La citoyenneté en friche
Aujourd’hui quand nous entendons parler de citoyenneté, elle est toujours résumée à la nationalité, comme si celle-ci se réduisait à la possession d’une carte d’identité. Elle fait pourtant partie des notions séculaires qui forment le socle d’une nation.
La citoyenneté devrait représenter trois grandes valeurs communes et humaines :
- La civilité, le civisme et la solidarité.
Mais que reste t’il de ces valeurs de nos jours ?
Le respect entre les hommes et pour l’espace public est depuis bien trop longtemps laissé comme pis-aller de la conscience nationale.
La civilité procure l’harmonie dans la société qui l’engendre, en favorisant l’égalité entre les membres de la communauté. La violence de nos sociétés actuelles, la paupérisation du peuple, l’incertitude quant à son avenir, provoquent le désagrègement des pans humanistes de nos sociétés modernes. La civilité devient logiquement le dernier des soucis des gens, bien trop occupés à douter du lendemain et à apprendre à haïr son voisin.
Les actes d’incivilité sont monnaie courante et en constante augmentation et démontrent bien le caractère coercitif du modèle économique et sociale des pays Occidentaux. Car comme il n’est pas vrai que c’est la société qui engendre seule le désordre et la haine, on ne peut pas affirmer que les citoyens en sont seuls responsables. Rien n’est tout blanc ou tout noir, vouloir résumer la société à ses deux seules caractérisations est bien trop simpliste et même si la loi ne peut se développer à l’infini des possibles, il est nécessaire pourtant que la règle applicable à tous le soit en conscience et en justice.
Le civisme ou respecter et faire respecter les règles et les lois en vigueur et avoir conscience de ses devoirs envers la société est également mis à mal. Pour le réinstaurer en valeur commune il est certain qu’il serait primordial que chaque citoyen puisse se sentir partie prenante de la société dans laquelle il évolue afin d’avoir toujours en tête l’intérêt général et non l’intérêt particulier.
Mais il apparaît trop souvent que les hommes politique eux mêmes semblent oublier ce point pourtant clé dans toute démocratie alors comment faire comprendre et accepter cela aux citoyens ?
Le fait de se sentir réellement en prise à un projet commun et non des personnes disséminées sans interconnexion, développe la solidarité qui est la pierre angulaire de la citoyenneté. Celle là même qui est censée venir en aide aux plus démunis par le biais des politiques publiques par un effort équitable et juste de toute la société. Aujourd’hui une partie des hommes politiques préfèrent stigmatiser cette solidarité en parlant d’assistanat et d’autres voudraient faire croire qu’il est encore possible d’aider la terre entière.
Avoir des droits et des devoirs, voici le slogan politique d’un bon nombre de candidats. Il est admis que, bien entendu, chaque citoyen a des droits et qu’en cela il a des devoirs envers la société. Mais tout d’abord il faudrait que les citoyens exercent pleinement leur droit et que la participation active de chaque citoyen dans la société soit réelle car cela lui permet de mieux comprendre et mieux accepter les devoirs qui lui incombent.
Quand nous voyons le taux d’abstention dans la majeure partie des élections locales ou nationales, nous pouvons aisément conclure que cela marque le retrait des citoyens de la vie publique. Cela s’expliquant par la trop grande séparation qui a été instauré entre le peuple et ceux qui les gouvernent. A quoi bon voter si ce n’est que pour avoir des élus qui ne les représentent pas…Réflexion simpliste mais malheureusement actuelle.
A l’heure où la violence sociale et salariale explose, où l’incivilité est grandissante, rejeter dos à dos les citoyens en leur expliquant que leur voisin profite de leur naïveté c’est mettre en péril la citoyenneté. Il ne peut exister de citoyens de première classe et ceux de classe populaire, c’est par l’unité de la nation qu’un chemin vertueux sera retrouvé. Ce n’est jamais dans la haine ou dans le rejet de l’autre qu’on forge une nation forte mais bien dans l’apprentissage, l’éducation et le respect commun.
Et comme l’écrivait Bernanos : « Ce sont les démocrates qui font les démocraties, c’est le citoyen qui fait la république. »
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