Méfiez-vous de la nature ou attention au retour du maternalisme
« Méfiez-vous de la nature », nous sommes engluées dans des discours naturalistes qui nous forcent à penser que naître femme oblige à agir en fonction des stéréotypes culturels archaïques qui nous ont bercés depuis le landau, nous tous depuis plusieurs siècles. Ce déterministe biologique enferme les femmes et les hommes dans des postures rétrogrades contre lesquelles Simone de Beauvoir s’est battue dans la continuité des suffragettes, l’émancipation de la femme a pris le relais avec les mouvements pour le droit à l’avortement, Elisabeth Badinter s’est appuyée sur les écrits de Simone de Beauvoir...
« Et puisque c’est en tant que mère qu’elle a été asservie, c’est en tant que mère qu’elle sera chérie et respectée », Simone de Beauvoir, « Le Deuxième Sexe »...
Aujourd’hui, ces acquis qui semblaient inaliénables sont remis en cause... Qu’en est-il du féminisme aujourd’hui ?
Il convient de rappeler que la conceptualisation du déterminisme biologique est en rapport avec un déni de la culture et fait tremplin à la justification toutes les discriminations.
Le retour à un ordre moral reste un risque important avec le retour actuel du maternalisme...
Jeudi 10 janvier sur France 5 un documentaire à la mémoire de Simone de Beauvoir revient sur la vie de cette grande philosophe (lien vers le documentaire intégral en fin d’article).
Elisabeth Badinter explique en quoi le livre Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir a modifié sa vie.
Mais qu’en est-il maintenant ? On parle de retour du discours essentialiste.
Il n’y a qu’à écouter les avis des gens interrogés dans la rue pour se rendre compte que le discours maternaliste de rigueur sous le régime de Vichy a la dent dure :
En Allemagne, mais c’est aussi vrai en France, le capitalisme et le discours biologiste considère que la femme au foyer doit être la norme.
Il convient de se poser la question du genre, Sylviane Agacinski * fait le tour de la question et revient sur la parité.
En conclusion, je laisse la parole à la conclusion du débat Paris-Berlin diffusé sur Arte le 10 janvier à 23 h 30 (lien vers le débat intégral en fin d’article).
Article de Jérôme Messinguiral, membre de l’association Les Papas = Les Mamans
Voir l’article sur le site de l’association : cliquez ici
Jeudi 10 janvier 2008 sur France 5 à 20 h 45 On ne naît pas femme... « On ne naît pas femme, on le devient »,
écrivait en 1949 Simone de Beauvoir. Son ouvrage, Le Deuxième Sexe, a
profondément transformé la société du XXe siècle. Femme aux multiples facettes,
Simone de Beauvoir, qui aurait eu 100 ans en 2008, n’est pas le personnage froid
et cassant, vivant dans l’ombre de Sartre, comme on l’a trop souvent écrit. Ce
document s’attache à faire découvrir une femme radicalement différente de ce que
la mémoire collective a retenu. L’énorme impact qu’a eu Le Deuxième Sexe sur
des générations de femmes et de nombreux témoignages de proches de Simone de
Beauvoir permettent de dresser un autre portrait de la philosophe.
Paris-Berlin, le débat est enregistré en public alternativement à Paris et à Berlin, et diffusé le jeudi vers 23 h 40. Des personnalités européennes (intellectuels, artistes...) sont invitées à débattre sur un thème lié à l’actualité. Dans ce premier numéro, Isabelle Giordano interroge l’engagement féministe aujourd’hui.
Invités : Agacinski Sylviane*, Irène Théry (voir les infos sur wikipédia , Pascal Bruckner (voir sa fiche auteur sur wikipédia), Théa Dorn féministe allemande (plus d’infos sur wikipédia, en anglais...) Femmes, que voulez-vous ? Quarante ans après, que reste-t-il du combat des pionnières ? Assiste-t-on à un recul des droits des femmes ? Faut-il continuer le combat, quelles sont ses priorités ? Si les femmes sont toujours confrontées aux discriminations salariales, professionnelles et au partage inégal des tâches domestiques, de nouvelles questions apparaissent. Le féminisme dans son acception occidentale est-il toujours voué à servir la cause des femmes du monde entier ? Comment prendre en compte les enjeux de sociétés de plus en plus multiculturelles ? La mondialisation oblige à repenser de manière urgente les rapports entre les hommes et les femmes.
* Agacinski Sylviane, Politique des sexes précédé de Mise au point sur la mixité, Le Seuil, 2001*, première édition : février 1998. - A la différence de ses trois précédents livres, Politique des sexes se veut autant un livre de réflexion que d’intervention. Philosophique, sans doute. Mais aussi, comme son titre l’indique, politique. Son objet est lui aussi parfaitement défini : la différence sexuelle est une donnée naturelle que toutes les sociétés interprètent diversement. Partout, on cultive la différence des sexes. Mais partout aussi, cette différenciation établit une hiérarchie : le masculin domine le féminin, l’efface même pour figurer à lui seul le genre humain. L’universalisme représente une forme moderne de dénégation de la différence. Contre cet effacement, Sylviane Agacinski propose une philosophie de la mixité qui rompt à la fois avec les modèles masculins et certains aspects du féminisme. Autrement dit, l’auteur propose de sortir de la nostalgie métaphysique de l’Un pour découvrir qu’à l’origine il y a non pas Un mais Deux : le masculin et le féminin. Critiquant Simone de Beauvoir, Sylviane Agacinski affirme l’urgence, pour les femmes, d’abandonner l’opposition entre "destin biologique" et "liberté". La maternité devient ici une expérience privilégiée de la responsabilité et un modèle universel d’ouverture à l’autre. La dernière partie du livre concerne directement la politique en France aujourd’hui quand l’auteur se lance dans le débat sur la parité en politique. Sylviane Agacinski est philosophe, enseigne à l’Ecole des hautes études en sciences sociales. Déjà paru au Seuil : Le Passeur de temps. Modernité et nostalgie, 02/02/00.
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