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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Le symptôme G20

Le symptôme G20

Dans l’ordre de la politique, il convient de bien distinguer symptôme et pathologie. Un symptôme est certainement révélateur d’une pathologie. Mais l’on peut bien traiter le symptôme sans que la maladie soit pour autant vaincue. C’est en ce sens qu’il est raisonnable de parler d’un symptôme G20, c’est-à-dire d’un traitement si superficiel de la crise économique et sociale qu’il semble à tout égard indifférent à la réalité de la maladie profonde.

Le propre du G20 est de vouloir guérir du symptôme... Point de la pathologie. Celui-ci, cette fois-ci, il est vrai, est d’importance. Et il faut, en effet, des capitaux importants, et une sorte de retour paradoxal de « L’Etat providence » dans la danse capitale pour en effacer les stigmates.

Ce qui en dit long, du reste, sur le sens de l’Etat contemporain : il est devenu cette Puissance toujours solvable qui viendra secourir les Structures privées en faillite - structures dont la crédibilité financière est pour leur part limitée, fussent-elles mondialement actives. Providence de l’Etat d’un nouveau genre, en effet, si les Etats sont désormais les garants divins des mouvements guerriers, indécents ou surréalistes du capitalisme naturel.

Cette crise aura rappelé qu’il y a un abîme sous-jacent à la circulation des flux financiers abstraits, mais dont la vacuité ne se révèle qu’au moment où il devient totalement impossible de dissimuler l’écart entre la vie concrète et le capital abstrait. Il fallut la faillite personnelle et concrète des Américains endettés pour que la valeur réelle des subprimes devienne clair. En attendant, on pouvait jongler dans l’abstraction capitale...

De même que ces Américains pauvres, victimes, pouvaient, comme nous, jouer avec leurs crédits en cavalerie jusqu’à un certain point, ayant eux-mêmes, comme nous tous devant les DAB, un orteil (mais vital) dans l’incroyable système du Capital virtuel. Un temps. Avant la vente de tous leurs biens.

Qui pourra donc désormais définir l’Argent ?

Voilà donc, en tout cas, tout ce qui est attendu de l’Etat : sa providence est de relancer la machine... Effacer le symptôme.

Quelques remarques plus directes sont utiles. Un G20, en effet, fait théâtre.

1.On appellera « simulacre » l’attitude offensive de Nicolas Sarkozy, se disant prêt à quitter la réunion si les mesures prises n’étaient pas à la hauteur de ses espérances ’’morales’’... (Simulacre déjà agissant, ces derniers temps, dans les déclarations gouvernementales sur les primes patronales. Ce qu’il faut traiter, c’est toujours une structure inégalitaire, en elle-même, et non pas des points particuliers. Exhiber les points particuliers, c’est donner le sentiment que l’on traite la structure pour mieux faire oublier sa persistance.) Quel beau numéro, en vérité ! Ce que j’appelle l’a-typie est d’un bien autre courage : cela suppose que l’on mette sérieusement en cause la supériorité de la Propriété privée sur l’Egalité. Ici, tout était évidemment joué, au tour de piste près de la France m’as-tu-vu.

2.On a beaucoup insisté, dans les médias, sur la liste grise des paradis fiscaux – liste de surcroît malhonnête. Croit-on que l’on résoudra la question mondiale en montrant du doigt quelques nids à frics naturellement adaptés au système ?

3. Que contient donc, au juste, la résolution du G20 ?

Vous pouvez analyser ici (à la fatigue ou l’illusion rhétorique près...) le texte final. Qui se réduit, pour les moins scrupuleux, à ceci :

a- Une liste partiale des paradis fiscaux.

b- Injecter 1100 milliards de dollars dans le FMI (le centre de redistribution abstrait). (Notez bien, sans cynisme inutile, qu’un tout petit pourcentage de cette somme nous manquait depuis des années et des années, nécessairement, pour éradiquer durablement la faim et la maladie des moins riches... C’est cela le capitalisme abstrait.)

c- Augmenter l’effort fiscal du plus grand nombre des citoyens en vue d’injecter les dits milliards.

d- Quelques réglementations prophylactiques sur les fonds à risques, les règles comptables et les agences de notation.

On dira donc que le patient qui ne souffre plus des symptômes est à moitié guéri, ce malade imaginaire...


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6 réactions à cet article    


  • MKL 7 avril 2009 17:10

    2 points cruciaux à l’origine de cette crise n’ont pas été abordés lors du G20 : la solvabilité financière et la confiance en l’avenir de la population.

    Ces 2 paramètres sont mis à mal depuis plusieurs décennies dans les pays occidentaux et en particulier la France, et la crise actuelle n’en est que le révélateur flagrant.

    La pression baissière imposée aux salaires par l’entretien (volontaire ?) de la peur du chômage et de la précarité de masse ont érodé au fil du temps les pourvoir d’achat et d’emprunt d’une partie toujours plus importante de la population, et ruiné la confiance dans l’avenir du reste de cette population, pourtant détentrice de réserves d’épargne considérables (en France en tout cas).

    La solution de bon sens pour qui fait preuve d’un minimum d’honnêteté intellectuelle consisterait à éradiquer ce chômage et cette précarité de masse.

    Mais elle ne semble pas être à l’ordre du jour des réunions de notre élite dirigeante, vu son obstination à ne vouloir s’attaquer qu’à l’aspect financier du problème...

    http://nouvellegauche.fr


    • larticho 7 avril 2009 17:12

      On a soigneusement occulté les réolutions finales cdans les médias (on se demande que font ils à part détailler la robe des first ladies ou les cadeaux échangés ?)
      On a eu du mal à trouver en français sur le net le compte-rendu final, c’est pour dire (non anglophones s’abstenir), alors quand on lit "Version non officielle, seule la version anglaise fait foi", moi çà me fait bouillir.
      Pour info le voici du Figaro.fr (à prendre avec des pincettes mais je me répète) : www.lefigaro.fr/assets/pdf/texteg20.pdf

      Pour tout ce qui n’est pas dans le texte, un petit coup d’oeil moins indigeste s’impose ici , les dés étant pipés d’avance et le rapport déjà écrit avant la réunion : www.planetenonviolence.org/L-ONU-Et-Le-FMI-Soutiennent-L-Agenda-De-Dictature-Financiere-Mondiale_a1868.html

      Des questions ? smiley


      • Daniel Roux Daniel R 7 avril 2009 20:00

        Voilà ce que je peux lire dans la boule de cristal ... 

        Retour d’une inflation à 2 chiffres (2011 et suivantes)

        La masse monétaires en circulation a doublé en quelques mois, principalement les dollars US. Les actifs sensés représenter le pendant de la monnaie n’ont pas doublé en valeur bien au contraire.

        Les deux conséquence prévisible dans l’immédiat sont l’inflation à deux chiffres (pour commencer) et la baisse de la valeur du dollar par rapport aux autres monnaies. Cela aura pour effet de faire baisser la pression sur tous ceux qui sont endettés et monter la pression sur les salariés et les pensionnés. Une probable agravation de l’appauvrissement de la population américaine est inévitable.

        La reprise en Europe sera plus tardive et plus poussive qu’aux USA.
        (2012 au mieux)

        Par contre, la baisse du dollar rendra les produits américains plus compétitifs par rapport à leurs concurrents et notamment les européens sauf ceux qui ont de l’avance technologique.

        Les mêmes causes produisant les mêmes effets, l’inflation s’installera aussi en Europe. Comme d’habitude la banque centrale européenne (BCE), qui n’a qu’une mission, juguler l’inflation, augmentera ses taux d’intérêt.

        Les européens risquent de perdre la guerre économique déclarée par les USA s’ils tombent dans le piège : Compétitivité amoindrie + inflation +taux d’intérêts trop élevés.

        Augmentation du chômage en Europe ( 2009, 2010....)


        Les financiers qui détiennent les entreprises les plus importantes et les plus rentables iront chercher ailleurs la croissance qui leur sera refusée en Europe. La globalisation et le libre échange n’étant pas abrogés, ils transféreront leurs capacités d’investissement en Asie et aux Amériques. Ce qui ne favorisera pas la création de nouveaux emplois, bien au contraire.

        Fin de l’illusion démocratique (2009 et suivantes )

        Pour ceux qui n’ont pas encore compris le sens du reniement démocratique lors de la ratification du Traité de Lisbonne.

        La radicalisation des conflits sociaux entraînera une crispation des pouvoirs autoritaires confortés par le vieillissement d’une forte population de propriétaires retraités. Il existe une forte probabilité d’un nouveau quinquenat "conservateur à tendance autoritaire".

        (En mai 2007, sur Rue 89, j’ai prédit que Sarkozy finirait son quinquenat seul au Château et que la majorité parlementaire, emmenée par Devedjan et Coppée, porterait Villepin au pouvoir.)


        • Louis Peretz 7 avril 2009 20:56

          @Daniel R. C’est tout-à-fait ce scénario que je prévois également. sauf concernant le social. Les populations les plus défavorisées peuvent tout de même jeter tout ce beau monde à la poubelle. Remplacer par qui  ? Etat totalitaire dis-tu ? Peut-être, ou par le peuple lui-même j’espère ,dans un sursaut salutaire. En tout cas j’ai préparé cette perspective, en cas de besoin . Voir mon site. Utopie ou vraie voie de recours ? Seul le dieu de la démocratie le sait.


          • Serge Serge 7 avril 2009 21:01

            La seule mesure concrète du G20 est le pompage de l’argent public pour soutenir capitaux et capitalistes afin de "sauver" la rentabilité.
            Plus de 1 100 milliards de dollars...Qui va injecter cet argent ? Les Etats !!! Où vont-ils le trouver ? En empruntant sur les marchés financiers !!! C’est vraiment le chat qui se mord la queue.
            Partout la dette publique explose !!!véritable baril de poudre.Cette situation est d’autant plus explosive que cet endettement pour sauver la rentabilité des capitaux ne relancera pas la croissance bien au contraire.


            • millesime 7 avril 2009 23:37

              On ne change surtout RIEN , et SURTOUT PAS les équipes qui ont amené le monde là ou il est... !

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