Les infatués en chef
Les défauts compatibles.
Qui se ressemble s’assemble. Fort de cet idiome que chacun aime à décliner comme il l’entend, bon nombre de nos magistrats, dans l’incertitude de lendemains aux perspectives peu encourageantes pour ceux qui veulent s’accrocher à leurs privilèges, s’attachent à courir après une investiture qui leur assurerait un prolongement de contrat. Forts de cette volonté, ils font alors abstraction de leurs convictions précédentes pour se rallier derrière le panache blanc du champion du moment. Comme la girouette, ils tournent leurs vestes avec le vent en jouant parfois les jeunes pucelles effarouchées, voulant bien se donner à leur nouvelle idole sans toutefois perdre leur innocence.
Ceux-là sont les merveilleux et incomparables compatibles. S’ils font deux pas en avant, ils n’en conservent pas moins un pas en arrière, afin de s'arcbouter un tant soi peu, contre cette étiquette précédente qui les avait installés là où ils entendent bien ne plus bouger. C’est, comme dans la chansonnette de la bergère qui s’en va au marché un panier sur sa tête, la marche incertaine de ceux qui font des pas de tous les côtés jusqu’à ce que les œufs finissent par tomber.
Pour séduire le grand Freluquet tout en affichant encore le pavois des joutes précédentes, il leur faut avaler bien des couleuvres tout en se trompant lourdement sur leur illustre personne. Ils se comparent à des aigles, des champions incontestables de la bonne gestion, détenteur d’un poste mais surtout d’un électorat qu’ils pensent assujettis à leur immodeste personne. Ils ont la conviction chevillée au corps électoral qu’ils sont incontournables sur l’échiquier politique local.
Alors, en toute occasion, en dépit des casseroles qu’ils traînent, ils font la roue, se haussent du col, font les beaux et les jeunes coqs. Ils tiennent de beaux discours, accordent des œillades à qui veut bien les admirer, serrent des louches tout en vendant leur soupe, accordent des sourires maintenant que l’échéance approche alors qu’il y a peu, ils semblaient ne plus reconnaître grand monde. Ils ont la main sur le cœur, jurent leurs grands dieux avoir une gestion irréprochable même si quelques fâcheuses rumeurs circulent sur leurs comptes quelques peu opaques.
Chacun d’eux s’infatue de lui-même, exagérant à l’excès ses mérites, proclamant à l’envie ses louanges faute de trouver en dehors de sa petite cour, quiconque pour jouer le flagorneur épaté. Celui-ci se pense irrésistible et capable par sa seule présence en tête de liste, d’emporter à nouveau ce poste qui leur colle davantage aux fesses qu’au sens civique. Il est vrai que la fonction bouleverse tant le sens des valeurs qu’il a perdu en cours de route la notion de la valeur des choses, du devoir et de l’intégrité. Cet autre, repousse d’un revers de la main les griefs qui s'amoncellent au dessus de sa tête, il a agi pour le seul bien de sa commune, voyagé pour la grandeur de celle-ci et joui de quelques privilèges certes mais par sens du sacrifice pour personnifier la communauté toute entière.
Ils veulent nous infatuer, nous séduire, persuadés qu’ils sont de leur irrésistible charme. Il faut bien reconnaître que toutes les courtisanes qui les entourent leur ont fait tourner la tête, les écartant à jamais de la sordide réalité de charmes qui se sont dissipés dans les excès de la fonction. Imbus de leur personne, orgueilleux, fats et souvent hautains prenant tous les autres pour des imbéciles, des demeurés ou des sots, ils ressemblent si parfaitement à leur modèle, qu’ils estiment bien mériter de son adoubement sans même devoir mettre un genou à terre pour ses endosser son blason.
Chevaliers à la triste mine, ils se présenteront néanmoins à nos suffrages. Ils sont soixante douze renégats à cette heure, élus de la droite et du centre, qui pour continuer de vivre à nos crochets, se lancent sans dignité aucune dans cette parade nuptiale sans contrat de mariage. Vils pantins dérisoires, ils contribuent plus encore à la perte de toute créance des citoyens en la démocratie. Ils affichent une certitude sottement prétentieuse dans leur conviction d’être irremplaçable là où le hasard a bien voulu les placer. La réalité se chargera de les bouter de là à coup de pied dans leurs immodestes séants. Nous n’avons que faire de cette pantomime du pouvoir, danse de Saint Guy des élus en quête du baiser du judas de Jupiter en personne.
Carrément leur.
13 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON