Le libéralisme de gauche pour les nuls
Tous les cris les S.O.S.
On va commencer par le marché du travail. A savoir que le marché du travail c'est le lieu de rencontre de l'offre et de la demande. Du travailleur et du patron quoi. Le travailleur cherche à vendre sa force de travail et le patron cherche à acheter de la force de travail. C'est pas très compliqué.
Le travailleur vend, le patron achète, les deux sont libres et rationnels, ils cherchent à obtenir le meilleur prix. Evidemment comme le travailleur vend et que le patron achète le meilleur prix de l'un n'est pas celui de l'autre. Ceci dit ils sont sur le marché du travail dans l'espoir de faire affaire donc ils négocient. Y'a une complémentarité des intérêts au dela de la contradiction apparente. Et cette négociation théoriquement elle donne lieux à deux résultats :
- Le patron et le travailleur parviennent à un accord. Au fil de la négociation ils trouvent un terrain d'entente, le meilleur prix de l'un devient le meilleur prix de l'autre et inversement ce qui donne lieu à la formation d'une transaction.
- Le patron et le travailleurs échouent à trouver un accord. C'est pas grave, des travailleurs y'en a d'autres et des patrons aussi. L'un et l'autre vont voir ailleurs et recommencent la partie.
Le marché est dit libre tant que la mascarade se déroule selon ce modèle. Et quand on est libéral on croit que ce scénario est le meilleur. Parce que le travailleur il a besoin de travailler, c'est essentiel, ça fait du bien au moral. Donc si il prend taule sur taule avec les patrons à un moment il va se remettre en question, il va revoir ses exigences salariales à la baisse, s'adapter au prix du marché. Et si le patron n'arrive pas à recruter, qu'à chaque fois qu'il lance un appel ça répond "je suis aux Bahamas" à un moment il va être obligé de faire face à la réalité, de laisser un message, "Je suis d'accord pour 1800, toutes les heures supplémentaires sont payées double, une mutuelle et des tickets restaux évidemment, vous avez le permis ? J'ai une voiture de fonction si besoin, merci de me rappeler au plus vite j'ai vraiment besoin de vous". Bref ça s'équilibre naturellement, les égoismes individuels nous forment un ballet économique tellement bien orchestré qu'on croirait que y'a une main invisible qui organise l'affaire.
C'est pas très compliqué.
Excercice pour m'assurer que j'ai bien expliqué :
Soit Macron, président de la république française, qui propose de sanctionner le chômeur qui dit non plus de deux fois aux patrons. Libéral ou antilibéral ?
Antilibéral, effectivement. Parce que menacer le chômeur de sanction au second tour c'est le contraindre à dire oui aux patrons. Et ça c'est pas bien, ça empêche le travailleur de faire jouer la loi de l'offre et de la demande pour son propre compte et il se retrouve obligé de brader sa force de travail. Après un ça va, c'est quand y'en a beaucoup que y'a des problèmes. Tous les salaires sont tirés vers le bas et les patrons savent plus quoi faire de leur pognon ce qui donne des inondations dans les paradis fiscaux. Ce qui démontre assez bien pourquoi l'antilibéralisme c'est le mal.
Autant dire donc que pour un libéral de gauche dénoncer le libéralisme et se positionne comme antilibéral c'est une grossière erreur sur le plan stratégique. Un libéral de gauche croit en la liberté et en la responsabilité en même temps. Il sait que l'un et l'autre font la paire n'ignore pas que son droit à dire non dépend de lui. Donc dans un cas pareil il n'attend pas que Macron l'appelle à se responsabiliser, surtout quand il est au chômage, il prend de lui même l'initiative de défendre son droit à dire non et son égoisme profite à tous ses camarades travailleurs. Ca signifie qu'il prend la rue pour défendre le libéralisme économique et non pas dénoncer l'ersatz de libéralisme de Macron. C'est un travailleur émancipé le libéral de gauche, donc il ose défendre son idéal, celui d'une libéralisation achevée du marché. A savoir un marché du travail au sein duquel il pourrait dire à son conseiller pôle emploi "je ne peux pas j'ai piscine" et être félicité pour son amour de la liberté. Si le patron a vraiment besoin de lui il lui suffit d'allonger les billets pour rappel donc c'est pas la peine de contraindre le travailleur à quoi que ce soit. Au contraindre faut l'aider à jouer le jeu au mieux, lui donner les moyens matériels de son émancipation et donc mettre en place un revenu universel. Un vrai hein, qui permet de vivre dignement en dehors du marché du travail, donc 1000 euros minimum. Autant dire donc que le libéral de gauche ne dénonce pas, il propose. Il prend la rue pour exiger un revenu universel à la place des sanctions pole emploi et il plaide en faveur de la nécessaire libéralisation du marché du travail afin de relancer l'économie.
Et donc moi je me demandais si y'en avait dans le coin que ça tentait de jouer au libéralisme de gauche avec moi. Parce que pour le moment je suis seul mais si j'en trouve un autre j'ai le droit d'acheter un mégaphone et d'hurler "C'EST NOOOOOOOOOOOOOOOOOTRE PROJET" dans la rue.
Voilà.
PS : J'ai un kit pour faire converger les luttes aussi avec le libéralisme de gauche, y'a moyen de bien s'amuser. Avis aux amateurs de déconne.
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