Municipales : des résultats attendus
"Vote sanction", voici la première raison avancée par les commentateurs et surtout par les ténors de l’UMP. Or qui dit vote sanction, suppose qu’il n’y ait pas eu de vote d’adhésion et c’est bien là l’enseignement majeur de ce scrutin et les « gagnants » d’aujourd’hui devraient faire profil bas.
C’est à chaque fois la même chose depuis une vingtaine d’années : les élections intermédiaires sont défavorables à la majorité en place. Ce qui vaut aujourd’hui pour les socialistes valait également pour la droite auparavant. Le principal enseignement du scrutin est donc que les promesses des uns et des autres, non tenues, provoquent au mieux une augmentation de l’abstention, au pire une fuite des électeurs vers le FN, qui n’est pas encore atteint par le syndrome des promesses oubliées en cours de route.
Car ce qui a changé, c’est bien l’arrivée sur l’échiquier politique de ce troisième larron qui a su surfer sur une image plus présentable de la fille que ne l’était celle du père et qui récolte aujourd’hui les dividendes d’une quasi virginité par rapport aux autres partis installés : pas ou peu de bilan et un programme attrape tout qui ratisse large jusqu’à ceux qui en seront les prochaines victimes.
Le FN fait donc fonction d’exutoire et modère de ce fait l’augmentation de l’abstention qui malgré tout augmente dangereusement au fil du temps.
On remarquera par ailleurs que beaucoup de politiques (plutôt à gauche) et de commentateurs, avant le scrutin, se sont fourvoyés (ou ont essayé de se rassurer) en affirmant que les électeurs votaient surtout en fonction du bilan des maires en place et non selon les circonstances nationales. Tout faux ! La gauche fait aujourd’hui l’amère expérience de cette ignorance crasse qui consiste à faire croire que la bonne gestion locale sera récompensée même si la politique nationale est à mille lieues des discours et des promesses de 2012. Le cumul des mandats, à gauche comme à droite, ne trompe personne car ce sont bien les mêmes qui nous disent régulièrement qu’ils sont bons gestionnaires localement en occultant leurs responsabilités nationales dans lesquelles ils s’avèrent nuls et incapables de redresser le pays.
Rejet de la politique nationale actuelle, voilà donc le principal enseignement de ce scrutin, pais pour autant il ne faut pas négliger les situations locales qui ont influé sur le résultat de cette élection et qui ont pu provoquer des mouvements de la gauche vers la droite.
La gauche, comme on le sait, était jusqu’à présent aux commandes des grandes villes et pilotait de fait la politique des grandes intercommunalités du pays. Petit à petit, ces intercommunalités ont su se faire connaître et souvent apprécier par la mise en place de politiques dans les domaines des transports ou bien de la collecte des déchets. Ainsi, la plus petite des communes de ces grosses intercommunalités pouvait se donner des airs de grandes villes, car bénéficiant de services jusque là réservés aux villes centre tout en gardant son libre arbitre pour toutes les décisions relevant du pouvoir régalien du Maire, aidé en cela par des dotations financières issues du partage de la fiscalité.
Les choses ont évolué, car une chose est de bénéficier de ces avantages, une autre est d’accepter une intégration plus poussée et de perdre des prérogatives en matière d’urbanisme, en particulier, au profit du conseil d’agglomération.
Désormais dans ces intercommunalités le plan d’urbanisme a vocation a être intercommunal, ce qui signifie bien des bouleversements dans des communes jusque là préservées de l’habitat collectif et surtout – horreur ! – des logements sociaux et qui voient s’appliquer une politique communautaire destinée à favoriser la mixité sociale ou bien l’implantation de zones d’activité non souhaitées par une population cultivant l’entre-soi et non le collectif.
Des candidats ont bien compris ce rejet et on surfé sur cette vague que le thème « gardons notre commune comme avant » qui faisait office de quasi programme, et ont obtenu de très bon résultat, mettant là en ballotage défavorable le candidat sortant, voire le battant dès le premier tour. Ceci n’augure rien de bon pour l’avenir et on peut dire sans crainte de se tromper que des majorités intercommunales issues de cette mouvance n’auraient d’autres alternatives, si elles veulent tenir leurs promesses, que de saborder leurs intercommunalités.
Il faut dire que les conseils communautaires en place n’ont pas fait preuve de beaucoup de pédagogie sur les conséquences de l’extension du champ des compétences des intercommunalités,
Par négligence ou par suffisance ? Peut-être est-ce une forme de mépris envers le citoyen qui est responsable de la majoration de la déroute électorale du Parti socialiste.
L’intercommunalité est une chance à condition que les enjeux soient clairement expliqués aux citoyens, leur évitant ainsi de se réfugier dans des votes protestataires.
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