Législatives : le choix éthique
On nous avait promis que tout allait changer, la main sur le cœur, il fallait moraliser la vie politique il y a plus de dix ans. La réalité illustre hélas une aggravation de la corruption et un jugement sévère des électeurs sur la représentation politique. Son coût est colossal au plan national comme au plan mondial, évalué par le Programme des Nations unies dans son rapport en 2000 à un millier de trillions d’euros, soit près d’un tiers des investissements publics, soit entre un demi et un point de croissance pour un pays donné...
De surfacturations en blanchiment d’argent sale, les mafias se régalent. Pourtant, l’on s’efforce de diriger toujours notre attention vers les petits actes de délinquance ordinaire sans jamais chercher plus loin, les sources du crime organisé dans une société qui a perdu tout repère moral par rapport à l’argent, où même la politique est marchande.
Pour peu que l’on observe attentivement comment l’argent public est utilisé, l’on s’aperçoit que la France est assise sur une mine d’or qu’elle dilapide via une décentralisation féodale, tout comme l’argent de l’aide au développement qui ne sert que des causes auxquelles il n’est pas destiné. Tout le débat sur la dette publique et le chiffrage des programmes auquel nous avons assisté durant la campagne présidentielle a été tronqué, faute d’incise sur la gestion saine et la transparence des dépenses et donc le renforcement du contrôle et des juridictions financières. Tout cela aurait pourtant dû figurer en tête du menu de l’élection présidentielle dont la vocation historique était celle de changer l’ordre des choses pour remédier aux désordres du monde. Or, malgré quelques incantations de façade, l’omerta et les silences complices ont bien eu la vie dure dans les familles partisanes. Car hélas, les pactes de corruption aussi parfois demeurent. Rappelons que la IIIe et la IVe République sont mortes de ce virus, comme le pouvoir monarchique fut aboli sur l’autel des privilèges lors de la Révolution française.
Après les années Mitterrand-Chirac, la Ve République est elle-même au point de rupture névralgique. Dans la France hyperdécentralisée on a reconstitué en vingt ans ce que l’instauration de la République une et indivisible avait aboli en deux siècles, à savoir des féodalités locales. Cela a permis, comme en Polynésie, en Paca, dans les Hauts-de-Seine, ou ailleurs, d’institutionnaliser la corruption en bafouant quotidiennement l’égalité républicaine par des pratiques clientélistes et l’autocratie de certains élus. La redistribution ne s’opère désormais plus qu’au profit et selon la seule volonté de quelques notables installés dans des territoires donnés ou à la tête d’entreprises qui ont la mainmise sur l’argent dans une France qui n’a plus de fraternels que ses bastions claniques, où la crise de l’identité nationale, parlons-en, n’est surement que le ressort de la nostalgie de la France républicaine et non de sa figure nationaliste et xénophobe servie au peuple comme exutoire. Or, il n’y aura pas demain de nouvelle redistribution sociale, sans redistribution préalable des pouvoirs. Il n’y aura pas d’égalité sans un Etat impartial.
Un nouvel édifice institutionnel s’impose donc clairement pour construire une démocratie basée sur la séparation réelle des pouvoirs. Mais un ménage éthique est nécessaire à présent, car faut-il élire les bonnes personnes pour faire les bonnes réformes. L’incantation moralisante de ces partis qui sollicitent la confiance des électeurs résonne parfois comme l’expression « fais ce que je dis mais ne fais pas ce que je fais ». Ici on prône la République exemplaire, là on dit "tolérance zéro », mais organise le recyclage de ses amis corrompus. C’est à se demander si ce n’est pas le vice qui prétend juger la vertu ?
Si, pour des raisons qui tiennent soit à leurs pratiques passées, soit aux personnes qu’ils soutiennent, on jugera plutôt insuffisante la crédibilité ou l’engagement des principaux organes partisans à remédier à ce fléau, on ne saurait trop inviter les citoyens lors des élections législatives de juin prochain à soutenir les candidats qui s’engageront clairement s’ils sont élus députés à changer les choses en marquant une exigence éthique, la réforme de la justice vers son indépendance et en renforçant la démocratie avec des citoyens acteurs de la gestion publique, le non-cumul des mandats, l’inéligibilité des corrompus, le renforcement des chambres régionales des comptes, la formation obligatoire des élus ou encore le droit d’alerte éthique, la suspension de tout marché public d’une entreprise condamnée pour corruption, la lutte concrète contre les paradis fiscaux, bancaires et judiciaires. Car, il n’est plus possible de cautionner un système dans lequel on pratique une politique pénale essentiellement dirigée vers le traitement de la petite délinquance se refusant à combattre la grande délinquance financière. Nous demandons aussi aux futurs députés de s’engager à refuser toute loi d’aministie pour les délits politcofinanciers. Déjà, nous voyons se profiler le recyclage de candidats corrompus. Le choix n’est pas entre quelqu’un d’honnête qui serait forcément présumé incompétent, et un voyou qu’on présumerait plus efficace. Car un voyou pense d’abord à nourrir sa fortune personnelle sur la grande infortune publique. Les collusions affairistes dont ceux-là sont les représentants n’ont qu’un but : la socialisation des pertes et la privatisation des profits ; soit le pillage organisé de la France.
C’est un acte de résistance qui va au-delà des considérations partisanes auquel nous invitons par une campagne d’intérêt public, au nom d’une conception de la république démocratique.. Ici doit s’arrêter le train de la corruption et des mensonges. Pour connaître les candidats qui s’engagent dans toute la France et les soutenir, rendez-vous sur : www.antidote2007.org.
Le 10 et le 17 juin, l’Antidote pour immuniser l’Assemblée nationale : c’est nous.
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