Lettre ouverte aux élus de la République, aux journalistes, intellectuels français et aux simples citoyens
LETTRE OUVERTE AUX ELUS DE LA REPUBLIQUE, AUX JOURNALISTES, INTELLECTUELS FRANÇAIS ET AUX SIMPLES CITOYENS :
Par Arezki BAKIR, ancien militant associatif, français dit « issu de l’immigration ».
A vous tous et à vous toutes, qui faites l’opinion française.
Tout d’abord, je me présente : Arezki BAKIR, 38 ans, simple employé administratif, ancien militant associatif, français dit « issu de l’immigration », mes parents étant originaires d’un village des montagnes de Kabylie.
Citoyen de la République française, j’assiste, impuissant à la montée des communautarismes, notamment musulman. Attachés à la République et à ses valeurs de laïcité, d’égalité des chances et de liberté, je souhaite vous alerter contre l’erreur grossière que font beaucoup d’entre vous : considérer tous les citoyens originaires d’Afrique du Nord comme des sujets religieux et non comme des citoyens !
Le communautarisme impliquant que des individus se regroupent sur leurs spécificités et que les pouvoirs publics les reconnaissent en tant que tels, on peut considérer que les hérauts de la cause musulmane en France ont gagné la partie. Des gadgets communautaires (CFCM, UOIF...) ont été créés pour porter la voix des soi-disant "musulmans de France", foulant au pied la constitution française avec un rare mépris.
Toutefois, je ne peux me résoudre à accepter ce fait accompli et je souhaite donc faire entendre ma propre partition (qui est celle de la majorité silencieuse des citoyens originaires d’Afrique du Nord) afin que tout amalgame et tout lien avec ces groupuscules religieux qui gesticulent entre eux soit écarté.
Le citoyen français que je suis veut s’inscrire dans la droite lignée des précédentes vagues d’immigration (polonaise, italienne, ibérique...) et je ne réclame absolument aucune faveur (reconnaissance de mes spécificités) et aucun passe-droit (discrimination positive). Je veux, ni plus, ni moins, les mêmes droits et les mêmes devoirs que le reste de mes concitoyens.
Une gravissime erreur a été commise lorsque l’on a parqué entre elles des populations originaires d’Afrique. L’absence de mixité sociale a entraîné un réflexe communautaire, un repli sur soi sur des valeurs qui ne sont malheureusement pas celles de la République. Une partie de la jeunesse, certes minoritaire, qui en est issue a grandi en développant des comportements violents et des codes linguistiques qui sont devenus de véritables obstacles à leur intégration (notamment professionnelle), suscitant également la peur et le rejet d’un nombre grandissant de la population française, exaspérée par l’arrogance de certains d’entre eux.
Les citoyens français sont tous choqués et exaspérés par les débordements sporadiques que l’on peut constater dans des localités de certaines de nos banlieues, sous le regard condescendant de certains acteurs politiques continuant de considérer les voyous comme des êtres victimes de la société et méritant de ce fait la mansuétude des pouvoirs publics.
Cette lecture des évènements, maintenant la tête des jeunes délinquants sous l’eau en refusant de les placer devant leurs responsabilités, montre à quel point il est difficile, pour certains acteurs politiques et associatifs, de considérer les individus issus de cette vague d’immigration comme des citoyens à part entière avec des droits mais également des devoirs. N’insistant pas suffisamment sur les devoirs du citoyen, le discours victimaire érigé au rang de slogan politique continue de produire ses effets désastreux dans la société française...
Les jeunes qui ont sombré dans la délinquance et la marginalisation sociale sont une cible idéale pour les idéologues de l’islam le plus radical. Sensibles à un discours trompeur qui les flatte et leur donne le sentiment d’exister en tant que membres d’une communauté, ceux-ci sont de plus en plus endoctrinés et s’éloignent de manière quasi-irrémédiable des valeurs de la République.
Confortés par un discours dominant d’auto-flagellation perpétuel et la caution implicite des tenants du discours victimaire, les jeunes méprisent un pays qui se méprise lui-même. Et, par extension, idéalisent un pays d’origine qu’ils ne connaissent pas et qui n’a, le plus souvent, que misère, souffrances et répression à offrir à ses habitants. Comment ne pas s’inquiéter de l’islamisation de pans entiers de cette jeunesse ? Comment ne pas être en colère face à l’émergence du fanatisme, qui a plongé des familles entières, la nation française avec elles, dans la douleur et le deuil ? Comment la République Française a-t-elle pu permettre l’installation de l’obscurantisme islamiste sur son territoire ? Naïveté ? Humanisme ? Relativisme culturel ? Irresponsabilité ?
Issu de cette vague d’immigration prise au piège du communautarisme, je veux proposer un autre chemin que celui de l’infantilisation de la communauté à laquelle on m’assimile par commodité : la communauté musulmane (en fait nord-africaine). Cette « communauté », partie intégrante de la nation, n’a pas à réclamer quoi que ce soit en tant que telle. La république ne reconnaît que les individus et une seule communauté : la communauté nationale. Lorsque nous entendons certains représentants auto-proclamés des "musulmans de France" réclamer la construction de mosquées supplémentaires alors que la majorité des français issus de l’immigration ne demande rien et que même, une partie non négligeable d’entre eux, dont je fais partie est soit athée, soit agnostique ou tout simplement indifférente, je mesure à quel point la classe politique française, mais également les médias dominants, sont sous l’emprise des théologiens musulmans et complexés par l’islam. Et surtout, prisonniers d’une vision simpliste, caricaturale, du citoyen d’origine nord-africaine.
Non seulement la construction de mosquées supplémentaires financées par l’état n’est pas souhaitable mais j’affirme également que l’argent qui servirait à ces constructions devrait au contraire permettre la construction de lieux de vie, d’espaces pédagogiques susceptibles d’arracher la jeunesse des banlieues à l’impasse obscurantiste et de l’intégrer à la République laïque.
Face à ces revendications religieuses, l’arme de la laïcité doit être brandie sans aucun complexe !
Que dire de l’antisémitisme branché incarné par de cupides imprécateurs sur internet ? Comment accepter que des citoyens juifs, ou d’origine juive, soient pris pour cible par des jeunes sous influence ? Comment accepter qu’un conflit extérieur (israélo-palestinien) soit importé chez nous pour alimenter la haine entre « musulmans » et « juifs » ? N’y a-t-il pas faillite du modèle républicain français pour en arriver à de telles extrémités ? Les organisations « luttant contre le racisme » ne le favorisent-elles pas au final ?
Pourquoi ne pas reconnaître que la plupart des personnalités ou organisations ayant fait de la lutte contre le racisme leur raison d’être ne fait le plus souvent que défendre une chapelle contre une autre chapelle ? Pourquoi ne pas reconnaître que l’antiracisme institutionnel n’est autre que l’institutionnalisation du communautarisme ?
La France est un pays qui a une histoire, des valeurs, une culture et un rayonnement international. Les individus qui prétendent vouloir s’y installer doivent se mettre au diapason de cet héritage et faire leurs ses règles de fonctionnement. La France ne peut pas apprendre aux rejetons de l'immigration que leurs ancêtres étaient des "Gaulois". A contrario, ces mêmes rejetons ne peuvent pas demander à la France de devenir un pays musulman. Les nord-africains (surtout de nos jours) de France quittent souvent leur pays d’origine pour fuir les contraintes d’un islam rigoureux, des traditions et du manque de liberté d’expression. Vouloir reproduire en France ce qui maintient ces pays d’origine dans un état de sous-développement et de frustration sociale est incompréhensible...
J’appelle donc les citoyens français issus de l’immigration nord-africaine, refusant de se laisser enfermer dans le carcan de leurs origines par ceux-là même qui "leur veulent du bien" à s’emparer et se parer des habits de la citoyenneté et à faire entendre leur voix.
Pour conclure, je souhaite, au nom de la liberté d’expression, rendre hommage aux nombreux élus, journalistes, artistes, intellectuels, femmes et hommes politiques ou simples citoyens, qui se battent pour que les fondamentalistes ne gagnent pas l’âpre combat qui les oppose à la liberté.
Mesdames et Messieurs, je ne souhaite pas que la France devienne une juxtaposition de communautés antagonistes. Je veux mettre mes spécificités, s’il y en a, au service du pays et, pourquoi pas, d'une Europe que je souhaite unie dans un futur proche.
La France est notre avenir à toutes et à tous, nous ne devons pas assister silencieusement au processus de destruction de la République.
Vive la République universaliste !
Arezki BAKIR
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