Lettre ouverte à Monsieur le président de la République
Monsieur le Président de la République,
Nous venons de raviver le souvenir de nos morts à l'occasion de ce 11 novembre 2013. Ce fut une célébration mouvementée, symptomatique d'un pays en bien mauvais état.
Lorsque j'étais enfant, la guerre était toujours présente lors des réunions familiales. Évocation d'événements terribles, souvenirs de disparus très chers, larmes d'une douleur ineffaçable. La guerre, pas les guerres. La Grande, celle de 14-18 , celle qui a touché toutes les familles de notre pays, qui a laissé des cicatrices si vives que ses obus tuent encore un siècle plus tard. Pour les jeunes français d'aujourd'hui, un chiffre suffit à donner mesure de l'horreur vécue. A l'occasion de ces commémorations, nous avons rendu hommage à la septième victime française de l'année en Afghanistan. Durant la première guerre mondiale, nous avons perdu jusqu'à 30 000 hommes en une seule journée...
Le traumatisme fut terrible. Il ne fallait pas demander aux enfants des survivants (ou à eux mêmes !), de repartir la fleur au fusil vingt ans plus tard, ce qui explique bien des renoncements.
J'ai regardé aujourd'hui la photo d'un de mes oncles « Mort pour la France », et j'ai pensé : « si, aujourd'hui, par un miracle exceptionnel, il sortait de sa tombe, lui qu'on honore aujourd'hui, que penserait-il de ce monde dans lequel nous vivons, lointains héritiers de son sacrifice. »
Il me semble, que, dans un premier temps, il serait stupéfait et enchanté. Nous vivons depuis bientôt soixante dix ans dans une paix relative, sur le sol français tout du moins. C'est exceptionnel dans l'histoire de France. Nous connaissons un grand confort par rapport à son époque, avec une liberté de déplacements et des facilités de communication et d'information considérables. Il serait indigné du sort de nos pauvres, des malheureux qui jonchent nos trottoirs mais surtout par rapport à la richesse ambiante. Parce que la misère, de son temps, il connaissait.
Il serait très étonné de la « couleur » des français d'aujourd'hui. Originaires d'Afrique du Nord, d'Afrique Subsaharienne, d'Asie, ces nouveaux compatriotes le réjouiraient je pense. Il les avait fréquentés dans les tranchées et savait que, dans ces circonstances, la nature des hommes ne peut mentir. Et que c'étaient de bien braves gens. Et puis les jeunes de toutes ces origines semblent fort bien s'entendre dans son pays et c'est le principal, même si les « vieux » ronchonnent encore un peu...
Quelques nouveautés le surprendraient. Des hommes se mariant ensemble ! Des femmes pareil ! Et puis il éclaterait de rire, ce qui est la meilleure réaction possible. Ces « choses là »existaient de son temps, mais on n'en faisait pas « tout un fromage », ni d'un côté, ni de l'autre. Pour bien vivre ensemble, mieux vaut la discrétion que les « défilés des fiertés ».
La présence de mosquées, vu le nombre de musulmans sur notre sol, ne le scandaliserait certainement pas. Elle est logique. La désertion des églises le surprendrait d'avantage, mais il en jugerait ses héritiers catholiques et surtout leurs pasteurs comme seuls responsables.
Par contre, monsieur le Président, lorsqu'il se renseignerait sur votre rôle, sur celui de la classe politique en général et sur celui de vos prédécesseurs, je crois que son humeur risquerait de changer. Et qu'il s'adresserait à vous en ces termes :
« La « République Française », cet espace démocratique de liberté, n'est plus libre d'agir par elle-même et dans l'intérêt de ses citoyens quel que soit le « Président » choisi. Elle est en fait dirigée de l'extérieur par des gens qui ne sont élus par personne, choisis de manière plus ou moins déguisée mais parfois carrément nommés par des BANQUES. Cet hallucinant directoire siège à Bruxelles entouré d'une myriade de ce que vous appelez de « lobbyistes », c'est à dire, soyons clairs, des corrupteurs . Qui leur font adopter, dans le dos de tous les peuples de ce que vous appelez l'Union Européenne, des traités aussi aberrants que transatlantiques qui vont permettre à celui qui a empoisonné une bonne partie de la planète, un certain Monsanto, d'imposer ses semences pourries dans tout notre pays ».
« Vous croyez que nous, braves paysans de France, sommes morts pour cela ?
La Grèce, berceau de la démocratie, voit nommer un BANQUIER à sa tête. Celui-ci fait adopter une loi, je l'ai découverte avec horreur : « Depuis le jeudi 24 octobre 2013, le Code pénal hellène a introduit l’article 458, qui est une mesure relative à la « violation du droit communautaire », dans lequel il est prévu un emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans pour les citoyens qui agissent contre les structures européennes, mais aussi, pour ceux qui protestent ou expriment un désaccord comme l’opposition aux sanctions. Deux ans de prison aussi pour ceux qui vont à l’encontre des gouvernements et des représentants de l’UE ».
Demain c'est ce que subira le peuple français et vous le savez bien. Comment pouvez-vous accepter de tels crimes contre la liberté et la République et venir nous « rendre hommage » sous l'arc de triomphe !
Vous avez laissé les BANQUES faire main basse sur notre pays en applaudissant des deux mains. La « dette »imposée à tous les français est inique. Faites la différence entre la somme remboursée depuis 1974 et l'argent emprunté et réellement injecté dans notre économie depuis la même date. Le paysan que j'étais avant de partir au front paysan n'aurait jamais avalé une telle arnaque : vous êtes soumis à des voleurs.
Le peuple de France a refusé cette honte « européenne » par référendum et vous avez ignoré sa voix en ricanant. Comment pouvez vous encore parler de République ? Pourquoi sommes nous morts, nous, les pouilleux des tranchées sacrifiés pour les générations futures ? »
Là dessus, je crois que mon oncle serait pris de nausée et demanderait à retourner dans sa tombe.
Monsieur le Président,
Je ne suis pas militant socialiste. Je vais même vous faire un aveu. En 2007 j'ai voté pour ce petit bonhomme bouillonnant d'énergie et qui promettait de tout changer. Après une soirée au Fouquet's, lorsque j'ai su, le lendemain de son élection, qu'il se promenait sur un yacht de milliardaire en lieu et place de la retraite dans un monastère annoncée, j'ai compris que j'étais cocu. Moins de vingt quatre heures. Le reste a été dans la droite ligne..
Je vous ai vu arriver avec attention et sympathie. Vous étiez tout d'abord, un rempart valeureux face à la montée dangereuse d'un certain Strauss-Kahn. Je savais que vous étiez patient, habile, fin diplomate (dix ans de gestion du PS !). Et aussi que vous aviez beaucoup d'amis dans votre parti, en particulier ceux qui vous devaient beaucoup. Lorsque je vous ai vu arriver à Calais pour votre première visite en province, reçu par Monsieur Percheron, président du Conseil Régional du Nord (sur les terres de Martine Aubry !) j'ai su que vous alliez gagner. Et je vous faisais confiance.
Dire que je suis déçu est peu dire. Cette semaine de juillet où Moscovici a trouvé la commission européenne « trop à gauche » à propos d'une taxe sur les transactions boursières ! Ou vous avez interdit le survol de notre territoire au Président Colombien ! Ou vous avez choisi une Femen, payée par quelques milliardaires pour insulter catholiques et musulmans comme modèle de Marianne sur nos timbres-poste !
Puis votre attitude va-t-en guerre contre la Syrie. Votre soumission constante à la finance qui mêne cette Europe à la misère !
Pourtant j'espère vraiment que vous pourrez remonter en popularité avant 2017. Bien sûr,vous n'allez pas, spontanément, nous sortir de la dictature européenne.
Je vous demande une chose et une seule. En mon nom mais aussi en celui de tous ceux qui sont morts pour la République, la Liberté et la Démocratie, ceux que vous vouliez, semble-t-il, honorer en ce 11 novembre. Réparez l'affront fait à notre peuple par l'adoption, entre conspirateurs, du traité de Lisbonne. Consultez, par référendum, le Peuple Français sur son appartenance à l'Union Européenne avant le fin de votre mandat. Vous retrouverez votre honneur et nous rendrez le nôtre.
La simple annonce de cette consultation fera considérablement bouger les lignes à Bruxelles. Et vous redonnera une légitimité digne du Président de la République Française.
Je vous prie de croire, monsieur le Président, en mon profond respect.
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