Liberté d’expression
à ce blogueur que je ne peux citer ici et son combat pour la vérité
Terrorisme de prétoire…
Rappelez-vous l'indignation générale après le lâche et ignoble attentat de Charlie Hebdo. L'obscurantisme islamique s’en prenait à la nation et à son principe sacré de liberté d'expression. Tous les tartuffes de la planète se retrouvèrent boulevard Voltaire pour se montrer surtout et accessoirement affirmer leur attachement indéfectible à ce sacro-saint principe. Les observateurs attentifs pouvaient se gausser de la formidable hypocrisie de l’heure : des tyrans en herbe se mêlant au cortège des jocrisses et des hypocrites de toutes sensibilités …
Oui, la liberté d’expression attaquée à coup de kalachnikov c’était parfaitement odieux. Nous avions touché le fond de l’ignominie et de la barbarie. Personne ne pouvait admettre pareille manière de faire taire ceux qui déplaisent pour une raison ou pour une autre. Le prix du sang pour avoir fait couler un peu d’encre : la note était disproportionnée à n’en point douter.
Mais nos joyeux représentants ne sont pas en reste quant aux attaques insidieuses contre cette liberté qu’ils prétendent chérir. Oh, ils sont bien plus subtils que ces hordes de sauvages manipulés par des penseurs abjects. Chez nous, la liberté d’expression se fracasse dans les prétoires, les menaces de diffamation et les papiers bleus. Une armée d’avocats, payée à nos frais, étant sur le qui-vive pour traquer le malotru qui ose dénoncer magouilles et malversations, combines et arrangements douteux de ce petit monde aux affaires.
Je sais un blogueur, militant infatigable de la cause sociale, défenseur des plus faibles, pourfendeurs des abus et des injustices qui va se retrouver devant un tribunal pour avoir simplement dénoncé les carences de l'hôpital public, chiffres à l’appui et dénonciation explicite en prime. Un directeur, forcément très humain, s’est senti offensé, attaqué dans sa dignité d'exécuteur des ordres iniques. Il a saisi la justice pour faire taire l’indélicat lanceur d’alertes, le frapper au porte-monnaie : la seule valeur que reconnaissent ces autres gredins, bien sous tous rapports.
Le cas n’est pas isolé. La procédure douteuse. D’un côté, une institution qui va mettre des moyens énormes pour punir l’importun, de l’autre un citoyen indigné qui se retrouve en grande faiblesse et parfaitement isolé devant cette machine à broyer le citoyen par l’argent. Le pauvre homme sera balayé comme un fétu de paille par une machine de guerre composée d’avocats impitoyables et d’une justice aux ordres des puissants.
Dans ce combat inégal, il faut frapper les esprits, décourager les autres en faisant un exemple. La vérité se paie cash : ça se nomme dommages et intérêts. Quelle belle farce que cette justice qui ne sait que se plier aux ordres ! Le blogueur sera bâillonné car il est éminemment dangereux. Celui qui dit la vérité, on l’exécute à coups d’assignations vengeresses !
J’ai connu pareil désagrément. Un gentil sénateur m’avait menacé de connaître pareille attaque si je publiais un billet que j’avais eu l’imprudence de lui communiquer avant diffusion. J’y dénonçais les petits arrangements avec les principes et la loi pour conserver une place qu’il ne pouvait obtenir qu’avec les voix de ses adversaires politiques. Le dossier que je défendais étant de peu d’importance au regard d’une réélection triomphale …
J’ai cédé. Je n’aurais jamais pu rivaliser avec ce personnage qui aurait utilisé les moyens que l’État met à sa disposition pour garder intacts sa réputation et son honneur. J’ai plié devant cette menace du tribunal car en dépit de la justesse de la cause, je savais la bataille perdue d’avance. Le pouvoir aime à exprimer ainsi sa grandeur par des moyens inégaux. La bataille du pot de terre contre le pot de fer donne si rarement la victoire au plus faible. Je garde sous le coude ce texte ; je ne désespère pas de le lui offrir en guise d’hommage quand il en aura fini de jouir de tous ses privilèges honteux !
Sans arme ni effusion de sang, les puissants sont à l’abri de critiques pourtant légitimes. Le prétoire est leur moyen élégant de mettre à mal la liberté d’expression, de condamner au silence les empêcheurs de magouiller en rond, les défenseurs de la morale et des plus faibles. Je suis de tout cœur avec ce camarade ; je ne peux le nommer pour ne pas aggraver son cas. Monsieur le directeur d’hôpital outragé en tirerait encore profit. Son honneur est sans doute plus important que le respect de sa mission.
Injustement leur.
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