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Loin de la foule en pleurs

Dans un train, un contrôleur a demandé sa carte d'handicapé à Philippe Croizon, amputé des quatre membres rappelons le. Certes on pourrait dire que cet employé de la SNCF ne faisait que son travail, qu'il obéissait aux ordres. Mais il me semble que le handicap de monsieur Croizon est suffisamment visible pour qu'il ait à le prouver. Tant d'aveuglement buté frappe l'esprit. Tant de sottise satisfaite aussi. C'est aussi le genre d'épisodes montrant ce qui peut se passer sous un régime totalitaire, ils sont alors nombreux celles et ceux ne faisant que leur travail.

L'anecdote a provoquée de nombreuses réactions courroucées et, ou émotionnelles sur le net. De la colère et des larmes d'indignation très éloignées de la réalité de la perception quotidienne des handicapés loin des statuts "facebook" ou "twitter" ronflants et "pleurnichogènes", loin de la pseudo communion humanitariste du "Téléthon", prétexte "festiviste", alibi pleins de bons sentiments. Il y a un côté aussi très hypocrite à toutes ces saintes colères naissant aussi et surtout de la célébrité médiatique de Philippe Croizon.

Dans la vraie vie, dans notre société marquée par un darwinisme social abject, les handicapés sont des gêneurs. Ils obligent les personnes à un civisme auquel elle rechigne de plus en plus et je n'évoque ici même pas les places de parking "handicapés" régulièrement utilisées par de bons citoyens des plus valides. Ils ont toujours tous une bonne raison de s'y mettre. Ils sont toujours dans leur bon droit quant au supermarché ils vont payer leurs articles dans la file d'attente dite "prioritaire". Certains vont de temps à autres, heureusement ce genre d'individu est rare, jusqu'à demander sa carte d'invalidité à une personne dont l'affection est pourtant visible.

Elle se doit d'être une sorte d'ange désincarné alors qu'une personne handicapée peut être emmerdante, pénible, un sale caractère car humaine comme vous et moi, comme nous tous. C'est la raison pour laquelle j'aime beaucoup le personnage d'O0livier Gourmet dans le film "Nationale 7", un tétraplégique mal embouché qui veut coucher juste une fois avec une prostituée (voir à ce lien).

Je ne raconterai même pas ici les petites phrases, les remarques sibyllines auxquelles s'exposent une personne en dehors des standards physiques habituelles. Celle-ci devrai prouver plus que les autres sa compétence et son désir de bien faire. Beaucoup plus que tous les autres. Malgré tout son travail, il arrive qu'elle demeure suspecte malgré tout.

Elle le sera toujours, on lui reprochera à demi-mot d'avoir une place de par la charité publique, pour que l'entreprise ou l'institution fassent bonne impression. Elle sera toujours plus ou moins "l'éclopée de service" (comme il y a "l'homo de service", "l'africain de service" etc....). Dans notre société se prétendant tellement progressiste cela n'étonnera que les crédules. Tout le monde le sait plus ou moins depuis longtemps. Il n'y a guère que le vernis civilisationnel s'accrochant encore un peu à nos esprits par plaques comme une vieille manie.

D'aucuns parmi nous sont prêts à s'en débarrasser : Pourquoi se soucieraient-ils encore de ces cloportes, de ces handicapés, eux qui sont si beaux, si intelligents, si cultivés, si soucieux de leur apparence ? Enfin de celle de leur enveloppe corporelle, que leur esprit soit laid, ils s'en contentent fort bien.

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury - Grandgil

illustration prise ici


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