Petite brève sur un nouvel appareil qui va grandement faciliter le travail des flics : l’ANPR, pour Automatic Number Plate Recognition qui, comme son nom l’indique, sert à identifier les plaques d’immatriculation et indique immédiatement si le propriétaire est poursuivi ou pas en règle d’assurance, d’immatriculation etc. Mais surtout, ces caméras installées partout, reliées aux fichiers de police, permettent de contrôler le trafic en ville et de repérer immédiatement tel ou tel véhicule.
Des pays comme le Royaume Uni, les Etats-Unis, l’Australie ou l’Allemagne ont autorisé son utilisation par les
forces de l’ordre. Mais à l’origine, l’ANPR, qui a été développé durant 25 ans, devait être utilisé seulement pour identifier les véhicules qui entrent dans les zones payantes de centre-ville, comme Londres l’a fait dès 1997. L’Angleterre, a pour but de procéder à
219.000 arrestations de plus tous les ans et gagner 110 millions de livres de P.V en plus, grâce au dit système.
D’ores et déjà, il semble que des entreprises travaillent à des applications civiles de l’ANPR (comme par des entreprises privées de sécurité, des parkings pour y avoir un « accès plus facile », ou des campings par exemple), et certains
se demandent comment tout cela finira quand des satellites parviendront à faire le même travail partout sur la planète ou bien s’il n’y a pas un risque d’en faire un «
outil de surveillance des masses ». Sachant, en outre, que le gouvernement britannique envisage de munir l’ensemble des véhicules d’une puce électronique, et ce dans le cadre d’une
lubie européenne liberticide intitulée
European Vehicle Identification (EVI).
En gros, il s’agit de plaques d’immatriculation électroniques qui permettent de contrôler les véhicules à distance. Evidemment, ce projet dont le coût est estimé entre 16 et 34 milliards d’euros est développé au nom de la « sécurité routière » et même pour « réduire l’impact environnemental du trafic routier ». Et le bénéfice estimé par nos crânes d’œuf européanistes est de 22 à 75 milliards d’euros. Rien de moins. Enfin bref, la conjugaison de ces deux systèmes pourrait mener à de sérieuses dérives dans le cadre d’un Etat policier, voire fasciste.
Mais revenons à notre ANPR, qui permet de lire très rapidement (3.000 plaques à l’heure) les plaques des voitures garées ou en marche, et est
relié à différents fichiers de police et des renseignements. Cela permet de savoir tout de suite si tel véhicule est volé, s’il n’est pas assuré, si le propriétaire est interdit de permis. Mais aussi de savoir si le véhicule a déjà été identifié à un autre endroit, comme une scène de crime ou une manifestation. Ce qui suppose par ailleurs de
conserver les données.
« UNE APPROCHE INNOVANTE »
Pour l’instant le fichier anglais permet de stocker 50 millions de relevés par jour, et bientôt le double, pour 30 millions de véhicules en circulation.
La première phase du test ANPR en 2002 a permis d’arrêter
3.000 personnes, de récupérer de la drogue, des véhicules volés et des objets volés, pour seulement 23 brigades de police munies de l’appareil dans tout le pays. Aujourd’hui, elles seraient 43. La
deuxième phase, de juin 2003 à juin 2004, au cours de laquelle 28 millions de plaques ont été lues, a révélé que 1,1 millions indiquaient un fichage du véhicule ou du propriétaire quelque part. Seulement 1.152 voitures volées ont été récupérées, mais la police a récupéré pour plus de huit millions de livres de drogue et d’objets volés. Et 13.499 personnes ont été arrêtées.
Voici le détail de ces arrestations d’après le rapport (177p.) de la police anglaise :
– 2,263 pour “larcins et cambriolages”
– 3,324 pour infractions de roulage (for example driving whilst disqualified)
– 1,107 pour des questions de drogues
– 1,386 délits de roulage (theft from and of vehicles)
• recovered or seized property, including :
– 1,152 véhicules volés (d’une valeur de £7.5 millions de livres)
– 266 délits de port d’arme et 13 coups de feu
– de la drogue pour une valeur de £380,000 provenant de 740 véhicules
– biens volés d’une valeur de £640,000 provenant de 430 véhicules
et :
• issued fixed penalty notices, including :
– 22,825 tickets for failing to display Vehicle Excise Duty (VED)
– 6,299 for no insurance
– 1,496 for no MOT
– 20,290 for a variety of offences, including not wearing a seat belt, using a mobile telephone whilst driving.
Les entreprises qui travaillent autour et sur ce système ont su vanter sa rentabilité, et la police a vite remarqué
les atouts de cette «
approche innovante » : le pourcentage de temps de présence sur le terrain et de temps d’interception des personnes effectués par les policiers utilisant l’ANPR est (évidemment) supérieur à leurs collègues qui travaillent « à l’ancienne ». D’autant que le
Road Traffic Act permet d’arrêter n’importe quel véhicule n’importe quand et pour n’importe quel motif. Donc un minimum d’effectif peut couvrir un large territoire.
Les spécialistes de la
vidéosurveillance sont également
dans les starters et
adaptent les nouvelles caméras infra rouge
à l’ANPR, et d’une manière générale
les entreprises intéressées par le développement de ce système
se multiplient devant la manne potentielle. Du coup,
de plus en plus de centres villes, de stations service, d’avenues seront couverts par des caméras adaptées. Fin 2005, plus de 50 autorités locales avaient autorisé la police à utiliser les caméras de surveillance qui servent à la ville.
D’aucuns pensent déjà à de
futures applications de l’ANPR, applications par ailleurs fort nombreuses. depuis la "planification urbaine", en suivant le trajet quotidien de chaque véhicule, jusqu’à la gestion des parkings. Des universités pourraient s’en munir, par exemple, et puis en cas de forte grève ça permettra de localiser les activistes. Ou les parcs de jeux, ou les supermarchés et centres commerciaux, qui voient un grand nombre de véhicules défiler tous les jours. Et puis en plus de « sécuriser et de faciliter la gestion » d’un espace, ça permet de pister un peu plus les clients, ce qui est toujours intéressant d’un point de vue commercial.
Voilà donc une nouvelle invention qui comme toutes les autres dans le domaine de la surveillance et du contrôle de la population peut dériver sérieusement, comme on le voit déjà pour le fichage ADN ou l’affaire EDVIGE par exemple.
En outre, l’argent qu’il est possible de se faire avec de tels systèmes amène de nombreuses entreprises, multinationales ou non, à faire pression en faveur du développement de la vidéosurveillance et de ses applications dites civiles.