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Mettre en marche

Ce texte s’interroge sur la façon d’installer un pouvoir citoyen sur le système financier.

(Dans ce texte sont laissées de côté la misère, la question de l’écologie et celle de l’utilité réelle de telle ou telle production.) 
J’espère que plusieurs se plairont à reconnaître des traces de leur travail : ma signature est en quelque sorte abusive. Aussi je souhaite des cosignatures.
Comment, par exemple, mettre en place une banque centrale au service de la population ? Plus généralement un système bancaire délié des spéculateurs financiers sans scrupules ? Et aussi non-soumis à des gouvernants plus ou moins bien élus, suspects de viser avant tout leur réélection ou l’intérêt privé de leur parti ?
 
Contrainte supplémentaire : ne pas reculer sur l’Europe ! Nous voulons l’Europe, mais une autre Europe. Qu’ont encore de public nos états ? Comment dans un même mouvement envoyer dans les cordes le marché non-régulé et prédateur et progresser vers une union respectueuse des diverses cultures présentes ?
 
Comment installer le pouvoir financier citoyen qui n’existe pas encore ?
 
Rappel : rendre la justice et créer la monnaie constituaient, constituent des bases du pouvoir royal, de la souveraineté. 
Il est cohérent qu’en démocratie le peuple prenne le relais du prince. Comment ?
 
L’argent a appris depuis longtemps à instrumentaliser les élections. Les scrutins sont malheureusement minés. Les majorités d’appareils sont facilement stoppables. Les majorités populaires peuvent être aveuglées et d’autres bafouées (2005). Conservons et amplifions le suffrage universel par respect du passé et d’un idéal qui a besoin d’une voie, mais cherchons parallèlement un équipement démocratique "tout-terrain".
 
Le tirage au sort de citoyens, bien que surprenant, peut constituer le meilleur (ou le moins mauvais) moyen pour créer une présence populaire authentique sans passer par la case "élections". Là où il y a urgence et dès que c’est possible.
 
Avec la sélection au hasard, on replonge dans le procédé des origines, grecques, de la démocratie. L’étonnement passé chacun peut découvrir que cet outil met tous les citoyens dans le coup : diriger, décider peut arriver à tous. C’est une motivation forte pour l’étude dès le jeune âge : elle aidera les pédagogues, éveillera les ados. Tirer au sort c’est affirmer courageusement la valeur de chaque être, assumer jusqu’au bout le concept de démocratie auquel nous prétendons croire. 
 
J’entends alors bien des critiques fondées sur les nécessaires précautions à prendre. Pour sortir des craintes justifiées ne suffit-il pas de poser aux élus du sort, la question : "acceptez-vous cette charge ?" Avec liberté complète de réponse positive ou négative.
 
La société les aura préalablement informés sur les éléments objectifs d’une monnaie, sensibilisés aux risques de violences, par l’école au sens le plus large : formelle et informelle, et par un rappel circonstancié. L’affaire est à creuser, il y a une mine à explorer.
 
Bien entendu le tirage au sort (T.A.S.) n’est pas la panacée. Elections, référendums au suffrage universel et autres consultations conservent leurs valeurs ou peuvent s’accroître. Le T.A.S. pourrait prendre racine dans tous les secteurs socio-éco-économico-politiques où l’intervention citoyenne est nécessaire alors que des élections y sont impraticables ou impratiquées.
 
 
Un précédent judiciaire en activité
 
Dans l’acte de rendre justice, le tirage au sort existe. Les jurys d’assises populaires sont inscrits dans la loi de notre pays et, je crois, de beaucoup d’autres en Europe et ailleurs. Visiblement la société humaine se rallie à cette pratique. On n’a pas trouvé mieux pour assurer l’acte, ô combien difficile, de juger. Les statistiques sur des décennies sont favorables aux jurys populaires "aménagés" par rapport aux tribunaux uniquement professionnels ou seulement populaires. C’est une très bonne surprise. Elle a une histoire déjà longue, probante.
 
"Aménagés" signifie que les neuf jurés tirés au sort sont majoritaires dans l’outil, mais ne sont pas responsables seuls. Ils sont accompagnés de trois juges professionnels, compétents et minoritaires. 
 
L’alliage (3/4, 1/4) mêle une fraîcheur populaire, laïque, sincère, peu expérimentée et amateure, avec la technicité de spécialistes potentiellement sujette à la routine et à des formes, pas forcément religieuses, de "cléricalisme". Ces aspects sont déterminants pour investir la question monétaire.
 
En annexe, il faudra améliorer la liste des citoyennes et citoyens proposée au T.A.S. et le mode de sélection des juges-éclaireurs-arbitres. Il y a à redire.
 
Un transfert possible
 
Après le TAS de citoyens contribuant déjà à rendre justice, venons à la monnaie. Nous avons affaire à un problème très différent il faut le reconnaître, mais rien de ce qui est humain ne peut nous être étranger. La monnaie est création humaine, polyculturelle.
 
On peut craindre l’individu isolé face à des banquiers aguerris. Remarquons que des jurés assemblés deviennent un jury, un groupe. Ses réponses peuvent s’affirmer autrement surtout si les spécialistes à leurs côtés sont honnêtes et les éclairent sur les forces gloutonnes de l’argent-prédateur.
 
Les experts de l’argent existent ce sont les agents du fisc et les banquiers eux-mêmes. Ils sont loin d’être tous inféodés à leur état ou au capital anonyme. Leurs représentants - élus ou tirés au sort eux-mêmes - viendraient s’adjoindre aux TAS. Ils joueraient un rôle comparable à celui des juges professionnels d’assises. Comment sélectionner équitablement des experts de l’argent ? Elus des travailleurs du fisc et de la banque, nous trempons à nouveau dans les difficultés d’ élections. Ce n’est pas inenvisageable mais si celles-ci s’avéraient trop faussées ou faussables, nous pourrions nous rabattre sur le sort. Organiser ces élections incomberait au pouvoir législatif des territoires concernés (députés, conseillers régionaux, conseillers généraux, conseillers municipaux). Des formules diverses peuvent très bien s’imaginer : nous ne sommes pas des ennemis de la liberté, mais seulement de ses excès. 
 
Les complications monétaires résultent bien plus de la volonté de quelques uns de cacher la réalité pour mieux dominer, que de l’argent lui-même. La monnaie est la représentation symbolique et conventionnelle de la valeur d’un travail, bien ou service. Les intérêts qui s’y ajoutent sont abusifs dès qu’ils ne correspondent pas à un réel travail d’intermédiaire. Les services bancaires ont un prix, mais celui-ci ne devrait pas être couramment fonction de l’importance des sommes manipulées. Des règles strictes s’imposent lorsque des personnes ont entre leurs mains des "billets électroniques" qui ne sont pas leur argent, leur travail, leur propriété. On ne peut dépenser que ce qu’on produit ou possède honnêtement. La corporation de ceux qui font de l’argent avec de l’argent, ne produit que du faux papier. Elle a aussi de l’or en réserve...à nous de ne plus en être fascinés. L’illusion que la richesse est là, a assez duré.Cette richesse porte un nom c’est le vol.
 
Les paillettes de la mafia dominante arrosent (mal) pour se créer un parti. Les moyens-riches, les capitalistes industriels qui travaillent encore, devraient vraiment faire leurs comptes et s’allier avec les honnêtes travailleurs. Sans quoi nous serons tous dindons.
 
La monnaie peut être n’importe quoi de suffisamment peu coûteux à produire, et de suffisamment rapide à fabriquer pour suivre au plus près la quantité et la qualité de travail existant sur le marché. Le reste (sa forme physique, sa valeur numérique, etc) est affaire de conventions, de relations réciproques, équitables si l’on veut la paix, entre groupes humains.
 
Observons les facilités électroniques pour tenir une comptabilité. Remarquons que l’argent est d’usage courant et que chacun en a une expérience considérable... comme chacun peut avoir ressenti (sans y céder en général) les violences conduisant aux assises.
 
Prospectons ardemment, car la situation actuelle ne peut durer et nous envoie dans le mur. Les politiciens ne maîtrisent pas l’argent (c’est trop souvent l’inverse), les fonctionnaires d’état non plus et les grands-banquiers livrés à eux-mêmes ont, corporativement, failli.
 
Le contrôle, la surveillance, l’orientation, la co-direction, la gouvernance des monnaies et autres institutions financières est indispensable. Les banquiers qui voudraient être sages (ça existe) ou remis au pas par des lois supranationale, nationale ou locale, nouvelles s’enrichiraient d’organismes-conseils dérivés des jurys judiciaires d’assises.
 
Le pouvoir citoyen passe par la capacité d’imaginer des solutions multiples en fonction de divers tailles, formes et peuplements de territoires. Des agences locales aux "majors" en passant par filiales et groupes divers. Il y a de quoi faire ! Et trouver de l’emploi pour d’actuels chômeurs, des ex-"trèsd’heures" et courtiers dé-salés d’une industrie ayant perdu la tête et prête à la reperdre. 
Une variété de solutions locales pourrait être favorisée par le mouvement planétaire des monnaies complémentaires (1). Des rapports officiels ou scientifiques, des expériences depuis les années trente en démontrent l’efficacité socio-économique ; non pas des instruments mais de l’honnêteté qui crée la confiance.
 
Conclusion
 
La crise va redémarrer avec son cortège de chômages et de fausses surproductions. Sa date exacte importe peu : elle aura lieu. Préparés psychologiquement nous pouvons rester calmes et lucides au milieu de l’affolement réel ou programmé même si nos outils démocratiques sont juste ébauchés. Nous pouvons motiver des millions de chômeurs, tous les sous-employés et tous les maltraités. 
 
Spéculons, la spéculation n’est pas automatiquement malhonnête. L’investissement démocratique est jouable si nous le savons fondé.
 
La simplicité, la compréhensibilité du projet "TAS" pourra mobiliser en notre faveur. Beaucoup de citoyens apparemment absents des luttes ou des votes ces temps-ci , saoulés de discours embrouillants qui finissent par donner l’impression de ne plus rien comprendre (même quand on est spécialiste) prendront le risque de l’action : "Après tout, faisons nos comptes, qu’a-t-on à perdre ? Le problème nous "crève les yeux", mais peut-être plus pour longtemps !"
 
Cordialement et polycitoyennement
 
 
L’argent est une création humaine, le système monétaire est donc transformable par la volonté d’êtres humains.
Certes, l’argent n’est pas tout ! mais il colle à tellement de problèmes depuis des siècles...
La richesse n’est pas l’argent, mais le bien ou le service qu’il remplace. L’argent fait illusion (2).
L’engendrement de la monnaie comme dette sur notre dos est à peine croyable (3). Ça nous crève les yeux. Combien de temps encore ?
Partout et toujours celui qui commande fait la monnaie : nous sommes donc en ploutocratie. En démocratie 100% de la monnaie doit naître d’un organe contrôlé par des citoyens. 
Les citoyens c’est plus que l’état ! 
 
(1) Un mouvement local et global :
 
(2) Simpliste et géniale à la fois, une fable des années trente sur l’argent. Adaptée, elle est lisible dès 11-12 ans et permet, même aux allergiques et illettrés financiers, de découvrir ce qu’est l’argent :
http://www.bankster.tv/index.php?topic=60.0
(3) Un classique :
 http://www.vimeo.com/1711304?pg=embed&sec=1711304
 
Vous laïcisez ce qu’il faut et le principal devient très clair
http://www.michaeljournal.org/Larkin_fr.pdf

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4 réactions à cet article    


  • Jean-Pierre Llabrés Jean-Pierre Llabrés 21 août 2010 07:35

    "Comment, par exemple, mettre en place une banque centrale au service de la population ? Plus généralement un système bancaire délié des spéculateurs financiers sans scrupules ?"

    Le problème du Capitalisme ne réside pas exclusivement dans le système monétaire et financier. Les droits de propriété (actions) sont concentrés entre trop peu d’actionnaires quand il faudrait rendre actionnaire l’intégralité des citoyens-électeurs-contribuables, dans toutes les entreprises, y compris les banques, pour contrôler le Capitalisme et le faire évoluer vers un Capitalisme Anthropocentrique, Philanthropique et Équitable grâce à l’instauration d’une Allocation Universelle transitoire suivie de la génération d’un Dividende Universel permanent et évolutif, « fonds de pension national et privé » solidairement et collectivement géré par une structure spécifique privée, donc indépendante de l’État et représentative des citoyens-électeurs-contribuables.
    (cf.
    Mémoires présidentiels : 2012 - 2022)
    Un nanti capitaliste (monomaniaque & sans complexe).

    Bis repetita placent...
    (parce qu’il se trouvera toujours des mauvais coucheurs, qui peut-être se reconnaîtront, pour me reprocher mon commentaire et remplacer l’argumentation par l’insulte)
    La liberté d’expression permet aux « anti-capitalistes » et aux "anti fonds de pension", et cætera, de répéter inlassablement leur thèse.
    Donc, n’en déplaise à beaucoup, la même liberté d’expression m’autorise également à répéter tout aussi inlassablement mon antithèse.


    • Michel Portal 21 août 2010 12:35

      Bonjour Jean Pierre Llabrés,


      Je n’ai rien contre une allocation universelle de sécurité.
      Le problème du capitalisme ne réside pas exclusivement dans le système monétaire et financier c’est sûr, mais il y trouve sa source. 

      Je note deux activités condamnables parce qu’en plus de confisquer, elles donnent un mauvais exemple :
      1- La malhonnêteté induite par la captation privée de la monnaie publique par quelques banques très privilégiées. Prêts d’argent public à moins de 1% ! Vraiment pas cher.
      2- Puis dans la foulée, interdiction aux États d’emprunter à leur propre banque centrale nationale et obligation donc pour les États (depuis 1973 en France, confirmée par Maastricht 104 puis Lisbonne 123) de contracter des dettes auprès des banques du marché (à 3% minimum pour l’Allemagne... un peu plus pour la France et beaucoup plus pour la Grèce). 
      Ce différentiel, ici minimal de 1 à 3, explique l’enrichissement sans travail de la tête du système bancaire (en gros les propriétaires de la FED en 1913). C’est un vol objectif de la création monétaire par des « rois » cachés de ce qui revient au peuple après la fin de la monarchie.
      Ce détournement oblige ensuite les voleurs à corrompre sous eux pour faire taire les nombreux concurrents, bancaires surtout, qui vont se charger de pressurer le travail dans son ensemble (industriels et travailleurs) pour gagner ce qui leur permet d’entrer un à un dans le haut club de la FED 1913 par tous les moyens (guerre incluse... l’argent nerf de la guerre n’est-ce pas).

      Je suis bien d’accord que le pouvoir des peuples sur leurs monnaies ne doit pas être confondu avec celui des gouvernants des États sur la monnaie. D’où à mon sens, la nécessité d’instituer un pouvoir citoyen sur l’argent via de nombreux jurés tirés au sort, indépendants des partis comme des nantis auprès de toutes les institutions financières. 
      Ne confions la fameuse « main invisible du marché » ni aux banquiers, ni aux politiques, ni aux religieux, ni aux athées, ni à une quelconque catégorie humaine, mais au hasard incarné par des citoyens ordinaires. Vive la démocratie ! 


    • foufouille foufouille 21 août 2010 13:57

      en fait les gens sont deja jaloux
      donc donner de l’argent, meme a tout le monde rendrait les gens encore plus jaloux
      plus moyen pour les parents d’obliger leurs momes a faire telles etudes
      ni d’accepter du travail gratuit

      il faut laisser une place aux loups


    • zelectron zelectron 21 août 2010 17:54

      Bien que trouvant votre texte crédible, je médite sur l’histoire d’une « bankster » particulièrement habile à réussir le hold up sur ses actionnaires paysans : le crédit agricole.
      Ce triste exemple devrait vous faire réfléchir quant aux prétendues banques citoyennes du futur.

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Michel Portal


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