Le bilan de l’Agence de biomédecine
En attendant la Conférence de résultats du 19 février 2008.
Résultats de l’année 2006
Dans son « Bilan des activités de prélèvement et de greffe en France en 2006 », l’Agence de biomédecine déclare que « l’année 2006 est la meilleure année en termes de prélèvements d’organes depuis le début de la greffe en France ».
1 442 personnes ont été prélevées, ce qui correspond à un taux de 23,2 donneurs prélevés par million d’habitants.
Malgré ces succès, l’Agence de biomédecine a déjà des objectifs à atteindre pour les années futures. L’objectif est de stabiliser durablement l’offre de greffons de 4 000 greffes d’organes par an pour atteindre l’objectif de 5 000 greffes annuelles.
Le modèle espagnol
Pour atteindre ces objectifs, l’Etat français s’est inspiré du modèle espagnol : La Organización Nacional de Trasplantes est le service de transplantation le plus efficace du monde.
Pour obtenir des résultats, le système espagnol tient les coordonnateurs responsables s’ils obtiennent un nombre élevé de refus.
Comment l’Agence de biomédecine peut-elle être plus performante ?
Les médecins ne signalent pas à l’agence tous les cas de morts encéphaliques. Pourquoi ?
Cette situation de prélèvement est un événement exceptionnel, pour lequel la plupart des réanimateurs manquent d’expérience, sauf dans les hôpitaux agréés.
Il ne faut pas négliger l’aspect humain. Les soignants ont pour mission essentielle de guérir, de soulager la douleur et de se battre contre la mort. Toute mort, y compris la mort encéphalique, est vécue comme un échec.
« Pour les soignants, la véritable métamorphose, au sens physique et conceptuel de l’état du donneur se produit au bloc opératoire, comme si le bloc "fabriquait" le mort : "Tout le monde le dit, c’est le seul bloc où le malade ressort systématiquement mort", commente une infirmière [août 1996], ce qui présuppose, dans l’analyse des phénomènes cognitifs, que le donneur serait entré "vivant" pour en ressortir "mort" ». (Claire Boileau, Dans le dédale du don d’organes, page 89)
Certains soignants ont les mêmes doutes que les familles sur la réalité de la mort.
Mission impossible
Jamais l’augmentation du nombre de dons ne pourra rivaliser dans aucun pays avec l’augmentation de la demande. « La pénurie d’organes » est structurelle.
Ajoutons que le mot "pénurie" se réfère habituellement à des marchandises, il est inadapté voire méprisant lorsque l’on parle d’organes humains.
Le consentement présumé
La loi impose l’interrogation du Registre national des refus et "si le médecin n’a pas directement connaissance de la volonté du défunt, il doit s’efforcer de recueillir auprès des proches l’opposition au don d’organes éventuellement exprimée de son vivant par le défunt, par tout moyen, et il les informe de la finalité des prélèvements envisagés".
Grandes campagnes de communication
L’Agence de biomédecine s’est lancée dans des campagnes « d’information ».
En quoi consiste cette information ?
A distribuer une “carte de donneur” qui n’a aucune valeur juridique (puisque le consentement est présumé) et un document visant à s’inscrire sur le fichier des refus qui a une valeur juridique. Le discours de cette institution est paradoxal puisqu’il entraîne une confusion dans l’esprit des Français.
Comment l’agence peut-elle informer objectivement alors qu’elle sera jugée sur ses résultats ?
Comment l’agence peut-elle obtenir de meilleurs résultats en tenant un discours incohérent ?
Alain Tesnière
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