La révolte du pronétariat est en ligne gratuitement sur Internet

Comme certains parmi vous le savent, j’ai eu la chance de pouvoir collaborer avec Joël de Rosnay à l’ouvrage La révolte du pronétariat, des mass media aux medias des masses, qui a été récemment publié chez Fayard et qui a donné lieu déjà à plusieurs débats sur AgoraVox.
Dans cet ouvrage, nous avons essayé de décrire les principes d’une économie qui repose de plus en plus sur les relations de « particulier à particulier » (P2P) plutôt que sur la distribution de masse de contenus culturels, typique de l’approche des majors de la musique ou de l’édition. Face à ces derniers se développe en effet un véritable pronétariat, classe d’usagers capables de produire, de diffuser et de vendre des contenus non propriétaires tout en permettant un accès ouvert à l’information.
A juste titre, des lecteurs nous ont souvent fait remarquer que, paradoxalement, nous avions choisi une « distribution classique » (en publiant chez un grand éditeur) plutôt qu’une « diffusion pronétaire » (en utilisant Internet). La réalité est souvent plus nuancée, et comme le montre bien Didier Durand, une collaboration entre infocapitalistes et pronétaires peut être non seulement possible mais également fructueuse, surtout si on arrive à exploiter les synergies entre les deux modes de diffusion (sur Internet et en dehors d’Internet).
C’est ainsi qu’avec l’accord de Fayard nous avons réussi à mettre en libre accès l’intégralité de l’ouvrage (sous licence Creative Commons), quelques mois après son lancement en librairie. C’est suffisamment rare de la part d’une grande maison d’édition pour être souligné. Par ailleurs, nous avons essayé de rendre l’ouvrage accessible de la manière la plus large possible en le déclinant sous différents formats :
- Lecture chapitre par chapitre au format HTML
- Téléchargement en intégralité au format PDF
- Ecoute audio en temps réel grâce à l’excellente
technologie ReadSpeaker qui peut être écoutée soit en lisant les chapitres au format HTML avec le petit player flash, soit directement sur Itunes ou tout autre logiciel qui supporte les podcast audio
- Téléchargement audio sur votre Ipod ou autres baladeurs numériques au format
MP3 zippé (attention : fichier de plus de 100 mégas...)
A ma connaissance, tous ces choix constituent une première avec un éditeur du niveau de Fayard. Nous sommes également disposés à faire évoluer collectivement l’ouvrage pour une prochaine édition. L’idéal serait d’ouvrir un wiki, mais il faudrait des volontaires pour nous aider à coordonner les actions, car nous manquons tous cruellement de temps. N’hésitez pas à nous contacter si cela vous intéresse. A ce sujet, nous allons très prochainement lancer sur AgoraVox une plate-forme wiki pour mener des enquêtes collectives à plusieurs rédacteurs, mais j’y reviendrai très bientôt dans un prochain article...
Comme vous pourrez le voir, une part importante de l’ouvrage est consacrée au journalisme citoyen (surtout le chapitre 4). A ce sujet, j’en profite pour décrire notre vision de ce qu’est un média citoyen. Et même si le terme ne fait pas l’unanimité, surtout dans l’univers des médias traditionnels d’ailleurs, il a le mérite d’être beaucoup plus intuitif que toutes les autres propositions que j’ai pu entendre jusqu’ici :
« Que recouvre exactement le terme citoyen ? Le journalisme citoyen associé à AgoraVox ne se définit pas par une logique éditoriale dédiée à un thème, à une éthique, à une vision politique, à un engagement militant. Au contraire, il se caractérise par la notion de responsabilité et d’inscription dans la vie de la cité, sans orientation politique prédéfinie ou imposée. Il est important de différencier le journal alternatif qui véhicule une ligne éditoriale précise (animée par une idéologie et orientée par un groupe partisan et militant) du média qui fait uniquement appel aux individus, à leur sens civique, à leur attachement aux valeurs de solidarité et de liberté d’information, à leur capacité à capter, à sélectionner et à diffuser des informations intéressantes dans le but de les partager.
Dans ce contexte, AgoraVox souhaite contribuer à la construction d’une presse interactive, ouverte à toute personne souhaitant participer, collaborer, écrire dans une optique collective et autonome de l’information. »
Si le terme média citoyen ne paraît pas correspondre à cette approche, il est possible de le modifier. Maintenant que La révolte du pronétariat est en accès libre et gratuit, AgoraVox pourrait peut-être se définir comme un média pronétaire...
Joël de Rosnay et Carlo Revelli
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