La tolérance des fachos
Un petit titre antinomique à la gloire de ceux qui ont fait la France. Je parle non pas de la France d'hier, mais de celle d'aujourd'hui.
C'est un hommage que je leur tends, et un outrage que je leur rends.
Facho, quoique le terme soit impropre à la pensée subtile, répond finalement a une définition assez large et communément admise, que j'extrais ici de Wikipédia afin qu'on ne commence pas par m'accuser de non-objectivité :
"Au sens large, le terme s'est étendu à tout mouvement politique ou organisation s'appuyant sur un pouvoir imposé par la force au service d'une classe humaine dominante, la persécution d'une classe ennemie chargée de tous les maux, l'exaltation du sentiment nationaliste, le rejet des institutions démocratiques et libérales, la répression de l'opposition et un contrôle politique extensif de la société civile."
Vous apprécierez qu'à cette lecture, il est évident que cette définition ne parle pas de vous, mais que vous mesurez combien elle est tout à fait adaptée à celui qui ne pense pas comme vous. La portée n'en est par ailleurs pas idéologique mais politiquement méthodique :
- Hiérarchiser les individus
- Charger de tous les maux certaines personnes
- Exalter un "sentiment" nationaliste
- Rejet des institutions démocratiques et libérales
- Répression de l'opposition
- Contrôle politique extensif de la société civile
Bien sûr, vous aurez tous compris que le fascisme, c'est mal (au sens humaniste du terme) ! Et si on vous désigne comme facho, ce n'est pas en général pour vous faire plaisir.
Face au fascisme, une catégorie de personnes, dont la probité n'est plus/pas à démontrer puisqu'elle est autoproclamée, se sont érigées en personnes tolérantes, expression on ne peut plus antinomique pour désigner l'antifascisme.
Peu importe ! Dans un monde parfaitement humaniste, la tolérance, c'est bien !
Maintenant que le bien et le mal sont établis, parlons de ces tolérants !
Car ils ont une caractéristique majeure : ils affirment qu'on doit n'avoir "Aucune tolérance à l'intolérance."
En son temps, des personnes révolutionnaires très tolérantes aimaient à dire : "Pas de liberté pour les ennemis de liberté." Cela a eu pour effet, en ce même temps, d'exterminer une bonne part des personnes "ennemies de la liberté".
L'ennemi de la liberté, comme l'intolérant, vous l'aurez compris, n'est rien d'autre que celui qui ne pense pas comme vous.
Ca commence mal. Et ces préambules sont importants pour ce qui va suivre.
Je peux rentrer désormais dans le vif du sujet.
Car il est très intéressant de requalifier un minimum les antifachos, maître en l'art de fasciser tous les débats, de s'accorder toute la probité des idées, de réduire les arguments à l'insignifiance d'une haine banalement médiocre intellectuellement.
En faisant ceci, bien sur, ils ramènent le débat à leur niveau, comme un miroir reflèterait votre laideur à vous en faire vomir.
Voilà l'antifasciste, et pour une bonne part, les tolérants d'aujourd'hui.
Mais vous avez raison, je dois prouver ce que j'avance.
- Hiérarchiser les individus
Nos amis les tolérants ont une haine vicérale de l'intolérant. Cet être lui-même abstrait doit s'incarner, et pour cela, quoi de mieux que de s'en charger sur celui qui ne pense pas comme soi-même.
Ces gens-là, qui par ailleurs sont pour qu'on aime tout le monde, sont les premiers à avoir bien du mal à le faire. Et ce qui est sûr, c'est qu'il place l'intolérant au rang de la vermine. Si faire cela n'ets pas hiérarchiser, il va falloir m'en expliquer le comment.
- Charger de tous les maux certaines personnes
Mais vous comprenez que ces gens-là (les intolérants), réduits au rang de danger public (pour leurs idées) ne méritent pas une quelconque estime. Ils haïssent tout le monde : les femmes, les juifs, les noirs, les homosexuels, les arabes, etc. C'est sûr, "on les connait".
A ce stade, quitte à me connaître, ils pourraient ajouter : les politiques, les journalistes, les bobos, les "artistes" (terme pour déisgner quelqu'un de tolérant qui chante, joue, danse, répète -beaucoup-, et fait la tournée des plateaux télé)
Il est évident que les tolérants ne chargent pas du tout les "intolérants" de tous les maux..
- Exalter un "sentiment" nationaliste
Petite subtilité, ou différence, car il est vrai que les tolérants ne sont pas nationalistes du tout. En général, c'est plutôt l'inverse puisque pour eux, l'intolérant aime son pays, au point de trouver (pensent-ils) que les autres sont des détritus.
Eux, a contrario, sont "citoyens du monde". Cette expression illustrant l'universalisme affirmé de leurs idées révèlent au final leur incapacité à comprendre les réalités nationales, voire géopolitiques (BHL en tête). Ils exaltent la fraternité et l'unité (pour ne pas dire uniformité) entre les hommes, au point finalement d'en oublier les différences structurantes. Ils exaltent ce sentiment mondialisé, piétinant ainsi ceux qui, encore une fois, ne le partage pas. S'il n'est pas nationaliste, le sentiment exalté d'appartenance est bien réel
- Rejet des institutions démocratiques et libérales
C'est ici le summum de leur contradiction. Ils n'ont à la bouche que république et démocratie. Pourtant, ils s'asseyeraient sans lésiner sur des référendum populaires qui n'iraient pas dans leur sens. Ils exaltent la manifestation quand elle sert leur intérêt, mais on a vu combien elle les révulse quand nombre de gens (écrasant de loin la plus réussie de leurs manifestations à eux) descendent dans la rue pour des convictions qui ne sont pas les leurs.
La démocratie oui, mais à géométrie variable.
- Répression de l'opposition
Sur ce point, nous remercierons M. Valls, sommet de répression des idées "non-républicaines" (qui ne sont finalement pas les siennes puisque ce cher ministre, premier de sa fonction désormais, est persuadé que la moindre attaque contre lui ou ses idées est une atteinte à la République).
Je dois dire que sans l'arrivée au pouvoir de François Hollande, nous aurions eu plus de mal à déceler la force fascisante de ces idéologues. Pourfendeur de l'intolérance, ça se fera à salve de bombes lacrymogènes, et à charges répétées de CRS et policiers. Quitte à en être ridicule. Mais l'idéologue ne craint pas le ridicule (sans quoi nous en serions débarassés). Il craint juste l'intolérant, danger ultime de l'existence.
- Contrôle politique extensif de la société civile
Encore une fois, pour opérer ce contrôle, il faut avoir ce pouvoir. On ne parle pas ici de reconduire à la frontière des personnes en situation irrégulières bien sûr. Il s'agit de contrôler l'opinion, les opposants, et bien sûr les médias.
Il s'agit aussi de contrôler l'école, et surtout les enfants (merci aux lobbys LGBT, parfaite illustration là encore), mais aussi les milieux intellectuels, les universités, les réseaux d'influences, et d'en arriver à un climat qui est l'exaltation même de la liberté : faire qe les gens s'autocensurent parce qu'ils n'entendent que ce qu'on veut bien laisser filtrer, ou pour éviter qu'ils ne s'attirent des ennuis.
En pratique, on en arrive à ce genre de situation :
- Des mairies très tolérantes en Belgique qui suppriment tout jumelage avec une mairie FN. Parions que les grands décideurs de cet acte courageux d'enfant de 4 ans a été fait par des personnes qui n'ont même pas cherché à rencontrer le nouveau maire.
http://www.lesechos.fr/economie-politique/politique/actu/0203410061340-une-ville-belge-suspend-son-jumelage-avec-beaucaire-passee-au-fn-661021.php
- Des responsables de sites de rencontres "gayfriendly" appelant au boycott de Mozilla Firefox parce qu'UNE personne dans l'équipe de direction de ce navigateur est opposée au mariage gay. Je vous laisse mesurer la tolérance de ces gens-là.
http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2014/04/01/boycott-firefox-mis-a-lindex-par-un-site-de-rencontres/
- Des responsables politiques (dont un en particulier) qui mobilisent des forces de police et de justice, jusqu'à faire annuler des spectacles dont l'antisémitisme n'a pas été traduit devant les tribunaux. Des condamnations a priori donc, qui sont, il me semble, assez contraires à ce qu'on appelle la république.. Mais peu importe. Le tolérant a le droit de faire des caprices.
- Des "artistes et intellectuels" qui écrivent des tribunes du niveau CM2, pour dire en substance que la fraternité, c'est bien, et que la haine c'est mal.
Non content de révéler leur incapacité crasse à penser l'avis divergent, ces gens exhibent en public leur intolérance tout aussi crasse en adressant l'opinion une lecture unilatérale (et au combien manichéenne et peu subtile) d'un an de débat, et d'un vote aux municipales qui ne leur convient pas vraiment :
http://www.liberation.fr/societe/2014/03/18/apres-la-haine-la-fraternite_988041
Alors oui, il y a beaucoup de fachos dans ce pays.
Et leur principal problème, c'est leur tolérance à toute épreuve. Tolérance poussée à l'extrême au point de les rendre aigri, niais, intolérants et totalitaires.
Car ne vous détrompez pas. Quand la France est en danger, ce sont leurs idées qui sont en danger. Sont-ils à ce point proches de la révélation divine qu'on ne puisse secouer ici ou là leurs raisonnements abscons ?..
Souffrez donc, messieurs les tolérants, qu'ils existent de multiples avis sur de multiples sujets, dans de multiples pays avec de multiples interprétations, intérêts, et enjeux. Souffrez qu'on puisse rechercher pareillement le bien commun avec des perspectives autres que les vôtres. Souffrez que la pensée de ceux qui n'ont pas un vote bien comme il faut puissent en espérer une issue plus positive que l'exaltation de vos idées parfaites.
Souffrez que vous ne soyez pas maîtres et juges du penser-bien et du penser-mal, du toléré et de l'intolérable, du fait public et du fait privé, du subversif et du consensuel, de la parole et du non-dit.
Souffrez qu'un peuple puisse être plus libre que "tolérant", plus influençable qu'inhibé, plus interrogateur que conquis. Souffrez qu'il puisse privilégier la bassesse de son garde-manger à la hauteur de vos garde-fous, qu'il puisse juger de l'arbre comme vous jugez de l'homme.
Souffrez qu'il soit de droite comme vous êtes de gauche, provincial comme vous êtes parisien, campagnard comme vous êtes citadin, croyant comme vous êtes athée.
Souffrez qu'il pense à lui quand vous pensez à "l'autre". Souffrez qu'il vote comme vous dirigez, mal ; qu'il s'oriente comme vous pilotez, à vue ; qu'il s'entête comme vous préjugez, trop ; qu'il s'émancipe comme vous vous enfermez, vraiment ; qu'il s'enfonce comme vous vous envolez, loin.
Souffrez qu'il puisse un jour vous dire "merci", et l'autre vous dire "merde". Et le suivant "adieu".
Car contrairement à vous quand vous déblatérez, ce peuple quand il vote, a une certitude. Au final, il ne se trompe jamais.
Souffrez monsieur le tolérant, qu'il puisse constater plus de fachisme à vos idées parfaitement oppressantes qu'à ses intérêts piteusement vitaux.
Souffrez, dans votre perfection, qu'il vous jette à la figure votre tolérance de facho.
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