Nuit debout. Les incohérences de fond du mouvement
Si sous la forme cette nouvelle mobilisation semble légitime, force est de reconnaître que sous le fond il y a quelques incohérences fondamentales.
Incohérences entre moyens et objectifs
Notons que l’objectif principal du mouvement est d’abord « destruction globale de l'économie capitaliste », puis « changement du fonctionnement des Institutions ». Néanmoins, pour atteindre ces objectifs il faudrait des moyens conséquents.
Rappelons, que dans toute l’histoire, les mouvements sociaux ont abouti uniquement lorsque les militants avaient suffisamment de moyens (humaines, matériels, financiers) à leur disposition. C’est le cas de la Révolution Française, Américaine, Hollandaise, etc. Rappelons également, que malgré les puissants moyens dont disposait à son époque de gloire la classe ouvrière n’a jamais remporté une véritable victoire sur le monde capitaliste.
Or, les militants du mouvement Nuit debout, n’ont pas véritablement les moyens pour vaincre les adversaires désignés. D’une part, parce que les Institutions françaises sont suffisamment fiables et viables, ensuite, parce que le monde capitaliste est difficilement identifiable.
Incohérences avec le contexte actuel
Elle se cristallise à travers les revendications. On cite, « accueil des réfugiés et régularisation des sans-papiers ». Or, les préoccupations actuelles des français sont d’abord, la sécurité (lutte contre le terrorisme), puis l’emploi, et enfin le pouvoir d’achat. Les aspects à caractère social passent en second rang, surtout qu’après les actes de vandalisme, 75% des français ne sont plus d’accord avec le mouvement.
Pour sa part, le contexte économique vient à l’encontre, car la relance économique au premier trimestre 2016 incite davantage les jeunes français à doubler leurs efforts pour trouver un emploi, et moins de rejoindre le mouvement.
Nuit Debout est également en opposition avec les tendances dans les pays occidentaux, où on constate plutôt un basculement de la population vers la droite. L’intervention de type social, notamment en faveur des sans-papiers, a sensiblement diminué dernièrement. Autriche, Suisse, Danemark, Suède, Australie, mènent actuellement une politique « anti-immigration », tandis que dans la plupart des pays on assiste à la montée du populisme.
Incohérence avec les droits fondamentaux
En réclamant une meilleure redistribution des richesses, Nuit Debout s’attaque indirectement à l’article 17 de la Déclaration des droits universels, qui protège la propriété privée. Sachant en passage que l'égalité matérielle ne figure aucunement dans les droits fondamentaux. Il faudrait donc d’abord abroger la Déclaration des droits fondamentaux, et établir une nouvelle Déclaration universelle. Or là, surgit à nouveau la question des moyens.
Incohérence liée à l'organisation
Sans leader, ni hiérarchie, le mouvement prône la Démocratie participative. Mais dans la pratique, cette procédure est contre-productive. D’abord, cela constitue un handicap dans le contexte actuel de compétition internationale, car le système de décision par consensus est une procédure extrêmement lente. Ensuite, fruit d’un consensus entre acteurs munis par intérêts divers, la décision finale sera déformée et éloignée des objectifs attendus. Enfin, sans responsable désigné, les décideurs deviennent à terme négligents, indifférents, indolents.
Or, lenteur, inefficacité, non-pertinence, cela n’est pas dans l’esprit d’une majorité des français, qui veulent garder le pays parmi les plus compétitifs au monde.
Incohérence en termes de méritocratie
Quant aux revendications type uniformisation des salaires, ou revenu universel, cela semble injuste par rapport à ceux qui ont étudié davantage, qui ont risqué davantage, qui ont sacrifié davantage, qui se sont frustrés davantage, ceux qui sont plus rigoureux avec eux-mêmes.
Un mouvement isolé
Contrairement au « mai 68 », lorsque toute la jeune génération occidentale fut mobilisée, Nuit debout reste un mouvement isolé. D’une part, une majorité des étudiants (Polytechnique, Médecine, Sciences-Po) ne prennent pas partie aux manifestations. Ensuite, leur profil d’étudiants bourgeois les éloigne d’une éventuelle participation des jeunes de banlieues. Enfin, sachant que par tradition la montée du populisme favorise les partis de centre-droite au détriment de la gauche, le mouvement risque à se trouver sans aucun soutien politique, donc davantage isolé.
La détermination des militants
Enfin un élément clé, qui est de facto déterminant pour la durabilité du mouvement, c’est la psychologie des militants, à savoir si psychologiquement ils sont suffisamment forgés, endurcis, pour y aller plus loin. Or, étant donné leur profil personnel, il semblerait qu'ils ne sont pas assez préparés pour affronter de véritables compétitions, car ils n’ont pas réussi jusqu’à présent à traverser de véritables épreuves, comme par exemple, l'admission dans une Grande Ecole, la réussite d’un Concours pour la fonction publique, ou encore, un entretien d'embauche.
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