Notre démocratie doit resplendir !
Si la démocratie peut parfaitement coexister avec une monarchie, le présent propos se limitera à discuter de la démocratie dans le cadre républicain. « La démocratie est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes », a dit Churchill, sujet d’un Etat monarchique. Ajoutons que le fait qu’il soit le moins mauvais système ne nous dispense pas de l’obligation de le rendre encore meilleur. De quelle façon ? Limitons-nous à des propositions pour la France. Pour simplifier, je dirai que la démocratie peut-être améliorée par un usage différent de la politique, par une meilleure représentativité du peuple et par une République rénovée. « Res publica qui veut dire « chose publique » me donne le plan : 1 - Res publica 2 - Res-pecter 3 - Res-ponsabiliser 4 - Res-pirer 5 Res-plendir !
1 - Res publica
La « Res
publica » exercée par tout le monde ?
Non. Le fait que la république soit une chose publique ne signifie pas que tout le monde peut (en termes de capacité ou d’autorisation) la gérer. Une démocratie directe avec mandat impératif n’est pas souhaitable. On n’a jamais vu non plus des citoyens dans la rue se mettre en cercle et rédiger un bon texte de loi. C’est déjà une tâche ardue pour ceux dont c’est le métier. S’il est souhaitable d’introduire une dose de démocratie directe, c’est avec circonspection car ce système a ses limites.
Qu’outre le référendum, une portion plus significative de volonté populaire soit introduite dans la constitution, en contrepoids du pouvoir des élites, ne serait pas une mauvaise chose. Cela pourrait prendre la forme d’un droit de veto. Il ne s’agit pas ici d’initiative populaire mais de processus de blocage. Ce veto constitutionnellement réglementé serait limité aux cas relevant de circonstances exceptionnelles. Dans la même logique, existerait la possibilité indirecte pour le peuple de saisir le Conseil constitutionnel pour, par exemple, se substituer à l’Opposition défaillante. (cf : l’exemple du CNE même si l’on sait a posteriori que la haute juridiction n’aurait pas censuré)
- La « Res publica » réservée aux élus ?
Pas davantage. « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par la voie de ses représentants. » dit la constitution. Autrement dit, les représentants élus n’ont que l’exercice de cette souveraineté. Sans quoi ce serait comme confondre les notions de propriétaire et de locataire.
2 - Res pecter
Le respect du
débat parlementaire :
Que nos députés s’expriment vivement dans l’enceinte de l’Assemblée est signe d’une démocratie vivante, ou du moins vive. Mais que cela tourne au pugilat ou au blocage systématique, nuit forcément à la démocratie. Trop de charivari à l’Assemblée devrait entraîner la fermeture de la session parlementaire : tout le monde dehors ! Et l’on ne reprend la réunion qu’une fois les esprits calmés (cela aurait le mérite au passage de réveiller quelques députés).
Il faut aussi que le débat soit garanti par la limitation constitutionnelle des blocages nuisibles imposés par voie d’amendements pléthoriques (Opposition) ou d’abus de procédure du vote bloqué et d’ordonnances (Majorité).
Le respect de
l’Opposition et des minorités :
Par sa dérive majoritaire et son déni des droits de l’Opposition et des minorités, notre système montre également ses limites et ses imperfections. Sur ces points, une réforme du mode de scrutin et du statut de l’Opposition et des minorités, s’impose.
3 - Res ponsabiliser
Comment responsabiliser davantage le citoyen et son représentant (élu ou nommé) ? Par une démocratie participative par exemple :
Au plan local bien sûr (renforcer ce qui existe) Sur le plan national :
Une chambre des
citoyens :
Une troisième chambre serait créée (et le Conseil économique et social supprimé) Elle serait composée de citoyens de toutes classes désignés par tirage au sort sur listes préétablies. Ses membres ne seraient pas élus, afin de ne pas entrer en conflit de légitimité avec le Parlement. Ils seraient rétribués. Un quota de citoyens (citoyennes) issus de l’immigration, conforme à la proportion migratoire existante, serait respecté. Après une période de formation dite citoyenne, ces membres ne voteraient pas les lois mais leur rôle serait de refonder le contrat social domaine par domaine.
Une Agora sur
Internet :
On pourrait imaginer un forum national permanent sur un site national indépendant de tout pouvoir. Puisqu’il semble de plus en plus évident que les débats ne peuvent se limiter à des échanges entre politiciens et experts. Si l’on veut rendre les électeurs plus citoyens, il serait temps d’y réfléchir sérieusement. Un organe de presse - papier et électronique- en serait le complément. Indépendant des pouvoirs financiers et de l’Etat mais financé par ce dernier, il reproduirait les points de vue et travaux des membres de la Chambre des citoyens, qui s’y exprimeraient dans leurs spécialités, et les opinions argumentées de participants à l’Agora.
Une Assemblée
vraiment Nationale !
Pour que l’Assemblée soit véritablement nationale, représentative et exemplaire, la question du mandat exclusif se pose. En effet, le cumul d’un mandat local avec un mandat de député, s’il présente l’avantage de garder le contact avec les gens et les réalités locales, présente trop d’inconvénients : absentéisme dans l’hémicycle, favoritisme envers la circonscription défendue par un élu de poids, blocage des réformes allant selon les députés à l’encontre de leurs intérêts locaux. C’est, quelque part, comme si on tolérait une sorte de mandat impératif local !
4 - Res pirer
La démocratie est vivante. Elle est mouvante : elle est comme un balancier jamais stable qui, sous les effets de poids et contrepoids (voir théorie de Montesquieu), subit des oscillations contraires et permanentes.
Vivante veut dire aussi forte. Quand elle ne l’est pas, il faut faire en sorte qu’elle le soit. Au niveau local par la pétition, le referendum. Au niveau national, en la préservant des effets de la démocratie d’opinions ou des manifestations de rue.
La démocratie ne se convoque pas : Elle doit vivre aussi entre les échéances fixées par le Pouvoir. Elle n’a pas à exister seulement en pointillés. Quant elle s’exprime par les urnes, elle doit le faire à l’aide d’un bulletin de vote d’un modèle nouveau ("formule citoyenne") qui puisse donner le pouvoir -par exemple- de voter contre un candidat (à condition d’avoir voté pour un autre candidat). Cela réduirait les bulletins blancs et les abstentions.
La démocratie ne doit-elle être qu’élective ? Je ne le pense pas. Elle peut vivre sous d’autres formes complémentaires. Le système électif est par ailleurs souvent le jeu d’ambitions personnelles, partisanes, claniques. Plus collective et désintéressée, notre démocratie pourra donner sa pleine mesure.
5 - Res plendir !
Notre démocratie, si elle respectait ces principes et d’autres encore non développés ici ou à imaginer, pourrait alors resplendir, voire s’exporter... Ce mot me servira de conclusion.
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