La résignation citoyenne, un frein à la démocratie
"Le poids du quotidien empêche aujourd’hui le citoyen de se mobiliser convenablement pour faire valoir ses droits"
Aujourd’hui les préoccupations quotidiennes ont pris le pas sur le reste (la politique, la morale…) chez un bon nombre d’individus : ceux pour qui les journées se résument à tenter de trouver ou de garder un emploi, un logement décent ou bien même des papiers. Lorsque la peur du lendemain l’emporte sur l’espoir d’un avenir meilleur, se révolter devient de plus en plus compliqué. Si l’indignation et la contestation les rongent de l’intérieur, ces personnes ne peuvent l’exprimer en manifestant ou en se mettant en grève, de peur d’en subir des conséquences qui pourraient s’avérer dramatiques pour elles comme pour leur famille. Le poids du quotidien empêche aujourd’hui le citoyen de se mobiliser convenablement pour faire valoir ses droits. Cette résignation des dominés à exercer la citoyenneté, fait la satisfaction des puissants au pouvoir qui ont champ libre pour imposer leurs politiques.
Cette résignation c’est aussi le résultat d’un déni de démocratie auquel nous avons du faire face depuis la ratification du traité de Lisbonne par la France en 2007, au mépris du vote des citoyens lors du référendum de 2005 et donc de la souveraineté populaire. Face à cela pas étonnant que l’abstention soit en passe de devenir le plus grand parti de France : preuve en est la participation aux dernières élections régionales (53,67% d’abstention au 1er tour) ou bien encore plus récemment aux élections municipales de Corbeil-Essonnes (53,08% d’abstention au deuxième tour) et de Noisy le Sec (59,89% d’abstention au deuxième tour). Cette politique qui vise le découragement général n’est donc rien d’autre que l’ennemi de la démocratie.
"Cette distance qui s’installe entre les politiques et le peuple est aussi le résultat d’un sentiment général d’indignation face à l’impunité des puissants"
Cette distance qui s’installe entre les politiques et le peuple est aussi le résultat d’un sentiment général d’indignation face à l’impunité des puissants : l’accord financier passé entre J. Chirac et la mairie de Paris (pourtant de gauche) qui permet à l’ancien président de ne pas avoir à suivre la procédure judiciaire imposée à tout autre citoyen en est une démonstration ; ce genre de petit arrangement entre amis donne une image déplorable de la politique et de la justice (une justice à deux vitesses selon que l’on soit puissant ou non). La sauvegarde des banques et des spéculateurs par les pouvoirs publics alors que ces mêmes organismes nous ont poussé à la crise et à la rigueur est l’exemple le plus flagrant de l’impunité offerte aux puissants. Au-delà de ce phénomène, ce sont les cadeaux fiscaux fait aux privilégiés, en particulier en ces temps de crise, qui écœure le plus : du bouclier fiscal à l’absence de contrôle pour les grandes fortunes comme Liliane Bettencourt. Toutes ces affaires laissent apparaître qu’aux yeux des puissants, certains citoyens sont au dessus des autres.
Plus qu’ailleurs, c’est dans les quartiers populaires que la résignation citoyenne se caractérise. Depuis près de vingt ans la politique de la ville est un échec car elle ne permet pas aux habitants de ces quartiers de sortir de la spirale négative dans laquelle ils ont été contraints de s’embarquer (pauvreté, chômage…). Aujourd’hui, ces territoires sont devenus des zones abandonnées de la république : fermetures des services publiques (poste, pôle emploi…), absence de représentation des habitants dans les mondes médiatique et politique… Face à cela le découragement des citoyens était inéluctable et le moins que l’on puisse dire c’est que l’état n’a rien fait pour retourner la situation, pire il l’a accentué. Le débat sur l’identité nationale ou les propositions récentes du président de la république sur le retrait de la nationalité, ont aggravé le sentiment de relégation de ces Français pourtant à part entière : peut-on admettre qu’il y ait aux yeux de la loi des Français au dessus des autres ? Par ailleurs, le fait qu’un ministre en fonction (Brice Hortefeux) ait été condamné pour injure raciale n’arrange en rien cette situation déjà bien compliquée. Les motifs de résignation sont donc devenus pléthore pour ces citoyens, laissés pour compte de la République (on pourrait y ajouter les gens du voyage ou encore les habitants des communes rurales enclavées).
« Vivre, c’est ne pas se résigner » Albert Camus
Le Parti de gauche et le Front de gauche, conscients de cette situation, mettent en place depuis le 2 Décembre, à travers les quatre coins de l’hexagone, des forums de discussion pour la mise en place d’un programme partagé pour 2012. Ces ateliers sont ouverts à tous, simple citoyens, syndicalistes, travailleurs, chômeurs… Le but de ces initiatives est de donner la parole à tous ceux qui se sentent délaissés par les pouvoirs publics et qui veulent redonner un sens humain au discours et à l’action politique. On ne peut laisser la situation dans l’état actuel, le rapport de force doit redevenir en faveur du peuple et la situation de délitement de la synergie entre l’Etat et les citoyens doit se briser.
16 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON