La Grande arnaque

Une fois encore
Une fois encore le réflexe républicain aura sauvé les meubles à défaut des apparences. Les citoyens qui ont encore une relative conscience humaniste ont repoussé l'hydre fascisante, celle qui ne cesse de renaître pour s'insinuer dans les esprits les plus fragiles. La bête immonde fait peur, la menace suffit à laisser en place ceux qui ont tout fait pour que grandisse la haine et le dégoût, l'incompréhension et la peur.
Nos braves barons vont se frotter les mains, ils vont réclamer une victoire qui est, en définitive, leur déroute et leur honte. C'est parce qu'ils ont pipé les dés, falsifié les règles du jeu, truqué et déplacé le débat sur la perspective insupportable, bradé leur incompétence contre une prétendue respectabilité, que nous agissons au nom de valeurs qui ne sont certes pas les leurs.
Mais une fois les résultats tombés, une fois le petit frisson écarté, les mêmes ou leurs pareils vont reprendre les bonnes places et leurs mauvaises habitudes, oublier les déclarations de principe, les promesses généreuses pour s'enfermer dans leur tour d'ivoire. Ils vont reprendre les algarades honteuses, les déclarations à l'emporte-pièce, les batailles de principes, les coups foireux. C'est leur fonds de commerce, leur seul savoir-faire, leur raison d'être et de s'accrocher au pouvoir.
Nous rêvons d'un renouveau républicain, d'une démocratie vivante, aérée, intelligente, novatrice. Nous avons les mêmes depuis des décennies, sans espoir de changement. Ils n'ont jamais travaillé, ils sont issus d'une même classe sociale, ils sont coupés du réel. Ils ne sont même pas capables d'écrire leurs discours, incapables de vivre comme de simples citoyens, ils disposent d'avantages scandaleux et ils oublient d'être exemplaires.
Pourtant nous les avons, une fois encore, maintenus en place car l'offre se résume entre le mal absolu et ces arnaqueurs du quotidien. Nous n'en pouvons plus et nous voyons, désolés, que le seul débat qui vaille pour les deux années à venir sera de déterminer qui se présentera à l'élection suprême. Pauvres pantins dérisoires, pauvres marionnettes impuissantes, elles ne nous amusent plus et nous allons nous lasser de maintenir ces guignols en place pour écarter pire encore …
Mais quand allons-nous être enfin entendus ? Quand les vieux barons, les éléphants et les dinosaures vont-ils laisser la place ? Quand allons-nous sortir de la logique des partis qui accaparent les fonds publiques pour faire des élections une loterie entre les deux camps les plus riches ? Quand allons- nous changer de République, briser ce présidentialisme qui paralyse la vie de la nation et fausse toute réflexion ?
Jamais, bien sûr parce que, finalement, tout va bien et nous, les braves couillons, nous fermons les yeux sur leurs turpitudes, leurs forfaitures, leurs prévarications, leurs privilèges parce que le choix c'est eux ou bien le choléra. Ce n'est plus acceptable, ce n'est plus possible de maintenir des gens qui ont échoué sur toute la ligne depuis si longtemps sauf dans le maintien d'un système qui les favorise de manière éhontée.
J'en viens à penser que la victoire du parti-repoussoir serait seule de nature à balayer cette indigne caste politique. Mais à quel prix ? Le risque serait grand alors des déchirements, des trahisons, des ralliements de beaucoup de nos grands notables dans la maison marine car pour eux, seul le pouvoir est important, qu'importent les odeurs et l'honorabilité. L'histoire a montré la capacité de la classe politique à faire allégeance avec le diable.
Nous avons fait notre devoir de citoyen. Nous avons repoussé le mal. Eux, ils ne nous en seront jamais reconnaissants car au fond d'eux, il n'est qu'une seule chose qui importe : durer ! C'est à pleurer, à s'indigner sans espoir d'être entendus. Le vent du boulet passé, les bonnes habitudes reviendront au galop, les petits fours, les places réservées, les passe-droits, les décorations et les coupes de champagne. Pour le reste, ils ne servent à rien, ce sont les lobbies qui font les lois et imposent leur volonté ici ou ailleurs.
Dans ces conditions, nous sommes bien bêtes de leur confier encore les clefs d'un camion qu'ils n'ont jamais su conduire. C'est à cause de notre inébranlable naïveté, de notre indéfectible conscience civique, si loin de leur odieux cynisme et de leurs multiples trahisons. Un jour, nous baisserons les bras et, ce jour-là, nous serons encore les premières victimes de la catastrophe à venir. Nous sommes pris au piège : nulle issue ne se dessine à l'horizon.
Désespérement leur.
45 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON