La plus-value citoyenne
L’exercice de la citoyenneté apporte-t-il une plus-value à l’individu et au corps social ? Les médias citoyens : oui, sans doute. Mais deux expériences locales innovantes viennent aussi illustrer ce que, concrètement, l’exercice de la citoyenneté peut porter comme enrichissements et comme progrès.
La citoyenneté, force de discussion et de proposition :
Le programme Picri (Partenariats institutions citoyens pour la recherche et l’innovation) du Conseil régional d’Île-de-France a permis à un groupe de scientifiques et de juristes (voir leur site) d’analyser des expériences internationales de conférences de citoyens, d’en organiser à son tour, pour finalement soumettre une proposition de loi visant en quelque sorte à porter les citoyens au pouvoir !
Ils présentent ainsi leur projet "Aujourd’hui, le métier de citoyen doit pouvoir s’exercer en dehors des moments électoraux et des formes associatives. A condition que cet exercice soit institutionnalisé et organisé, car il serait vain - et dangereux - de prétendre que l’on naît citoyen. Les conventions de citoyens répondent à ce souci d’établir un nouveau lien démocratique. Nous espérons que les parlementaires voudront bien s’emparer de cette proposition de loi".
Le projet est consultable ici (format PDF) : le projet préconise la sélection par tirage au sort d’une quinzaine de citoyens qui seront formés - anonymement pour les préserver de toute influence - en vue de s’impliquer activement dans la discussion autour des innovations techniques qui créent débat. Le groupe propose d’instituer, au sein du Conseil économique et social (CES) une dixième section intitulée "Maison des citoyens" qui recevrait les propositions de conventions de citoyens à l’initiative du Premier ministre, du Parlement, des citoyens par pétition ou du CES.
A noter que ces propositions se rapprochent de quelques-unes des idées que j’ai suggérées notamment dans cet article L’Ecole nationale des citoyens où, partant du constat de la rupture entre la société civile et les élites qui la dirigent, je propose la création d’une école pour citoyens - l’ENC- qui serait le pendant de l’ENA, cette grande école qui se voulait démocratique au départ. J’y évoque aussi une « troisième chambre » constituée de citoyens nommés par tirage au sort sur listes préétablies pour exercer un travail de réflexions et de propositions sur une période donnée, sur des questions essentiellement du domaine de la société civile. Les membres seraient nommés et non pas élus pour ne pas entrer en concurrence de légitimité démocratique avec l’Assemblée nationale, ni même le Sénat.
Egalement dans cet article : De Gaulle, Mitterrand, internet, et la démocratie participative... où je parle d’une réforme du Conseil économique et social en vue d’en faire la clé de voûte de la démocratie participative, en l’ouvrant plus largement à la société civile, en élargissant les cas de consultations obligatoires par le gouvernement ainsi que sa saisine au Parlement et aux citoyens.
La citoyenneté, moyen d’ouverture et de confiance en soi :
La revue Lien social relate une expérience de citoyenneté mettant en scène cette fois des personnes en insertion. La mission locale de Besançon a travaillé avec un groupe d’une dizaine de jeunes de quartiers sensibles pour permettre à ces personnes de rencontrer des élus et de comprendre leur rôle. Les rencontres étaient préparées avec le plus grand soin : recherches sur internet, préparation des questions... Non seulement ces rencontres ont permis de démystifier la politique, mais elles ont donné le goût et la curiosité d’aller plus loin à plusieurs jeunes qui se sont inscrits sur la liste électorale et qui encouragent d’autres à en faire autant. D’autres se sont investis plus avant encore en assistant de leur propre initiative à des débats du Conseil régional par exemple.
Les animateurs de la mission locale pensent que ce genre d’expérience donne confiance aux jeunes qui peuvent ainsi décrocher plus facilement leur téléphone pour contacter les employeurs. Mais cette action joue aussi un rôle initiatique et pédagogique. A l’heure où les banlieues reflambent, la question se repose de savoir comment prévenir ces troubles. Mettre le paquet sur l’éducation est une réponse évidente, mais les actions de promotion de la citoyennenté, comme celle-ci, paraissent également appropriées et mériteraient d’être généralisées.
La citoyenneté n’est pas une valeur dépassée : elle est un moyen de se dépasser ! C’est de la valeur ajoutée pour la démocratie.
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