Marcher avec les sans terre de l’Inde
En septembre en France, puis en octobre en Inde des marches citoyennes signifient au monde qu'il est nécessaire de procéder à une juste répartion des terres. Pour le bien de tous et pour le bien de la Terre elle-même.
Des pas, juste des pas les uns après les autres, le plus souvent sur le bitume au bord de la route. Nous avons fait 23 kilomètres entre Montpellier et Poussan, le samedi 22 septembre, 2012 en direction de Carcassonne. Une quarantaine de participants âgés de 18 mois à plus de 70 ans, vivent l’évènement.
Urgent d’exprimer collectivement quelque chose.
Sont là beaucoup de figures connues croisées dans les actions du Cercle de silence, du MAN, de la Confédération paysanne, de la ligue des droits de l’homme, des amis de l’Arche de Lanza del vasto, de Gandhi international, du réseau écoles sans frontières…ou rencontrées lors des rencontres Ecole et Nature ou des sorties naturalistes des écologistes de l’euzière. J’ai parlé avec une militante qui appartenait à 17 associations, et qui presque s’excusait en disant qu’elle n’était réellement active que dans 4. Rassemblement d’un tas de gens de bonne volonté qui trouvent tout simplement qu’il est urgent d’exprimer collectivement quelque chose.
Une marche de 285 kilomètres de Gwalior à Delhi
Clairement l’action est juste. Il s’agit d’éveiller l’opinion française au fait qu’en Inde ce sont 100 000 paysans sans terre, membres des populations tribales, intouchables, notamment les femmes…qui sont en ce moment même en préparation pour une marche de 285 kilomètres de Gwalior à Delhi. Leur situation n’est plus tenable ; terres, eau, semences…tout leur échappe, pendant que tranquillement le rouleau compresseur du développement aveugle écrase tout…Ce rouleau compresseur en viendrait même à tenter d’effleurer jusqu'à nos plus anciennes espérances. Le collectif Ekta Parishad qui fédère 380 organisations assure l’organisation de cette opération. Il n’en est pas à son coup d’essai et en Inde marcher c’est dans la culture, c’est dans la culture de marcher pour du sens.
On peut retrouver sa dignité en marchant
Des pas, juste des pas les uns après les autres, des centaines de milliers ici, bientôt des milliards la bas. Voilà pour le comment. Tradition lointaine pour ceux qui luttent sans rien dans les mains, parce que pas riches ou parce que non violents ou les deux. Gandhi a fait de la marche un moyen moderne de lutte. Il en a fait le signe d’un engagement personnel et un moyen de mobilisation. On peut retrouver sa dignité en marchant avec d’autres qui refusent d’y renoncer. Marcher nous aide à relever la tête. La dignité va avec l’espérance et l’espérance avec le courage, que ferions nous sans cela.
Gandhi avait prédit la création de facebook,
Marcher c’est une façon de dire sa solidarité, une façon de montrer qu’on est là, démunis sans doute, sans finances, sans la presse, sans rien…mais avec des convictions profondes et avec une histoire dont nous sommes fier. Et avec beaucoup d’amis. D’ailleurs, je l’annonce haut et fort, aussi incroyable que ça puisse paraître Gandhi avait prédit la création de facebook, il a écrit : « …j’espère pouvoir au cours de cette vie, sinon dans l’autre, pouvoir rassembler l’humanité dans un seul mouvement d’amitié* ».
Ne jamais couper le fil
Cette histoire, dont l’aventure de l’émancipation du peuple indien est un des plus bel épisode, c’est la notre. Celle de l’émancipation par la non violence, avec une méthode simple : agir, aller vers les autres, décloisonner, s’écouter, choisir des cibles précises… communiquer, saisir l’opinion, s’inscrire dans le long terme, faire le choix de la proximité, échanger, discuter, essayer de comprendre et de se faire comprendre, ne jamais renoncer, ne jamais couper le fil avec personne et surtout toujours tâcher d’être humain, toujours chercher le chemin de sa propre humanité. On le sait, tout le monde le sait, et ça nous revient à l’esprit dans ce moment de violence pour un film, une image, du pétrole… : Armer l’esprit, c’est désarmer la main.
17 octobre sur le parvis des droits de l’homme au Trocadéro
Hier à Poussan sous les platanes, l’accueil organisé par le collectif : « non à l’Hinterland » était formidable. Verre d’eau ou de bière, cagettes de reines claudes qui circulent venant à nous portées avec d’immenses sourires, cagettes de raisins, verre de vin…On mettait la main à la poche pour payer et on vous disait : « vous êtes marcheurs ? », « heu …oui », « alors pour vous, c’est gratuit ». Les moules étaient bonnes, les chansons entraînantes, la danse indienne, le débat citoyen, le sentiment d’être ensemble à notre place très fort. Rendez-vous est prit en Languedoc pour une arrivée à Carcassonne le 28 septembre à 17h30 et rendez-vous aussi à Paris le 17 octobre sur le parvis des droits de l’homme au Trocadéro. Ceux du Croisic seront accueillis après leurs 532 kilomètres de marche à pied
Des vieux trucs en fait
C’était ma première « marche citoyenne » possible que ce ne soit pas la dernière. Quelle bonne ambiance, que de sourires, que de convictions, d’expériences et d’espérances partagées. Oui il est urgent d’exprimer collectivement quelque chose. Nous voulons juste un peu plus de justice, un peu plus d’égalité, plus de fraternité, plus de liberté…des vieux trucs en fait, mais qui nous collent à la peau et sérieusement on dirait.
à suivre.
* in : « Tous les hommes sont frères » ed : folio essais, page : 166.
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