour le moins brûlant, celui du traité de libre-échange transatlantique. Mettant l'UDI dans l'embarras, et pas le moindre. En effet, on peut difficilement éluder ce sujet source d'interminables controverses (aussi bien à gauche qu'à droite) avec de la langue de bois primaire. Finalement, qu'a fait l'UDI ? L'aurait-elle traité dans sa rubrique "idées reçues" ? Non elle n'a quand même pas osé.
Est-elle pour ou contre ? Voilà sa réponse : "NOUI". L'UDI, après avoir brillamment laissé entendre qu'on pouvait concevoir qu'elle ne soit ni pour ni contre, a encore fait une déclaration sidérante de plus. Je cite : "les opposants au traité agissent à des fins politiciennes" (sic !). Mais il ne fallait pas fâcher les opposants, qui sont nombreux. Donc, Sarnez leur a fait une fleur en déplorant le "manque de transparence" dans les négociations.
Une déclaration a minima, tout comme la crédibilité de ce parti qui risque de subir un jour un auto-étouffement de sa propre démagogie.
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