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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Ô Tram, Ô désespoir !

Ô Tram, Ô désespoir !

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tram casa
inauguration de la station wafassalaf

Drôle d’époque que nous vivons où les règles déontologiques les plus élémentaires dans l’attribution du nom des stations du tramway casablancais se retrouvent bafouées sans aucune autre considération que celle du renflouement des caisses d’un soit disant partenariat public/privé.

Les règles de ce processus qui, normalement, répondent aux mêmes critères appliqués pour le choix des noms de l’espace public (rues et places), sont désormais assujetties à des considérations d’ordre purement financier malgré tout ce que veut nous faire croire le discours plâtré de la présidente du directoire de Wafasalaf, un établissement bancaire dont la vocation reste tout de même aux antipodes de l’œcuménisme.

Une première certes, comme le rapportent, sans aucun soupçon de remise en question, les journaux de la place, plus prompts à en vanter les mérites qu’à en clamer le déni, mais une première dans l’abdication flagrante des valeurs « humaines » face au rouleau compresseur de la seule valeur menant le monde d’aujourd’hui : la finance.

Ainsi la station « les hôpitaux » se renomme en grande pompe et en contre partie d’une « large » contribution, « Wafassalaf » (nom d'une filiale bancaire spécialisée dans le crédit), sans que ça ne choque personne, et c’est cela même le plus choquant de l’histoire tant elle démontre l’ignorance des casablancais quant à ce qui relève de la préservation du patrimoine et de la mémoire culturelle de leur ville.

Face à cet engouement pour le « lucratif » du conseil de la ville, le nouveau mot d’ordre dans le re-nommage de l’espace publique risque d’être : « aux orties les noms et renoms » ! à partir de ce jour c’est « vive la marque » qui rapporte bien mieux que tous les morts pour le pays !

Imaginez la rue Macdo, ou encore la station Coca cola…

Oui, il n’y a plus de limite une fois que l'on a baissé son pantalon au consumérisme de tout poil...


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8 réactions à cet article    


  • Clark Kent M de Sourcessure 14 janvier 2016 11:48

    C’est sûr que le plus important lieu culturel de Paris s’appelle « centre Pompidou », du nom d’un ancien fondé de pouvoir de la Banque Rotschild, auteur de la loi à laquelle on donne son nom et qui permet d’enrichir des privés avec l’argent public... (« dette »)

    C’est pas du tout pareil !

    • kb kb 14 janvier 2016 12:56

      @M de Sourcessure


      J’aime beaucoup le « c’est pas du tout pareil » smiley

      quoique il n’a pas été que ça. Il a aussi été quand même président de la république et il reste aux yeux des français le symbole du renouveau des années 60

      là par contre on y va franco et ce n’est plus le nom d’un sbire de la corporation mais carrément le nom de la corporation elle même qui est adopté

    • bouffon(s) du roi bouffon(s) du roi 14 janvier 2016 12:58

      @M de Sourcessure
      En même temps ça porte bien son nom, c’est rempli de merdes artistiques ^^


    • Gemini Gemini 14 janvier 2016 22:23

      @M de Sourcessure

      Certes, c’est naze. Mais ce que dénonce l’auteur est encore plus grave : c’est le signe de la marchandisation du monde, qui est encore bien pire que la seule glorification d’un félo.

      Les marques envahissent l’espace. Elles utilisent l’argent qu’elles nous ont soutiré — en même temps, nous consommons effectivement bien trop, nous sommes donc également gravement responsables — pour augmenter leur emprise sur l’espace public et nos vies.

      Les marques doivent être reléguées à leur juste place : au néant. Ce consumérisme effrené doit cesser. Et lutter contre les noms de lieux à la gloire des marques, achetés par leur insolente richesse, est un noble et important combat.


    • Clark Kent M de Sourcessure 15 janvier 2016 09:33

      @Gemini

      Entièrement d’accord.
      Mais ne trouvez-vous pas hypocrite et incohérent le fait d’interdire de prononcer tout nom de marque sur les chaines de télévision publique et de matraquer les téléspectateurs des m^mes chaînes à coups de spots publicitaires ?


    • kb kb 15 janvier 2016 09:54

      @M de Sourcessure

      bien que semblant contradictoire cette interdiction de citation ne se fait certainement pas par égard aux téléspectateurs mais plutôt dans un souci de ne pas faire de la pub gratuitement 
      je me rappelle il n’y a pas encore très longtemps on entendait sur plusieurs chaines radios, au moment répétitif de donner l’heure l’animateur de l’émission qui lançait sans vergogne aucune son « à ma montre Seiko il est telle heure »

    • Gemini Gemini 15 janvier 2016 10:50

      @M de Sourcessure
      Si, bien entendu. Je partage totalement votre avis sur ce point.

      Pour moi, la publicité ne devrait simplement pas exister. Elle permet simplement à ceux qui en ont les moyens d’augmenter leur emprise. Bref, encore une fois, elle favorise l’expression des seules entreprises ayant les moyens.

      Tout cet espace libéré le serait soit simplement pour moins de pollution visuelle, soit pour permettre plus d’expression populaire, démocratique, d’opinion.


    • kb kb 15 janvier 2016 11:29

      ce qui me chagrine dans toute cette histoire c’est qu’elle apporte une preuve supplémentaire que nous n’avons pas de médias indépendants puisque aucun ne s’est aventuré à qualifier cette inauguration de honteuse...


      D’un autre côté il faut reconnaître, vu le faible chiffre de ventes de la presse écrite au Maroc (analphabétisme oblige), ne résistent des zouaves de l’histoire au jour le jour que ceux ayant su mettre une bride à leur élans rhétoriciens quand la marge bénéficiaire l’imposait. Un des autres secrets assurant la longévité médiatique aux feuilles de choux et emballages à salades est de savoir préserver les susceptibilités des « GROS » annonceurs comme dans le cas de Wafassalaf.

      Mais se coucher pour survivre revient à piétiner le serment de Théophraste. Malheureusement, notre système d’information qui vit sous la triple dictature de la précipitation, de la surenchère et de l’émotion rend difficile le respect de celui-ci. La précipitation peut faire perdre la crédibilité mais un retard dans la transmission d’un événement peut faire croire à de l’incompétence. La surenchère et l’émotion peuvent conduire soit au piège de l’erreur ou à l’escalade de l’information...

      bref ça n’est pas demain que la déontologie battra le haut du pavé du journalisme malgré tous les codes que l’on n’arrête pas de ratifier

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