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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Le chômage déqualifie trop souvent

Le chômage déqualifie trop souvent

Une étude, publiée par le Centre d’économie de la Sorbonne, pose la délicate question du déclassement professionnel après une période de chômage.

Cette étude, réalisée par Laurence Lize de l’université de Paris 1 et Nicolas Prokovas de l’ANPE, exploite l’enquête « Sortants de l’ANPE » réalisée par l’ANPE et la DARES. Le document aborde la question de la mobilité professionnelle descendante et tente de distinguer les trajectoires descendantes transitoires de celles qui risquent de s’installer dans la durée. Pour réaliser ce travail, 5 548 cas de reprises d’emploi à la sortie de l’ANPE sur quatre vagues successives (de décembre 2005 à septembre 2006), ont été étudiés.

Premier constat, la mobilité descendante dépasse largement celle ascendante : respectivement 21,4 % des sortants de l’ANPE contre 12,5 %. La succession d’emplois précaires ne permet pas d’enclencher une trajectoire de mobilité ascendante. L’emploi à tout prix n’est donc pas forcément une voie satisfaisante de sortie du chômage.

Les plus touché(e)s : les femmes cadres peu diplômées

Tous profils confondus, les reprises d’emploi ne se font sous forme de CDI qu’une fois sur trois environ (32 %). Mais le fait d’être embauché en CDI ou en CDD n’apparaît pas comme particulièrement déclassant.

Les plus forts pourcentages de déclassement sont observés chez les cadres et les professions intermédiaires. Il est beaucoup plus probable de perdre son statut cadre si on n’est pas diplômé du supérieur, au chômage de longue durée et si l’on est une femme. Les cadres ont à peine une chance sur deux de rester dans ce groupe à la sortie du chômage. Une part non négligeable d’entre eux se met à son compte. Ce choix peut traduire une stratégie de sortie du chômage, si la recherche d’emploi salarié a échoué.

Certains demandeurs d’emploi se trouvent exclus du marché du travail. En effet, des personnes qualifiées se reportent vers des emplois non qualifiés, entraînant du déclassement pour les premiers et des risques d’exclusion du marché du travail pour les seconds.

Pour les autodidactes ou les personnes faiblement diplômées, les compétences qu’ils ont acquises s’avèrent peu transférables et résistent mal à l’épreuve du chômage.

Paradoxalement, deux groupes sont moins pénalisés par une période de chômage : les jeunes et les séniors. Pour les jeunes, les emplois non qualifiés peuvent s’inscrire dans une dynamique d’insertion, surtout pour les diplômés.

A l’autre extrémité du segment, les taux de déclassement des personnes de plus de 50 ans sont assez faibles, car elles accèdent aux contrats aidés plus souvent que les autres. Ces contrats sont généralement moins déclassants.

Cependant, les difficultés de sortie du chômage s’accroissent avec l’âge, particulièrement pour les salariés qualifiés. Avec l’allongement de la durée du chômage, les demandeurs ont tendance à baisser leurs exigences.

Une part importante d’anciens chômeurs sont insatisfaits de leur nouvel emploi

30 % des chômeurs déclarent que l’emploi retrouvé ne correspond pas à l’emploi recherché et environ 40 % des jeunes acceptent des métiers qui ne leur conviennent pas pour sortir du chômage.

Seulement 8 % des personnes s’estimant déclassées envisagent de changer d’emploi, ce qui pourrait attester d’un phénomène de découragement ou d’une acceptation de cette situation compte tenu des contraintes sur le marché du travail.

Le chômage entraîne vers des emplois de moindre qualité : 22 % des anciens chômeurs ont accepté un emploi avec une durée du travail fluctuante, plus du tiers d’entre eux subissent des horaires variables d’un jour à l’autre, beaucoup retrouvent un emploi à temps partiel.

Une personne sur trois (35 %) ayant repris un emploi se déclare insatisfaite de sa situation. Le refus d’un CDD, d’une mission d’intérim ou d’un temps partiel s’avère très rare. Cette étude contredit l’idée très répandue d’une population non qualifiée qui se ferme les portes de l’emploi par son refus de bouger.

Au moment où on déplore autant de sorties des jeunes du système scolaire sans qualification, on s’aperçoit que le chômage contribue à la déqualification massive des individus. On parle de Validation des acquis de l’expérience (VAE), mais on constate que ces acquis peuvent ne plus être pris en compte suite à une période de chômage.

Alors que, depuis plusieurs mois, la question de l’orientation scolaire des jeunes et de son « manque d’efficacité » est posée de façon récurrente, on peut s’étonner que, pour les adultes, les périodes de chômage ne soient pas exploitées pour entamer une requalification ou une adaptation au marché de l’emploi.

Dans une compétition internationale où la qualification joue un rôle essentiel, on peut espérer que le législateur ne contribuera pas à déqualifier les chômeurs en les contraignant à accepter davantage encore des emplois ne correspondant pas à leur qualification.


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13 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 7 janvier 2008 10:28

    Vous correspondez exactement à ce qu’il faut arrêter de faire dans ce pays,car c’est devenu un bizness pour vous.

    Les chomeurs doivent avoir des formations correspondant aux outils existant dans les entreprises et bien souvent le « marché de la formation professionnelle » ne couvre pas comme il le devrait les vrais besoins des entreprises ,car c’est un bizness qui constitue une vrai vache à lait de subvention et de financement douteux d’associations et d’organisation syndicales dont l’offre n’est que restreinte pour mieux s’en mettre dans les poches.

    vous dites

    « Pour les autodidactes ou les personnes faiblement diplômées, les compétences qu’ils ont acquises s’avèrent peu transférables et résistent mal à l’épreuve du chômage. »

    C’est faux,j’ai connu des périodes de chomage et j’ai pu retrouver du boulot alors que je suis autodidacte mais je n’ai jamais JA MAIS pu obtenir les formations demandées par les organismes qui sont censés s’occuper des chomeurs

    Oui à une vrai rupture et arrêtons d’entretenir le bizness du chomage comme il existe un bizness de l’humanitaire


    • Redj Redj 7 janvier 2008 14:12

      Hors-sujet !!

      What else !!!


    • Brif 7 janvier 2008 11:07

      Ce n’est pas le chômage qui déqualifie. C’est la peur, l’absence de mobilité et surtout les rigidités du marché de l’emploi. D’un côté nous manquons de gens pour travailler (voir les difficultés de recrutement, par exemple dans le bâtiment) et de l’autre nous avons le nombre de gens qui ne veulent pas de ce type de poste. Les formations de l’ANPE servent-elles à quelque chose ? Et leur prétendu servive de placement des chômeurs ? Quand on veut recruter, on sait bien où il faut aller : chez les entreprises de travail temporaire, pas à l’ANPE : ceux qui veulent du travail sont inscrits chez Manpower et ses confrères. Ceux qui veulent glander sont inscrits à l’ANPE.


      • Jacques 7 janvier 2008 11:43

        Il y la peut-être le signe que le marché de l’emploi ne recherche pas la qualification autant qu’on pourrait le penser. Contrairement d’ailleurs a ce qui est souvent martelé : les entreprises n’embaucheraient pas, parce qu’elles ne trouvent pas les compétences de pointe dont elles ont besoin.

        Je n’en croit pas un mot :j’ai pu en faire l’expérience de cette tendance à la déqualification dans le domaine de l’IT, ou nombre de collègues bien formés dans des domaines tels que le développement et la conduite de projet web orienté objet, n’ont trouve leur salut (pour certains) que dans la maintenance de vieilles applications client-serveur vb6. Ce qui peut être considéré comme une déqualification dramatique pour un informaticien.

        Bien évidemment je ne généralise pas cet exemple à l’ensemble du marché du travail, mais je reste quand même dubitatif, quant on présente la qualification comme remède au chômage. Les bataillons de diplômés toutes tendances confondues ne trouvant pas de débouchés, devrait susciter la méfiance des jeunes quant à l’intérêt aujourd’hui de la course à la qualification.


        • anamo 7 janvier 2008 13:49

          Un maire a décrété : le matériel des pompiers devra toujours être essayé la veille d’un incendie.

          Le chomage est un accident (un incendie). Si l’entrée dans la vie active n’est pas assortie d’une préparation à toute variation de la route, l’accident survient avec gravité.

          C’est le cas !

          Après l’accident grave, il faut réparer, ré-adapter.

          Aucun moyen (ou si peu) n’est mobilisable pour celà. Alors qu’une infinité de moyens existent avant l’accident (moyens financiers s’entend).


          • Yohan Yohan 7 janvier 2008 15:13

            Le chômage discrédite plus qu’il ne déqualifie. Plus longtemps vous y restez, plus la suspicion enfle. Malheureusement, trop de gens pensent encore qu’avoir cotisé donne droit à profiter du système. Certains jugent normal de s’y laisser couler de longs mois, souvent au delà du nécessaire (pour se requinquer) et au delà du raisonnable (pour agir). Par ailleurs, je suis bien placé pour témoigner que certains chômeurs font tout pour ne pas trouver trop rapidement un travail. Ce sont les mêmes qui ensuite viennent se plaindre de ne plus être employables et qui critiquent l’ANPE.


            • CHSOU 17 mai 2008 14:27

              Il n’y a vraiement que des gens sous doués pour affiremer de tels avatars.

               


            • cza93 cza93 7 janvier 2008 16:38

              Article pertinent ; pour ceux que j’avais rédigés cet été sur ce thème j’avais consulté le livre de Jacques Rigaudiat sur ce sujet, et « le descenseur social » consultable sur le site de la fondation Jean Jaurès. Si cela vous intéresse d’approfondir, n’hésitez pas ...

              Evidemment mon analyse se situait et se situe toujours sur la même ligne que la votre ; et rien n’est fait pour que la situation s’améliore ...

              C’est bien regrettable pour notre économie que de mettre ainsi nombre de personnes compétentes sur le bas-côté parce qu’elles n’ont pas le pedigree adéquate ... Etre autodidacte n’a plus la côte, mais la VAE provoque la suspicion ; quelle autre issue que le descenseur social dans ces conditions ???

              Il y a un an et demi, sur conseil de l’APEC, j’ai passé un BTS en VAE ; durant tout le parcours, on m’a bien recommandé de ne jamais dire que j’avais obtenu ce diplome ainsi, car le document d’attestation d’obtention est le même quelle que soit la méthode pour l’obtenir ... donc en gros on fait croire à une reprise d’étude, ce qui fait passer la pilule sur votre durée de recherche d’emploi ! ... A la fois ça marche dans ce sens que cela efface un « trou » dans un CV, mais cela ne vous protège pas du risque de descenseur ... Donc plan B, j’ai choisi une véritable reprise d’étude et une véritable reconversion ! Risqué mais pas tant que ça puisque je ne parviens pas à réintégrer des fonctions du niveau de ce que j’avais avant en responsabilité et en salaire ...


              • Fred 7 janvier 2008 16:42

                D’un autre côté, prendre un travail qui n’a rien à voir avec votre qualification pour ne pas rester au chômage est vu comme une tare par les employeurs.


                • cza93 cza93 7 janvier 2008 17:12

                  Quand dans le même temps on nous dit qu’il faut accepter tout job proposé, même s’il ne correspond pas à son expérience ... c’est insoluble !


                • CHSOU 17 mai 2008 14:29

                  Bien vu !!!


                • Christian Bensi Christian Bensi 8 janvier 2008 00:17

                  > Jacques, tout à fait d’accord malheureusement avec ce que vous affirmez et apparemment je ne suis pas le seul.

                  >Brif, à mon sens, vous vous trompez. J’ai cru longtemps que le refus d’accepter une déqualification pénalisait le demandeur d’emploi. Accepter en fait pénalise aussi. Lisez l’enquête complête et vous vous rendrez compte que c’est indiscutable. Maintenant que faut il faire ! Fred et cza93 dans leur deux dernières interventions montrent bien la difficulté.

                  J’aurai aimé faire un article avec des recettes, un guide de solution, mais ce n’est pas possible. Dans ce domaine comme dans d’autres, les donneurs de leçons n’apportent pas grand chose.

                  Cza93 au sujet de votre plan B, j’espère que cela va marcher pour vous. Le pire quand on perd son emploi, c’est de ne plus croire en soi. Vous avez la pêche, cela ne peut que vous aider. smiley


                  • Christoff_M Christoff_M 4 février 2008 23:02

                     lorsqu’on demande des stages, une formation, on vous décourage par tous les moyens...et surtout on vous dit que vous ne serez pas pris en charge au niveau des couts engagés !!

                    ou est l’argent des régions, ou sont les aides de l’Europe... je demande des cours d’Anglais depuis des lustres, cela apparait comme tres difficile alors que ce devrait etre la chose la plus accessible avec l’entrée dans l’Europe et la mise à jour de nos connaissances !!

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