La lettre qui porte le fer et le feu
Exercice de style pour le problème de l'époque
Cet exercice de style doit vous mettre sur la piste du mot qui a la détestable habitude de tirer la couverture médiatique à lui avec l'aide de la classe politique, toujours heureuse de profiter de cette vague fielleuse sur laquelle souffle l'odieux cercle des médias aux ordres. À vous de la trouver et surtout d'éviter à tout prix de tomber dans cet effroyable piège de l'esprit.
Symbolisée par la lettre disparue…
Pour l'homme ou la femme, ce terrible défaut fut oublié par le créateur. Hélas, avec les aléas de la vie de groupe il s'imposa assez vite et imposa sa redoutable fièvre, ses querelles et ses troubles. Il distilla le fiel, creusa des fossés, provoqua des fractures et acheva le palmarès avec ce lot de guerres qu'il sème avec amour.
Le citer serait lui faire trop plaisir. Il se plaît à être évoqué pour justifier les abus, les crimes et les malheurs. Il débute par ce H aspiré pour se déverser comme un trait mortel : quelques lettres pour ce souffle putride. Mot bref aux méfaits hors limite, mot femme pour affirmer cet esprit retord qui lui colle aux basques.
Elle casse, détruit, brise, tue avec toujours ce feu qui laisse la suie derrière lui. Elle couve et explose, elle se grise du temps qui passe, elle se fortifie mais jamais disparaît. Elle fait des ravages dans les cœurs, les corps, les sociétés, l'histoire et la géographie. Elle est la plaie absolue de la mémoire à vif.
Elle réclame sa part de douleur : ce cortège de drames et trépas, de crimes et de coups bas. Elle souffle le chaud pour embrasser les cœurs, pour allumer le feu, pour détruire la société. Elle se complaît avec la discorde qu'elle élève au stade de fracas privé de retour.
Elle est désormais l'alliée des rois, la complice des députés, le fil rouge du pouvoir, la muse des ambitieux et des ambitieuses. Elle attire les suffrages, le vote se complaît de sa mélodie destructrice. L'électeur lui fait les yeux doux, il aime celle qui la propage à travers tout le pays, toutes les classes sociales. Il la place au sommet du hit-parade de la médiocrité destructrice et mortelle.
Elle guette l'heure où elle remportera la mise, placera sa prêtresse à la tête de l'État. Elle a préparé les esprits à ce choc terrible qui abolira les lumières de jadis, la sororité au profit de la guerre larvée de tous opposés aux autres.
Ce texte se prive à loisir de cette lettre qui symbolise ce défaut terrible qui est évoqué ici. Plaise à vous de vous priver du défaut et de retrouver l'usage de ce graphisme si précieux. Pour l'exercice, il fallait le faire disparaître pour mieux espérer que ce fut le mot qui soit à jamais exclu de l'usage du peuple. Je compte sur vous pour réussir cette impérieuse pratique ablative.
Tableaux de Brueghel L'Ancien
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