La France et son masque de Janus
Cette image du double visage de notre pays m’est apparue au retour de ma participation à la grande manifestation d’accueil des enfants d’Europe « Journée des Oubliés de Vacances » traditionnellement organisée depuis plusieurs années par le Secours Populaire Français.
Petit rappel de cette journée : le Secours Populaire Français aidé de ses 8.000 bénévoles s’était donné comme objectif d’accueillir environ 30.000 enfants de 6 à 12 ans, venus des quatre coins de France et d’Europe, pour leur faire découvrir et visiter quelques (25) sites prestigieux de l’Ile de France tels que les châteaux de Fontainebleau et de Versailles, le Palais de la Découverte, mais aussi le Musée de l’Air et de l’Espace, le Stade de France et le Musée du Louvre…
Dix mille personnes attendues aux gares et à rediriger par bus ou métro, trois cent cinquante autocars à dispatcher vers les différents sites de visites, tandis que d’autres arrivaient aux aéroports.
Des centaines d’artistes de rue, comédiens, danseurs, clowns…avaient été mobilisés bénévolement afin d’animer l’après-midi de leurs prestations pour le plus grand plaisir des enfants, mais aussi des accompagnateurs !
Un grand lâché de ballons devait clôturer cette grande fête !
Restaient aux bénévoles de raccompagner tout ce petit monde vers leurs points de départs respectifs, de démonter les différents matériels, de nettoyer le site, etc…
Voilà pour la fête, passons maintenant aux mauvaises pensées qui me traversaient l’esprit tandis que je rentrais chez moi.
Notez que je m’exprime ici à titre personnel et ce qui suit n’engage en rien le Secours Populaire.
A bord de ma voiture j’entendais à la radio le ministre de l’Intérieur déclarer tout ce que vous avez aussi entendu à propos de ces « Roms » qu’il fallait de gré ou de force reconduire dans leurs pays d’origines, que des places d’avions avaient été réservées pour transporter les premiers « volontaires » à qui l’on avait remis quelques centaines d’Euros pour valider leur volontariat, etc…
Je ne pouvais m’empêcher de penser que tandis que de notre côté, bénévoles souvent de condition modeste, nous nous activions pour accueillir ces jeunes afin de leur offrir un peu de joie et de beaux souvenirs, les plus hautes autorités de notre pays utilisaient les moyens de l’Etat pour bannir de l’hexagone des familles présentant précisément les mêmes caractéristiques de pauvreté et d’abandon que ceux-là mêmes à qui cette Journée des Oubliés avait été offerte !
Comment expliquer cette schizophrénie de la société ?
D’un côté un Gouvernement qui tente de ratisser les suffrages de la xénophobie, de la ségrégation, voire du racisme, de l’autre des bénévoles anonymes qui tendent leurs bras aux exclus, aux étrangers, aux pauvres de tous horizons !
Je ne m’intéresse pas ici aux arguties juridiques de savoir si le gouvernement français est en droit, ou non, d’expulser les Roms citoyens européens qui devraient en principe bénéficier de la libre circulation dans l’espace dit de Schengen…
Les tensions apparues au fil des années dans les banlieues où peu à peu s’étaient retrouvées les familles d’émigrés ont certainement contribué à exacerber les clivages entre différentes strates de la société : des maghrébins, des africains, des français dits « d’origine » qui cohabitent tant bien que mal, mais qui tous supportent difficilement la dureté de la société.
Ce n’est pas nouveau, le scoop c’est qu’on s’en prend aux Roms au prétexte d’une série concomitante de faits divers désastreux, où des policiers et des gendarmes ont été pris à parti par différents membres de ces communautés avec mort d’homme et blessés parmi les forces de l’ordre. Ce qui n’est nullement l’occasion ici de minimiser ces faits gravissimes !
Mais, qui pense qu’après avoir expulsé quelques milliers de Roms la société va s’apaiser et le calme revenir dans les banlieues ?
Qui pense que l’expulsion (mais vers où ?) de quelques milliers de français d’origine étrangère, récidivistes de violences règlera les problèmes ?
Vous ne trouvez pas qu’il y a, depuis longtemps en ce domaine, un vrai déficit de gouvernance ?
Vous ne trouvez pas que la gestion à long terme de ces émigrés, dont les gouvernements successifs depuis les années 60 ont encouragé l’immigration pour les plus grands bénéfices des employeurs, d’abord la grande industrie et le BTP, n’a pas été managée avec désinvolture, laissant le plus souvent la société civile, les municipalités et les associations se démerder avec les problèmes que cela posait ? (Oui, j’emploie le terme « démerder » car c’est celui qui me semble le plus approprié).
Nous sommes aujourd’hui confrontés au cynisme d’un gouvernement qui utilise les clivages communautaires, issus des politiques migratoires laxistes depuis cinquante ans, pour diviser la société et œuvrer pour que les plus xénophobes, les plus égoistes, les plus racistes, soient plus nombreux en France afin d’emporter les prochaines élections car ce n’est rien d’autre que de cela dont ’il s’agit !
Bien à vous.
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