Le Peuple : « majeur » (?)
Voyant combien en appellent au "Peuple" : Sommes-nous un peuple "majeur"(?) "Majeur" au sens de non-"mineur", parce que ses membres portent la responsabilité de son devenir selon les vertus qu'on lui attribue.
Ce qui pose d'abord, en démocratie, la question d'une "majorité" à constituer et à en faire exercer les pouvoirs. Et donc, à voir aussi, le rôle des minorités. Et l'ensemble des électeur(e)s doivent s'avérer capables de s'accorder sur des programmes de gouvernement, donc avoir une compétence suffisante et parvenir à s'entendre sur des projets communs réalisables.
Quels sont les Défis ?
L'"unicité" du peuple :
Un peuple se définit par ses différences avec d'autres peuples. Comment la multitude de ses membres peut-elle se reconnaître dans une unité nationale définie par un pays(1), ce qui le rend légitime. Et comment s'organisent, à l'intérieur du pays, les mécanismes de pouvoir permettant de légiférer, de gérer, et de juger ? Et qui, au sommet, va exercer, ou seulement représenter, cette unicité ? La difficulté de tendre vers une unité suffisante est bien attestée dans l'Histoire, jusqu'à nos jours. Et ensuite les peuples, ainsi définis, comment vont-ils coexister sur la planète ?
La solution la plus simple est d'avoir, à sa tête, un Chef qui, soutenu par ses partisan(e)s, parvient à imposer violemment ses volontés, s'appuyant sur une idéologie religieuse ou, de nos jours, plus souvent séculière. Un Chef qui, si possible, agira de même envers les pays voisins en concurrence. La "démocratie" s'inscrit en contestation d'un tel système, mais s'en rapproche dès que, le "corps social" ne parvenant pas à constituer une solidarité garante d'un ordre social, s'impose le recours à la contrainte violente pour constituer une unité d'action (2).
La "solidarité" du peuple :
Si on exclut de parler de "solidarité" globale d'un peuple dirigé violemment par une minorité, il s'agit de savoir comment les électeur(e)s, plus largement le "corps social", vont surmonter leurs différences, ou composer malgré leurs différences afin de réaliser une union jugée légitime. Nos "différences", qui existent sauf à s'illusionner, peuvent devenir "incapacitantes", c.-à-d. ne permettant pas de réaliser l'union nécessaire et suffisante pour qu'un Projet rassembleur puisse être mis en oeuvre. Elles sont "verticales" quand des solidarités "clivantes" se manifestent en opposition à des mesures gouvernementales quel que soit le statut social de leurs adhérent(e)s ; elles sont "horizontales" quand elles correspondent à des strates socio-économiques où se manifestent des revendications liées à la place des citoyen(e)s dans le processus de production et selon la répartition des richesses. Elles peuvent déborder du cadre de l'État ; ainsi du prétendu "Communisme" à partir du "Socialisme" ...
Actuellement, les niveaux extra-étatiques se définissent par : - la Domination du Capitalisme mondialisé, financiarisé qui impose sa dynamique économique aux États ; - les essais de mise en commun de certaines exigences, de "développement", de "droits de l'Homme", de "maintien de la paix" par des institutions internationales (à évaluer !) ; ces deux mouvements
d'organisation du pan-étatique étant, par définition, exclusifs, c.-à-d. que le Capitalisme, fondé sur le profit maximal des détenteur(e)s du capital, n'a aucune contrainte de nature à répondre aux besoins ressentis et/ou déclarés des populations des pays où se constitue le profit.
Vers un autre Modèle de Peuple :
Excluons le cas "simple", bien rodé dans l'Histoire, qui consiste pour une personne influente et son entourage à rassembler un groupe plus ou moins grand sur une intention de prendre et conserver le Pouvoir, puis d'imposer ça violemment aux autres (personnes, groupes, pays), autant que possible. Un tel modèle se "décline" en versions dures ou atténuées, fluctuantes ; la prétention à la "démocratie" est, le plus souvent, avancée, mais floue ou même niée en pratique. Et, si une "révolution" pense pouvoir y mettre fin en instaurant un régime "démocratique" et à supposer que ce soit sincère, le risque de rétrogradation par suite de dégradation démocratique reste toujours possible (?)
Le Modèle ["démocratique"] existant-actuel :
Des candidats font des promesses, sur des programmes sans savoir s'ils/elles peuvent les tenir (3). Les insatisfactions ultérieures envers les élu(e)s dans l'exercice de leur mandat, se manifestent CONTRE des projets et/ou pratiques au cours de l'exercice du Pouvoir. Si ces insatisfactions sont assez puissantes - surtout assez largement partagées - les élections suivantes entraîneront un changement de majorité, feront élire d'autres candidat(e)s ...
Le Modèle Futur(?) :
Il faudrait :
Que les candidat(e)s soient élu(e)s sur des INTENTIONS de résultats basées sur un Projet général précisé, exposant les buts et les moyens proposés pour les réaliser, modifiable à l'épreuve des faits et avec le concours de l'ensemble de la population qui, après les élections, apprécie les mesures prises et leurs effets, et puisse proposer des modifications d'objectifs comme de méthodes et moyens. En fin de mandat, le bilan ne porte plus sur des espoirs initiaux - toujours incertains - mais sur la manière dont les élu(e)s ont mis en oeuvre les projets en s'adaptant aux conditions et difficultés nouvelles auxquelles il a fallu faire face. Ce Modèle intègre l'alternance(4) comme un processus continu. Il suppose : - la transparence sur la stratégie du gouvernement ; - la motivation des citoyen(ne)s à y participer(5), y compris la critique des actions de leurs mandaté(e)s et - si prévu par la Constitution - leur "révocation"...
Que l'Histoire soit reconnue comme "expérimentale"(6), que les Peuples évoluent, en civilisation(s), par des heurts, secousses, dégradation et renouveau, dont on peut penser que la violence (pensons au XXème siècle) pourrait en être diminuée en faisant preuve de plus de réflexion et d'"intelligence" dans l'organisation des sociétés humaines.
| Ce Modèle s'oppose de manière systémique, dynamique à l'actuel en ce qu'on ne s'y manifeste pas seulement CONTRE ceux/celles qu'on commence ou finit par désapprouver (le renouvellement politique étant alors le changement de cibles à démolir), mais qu'on est AVEC les élu(e)s tout au long de leurs parcours durant leur mandat, en critique permanente et en vue d'un meilleur résultat possible.
[1]La correspondance entre "peuple" ou "nation" et "pays" est difficultueuse dans l'Histoire : voir le cas des Kurdes ...
[2] Voir, au XXème siècle : Hitler, Staline, Pol Pot ... Hormis ces extrêmes, le degré de contrainte est variable et fluctuant ; du point de vue des citoyen(ne)s invité(e)s à adhérer au régime, la réflexion se fait sur l'alternative : - "Est-ce que je préfère l'ordre au désordre ?" ou : - "Est-ce que je préfère la conformité à mes idées ?" Ainsi, on peut être amené(e) à préférer un parti qui semble pouvoir apporter l'ordre nécessaire pour agir efficacement, même si on n'en partage guère l'idéologie ; ou, à l'inverse, préférer un parti jugé peu capable d'apporter cet ordre jugé pourtant nécessaire, mais dont les projets correspondent le mieux à nos attentes.
[3]"Tenir" les promesses n'a de sens qu'après être élu(e) puisque si on échoue à se faire élire, on n'aura pas l'occasion de les mettre en oeuvre (! ?) - donc, les candidat(e)s sont porté(e)s à faire les promesses qui peuvent faire les électeur(e)s les élire, qu'ils/elles[les candidate(e)] envisagent ou non de pouvoir les tenir ; ceci tant que les électeur(e)s, non encore "matures", continuent de juger les candidat(e)s sur des "promesses" et non sur leur capacité prévisible, à mettre à l'épreuve des faits, de réaliser le possible de leurs[=électeur(e)] aspirations ! Demain (?) Après-demain (?)
[4]L'"alternance" au Pouvoir exprime un atout de la démocratie, une certaine fluidité dans la correspondance, dans le temps, entre attentes de la population et projets de renouvellement des programmes et des équipes pouvant les appliquer ; mais n'y a-t-il un degré de tolérance à l'insatisfaction ainsi "absorbée" ? Le risque est qu'un échec démocratique pour satisfaire la population soit suivi par un gouvernement non-démocratique ou moins démocratique ; c'est l'épreuve de faisabilité du "Modèle Futur", conçu pour prévenir une telle dégradation ...
[5]Exemple : Élire par "tirage au sort" (selon une procédure à valider, sécuriser) des représentant(e)s citoyen(ne)s, considéré(e)s comme émanations de la "société civile", chargé(e)s de participer aux élections et, post-élection, d'assurer le suivi des mesures prises ; - ceci sans oublier que mettre à l'épreuve un projet nécessite une certaine durée de mise en oeuvre et d'application des mesures (avant de pouvoir les évaluer valablement) et qu'il faut une équipe assez soudée pour être efficace (?)
[6]L'"expérimentation" s'oppose au dogmatique, historiquement à la dogmatique religieuse supposée seule capable de "souder" un Peuple. L'"Idéologie" séculière a, le plus largement (mais ces temps-ci nous savons combien les exceptions sont "dures" !), remplacé la réligieuse, - les défis sur les capacités des populations à promouvoir des solidarités unifiantes et applicables aux instances politiques restant là, à résoudre (?) Ça nécessite un entraînement, - que nous voulions agir autrement qu'à se chercher des cibles, des boucs-émissaires, et, à la tête, des "Sauveur(e)s", destiné(e)s au pire ! Et, pour ça, la pratique d'expérimentations sociales (voir l'"Économie sociale et solidaire") est essentielle, à certaines conditions (de motivations des acteur(e)s, des moyens ...).
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