Les réformes du permis de conduire sont elles en phase avec les besoins économiques et sociaux ? La galère de nos jeunes pour avoir ce précieux sésame.
Les échecs aux épreuves pratiques du permis de conduire de nos jeunes sur le secteur de Colmar m’interroge sur les difficultés d’accès à ce précieux sésame. Nos enfants grandissent et aspirent à une liberté, celle de pouvoir bouger et d’accomplir des gestes d’autonomie légitimes. L’aménagement du territoire et la politique industrielle de la France ont placé l’automobile comme le mode de transport principal des individus. La mobilité individuelle forte est un critère de survie des individus dans notre société, bref, celui qui n’a pas son permis de conduire est un paria dans le monde du travail.
L’obtention du permis B est un pré-requis à l’entrée dans la vie active, mais les obstacles sont nombreux :
En pratique, les candidats au permis B sont soumis à des évaluateurs toujours plus exigeants qui sanctionnent les moindres gestes du conducteur débutant stressé par l’examen : le soupçon de maladresse est cause d’échec et les candidats sont soumis à l’arbitraire de l’examinateur ; l’avis de l’auto-école ne contredit que rarement l’avis de l’inspecteur. Les moyens de recours sont dissuasifs et renforcent l’idée du pot de terre contre le pot de fer. Après son échec, chaque candidat est vivement encouragé par le Ministère des Transports et par les auto-écoles à reprendre des cours avant le futur examen pour adopter « la bonne conduite académique »
Après l’échec, l’attente pour le prochain examen est repoussée à plusieurs mois alors que le délai légal est de deux semaines ; et c’est tout l’apprentissage qu’il faut reprendre au prix fort. Sans les approuver, il n’est pas étonnant de voir autant de conducteurs conduire sans permis (selon les chiffres de la sécurité routière 30 000 personnes)
L’obtention du permis B a un coût : les heures de cours, les coûts d’inscription aux examens, le temps considérable investi, qui ne sont pas une garantie de réussite. Les réformes récentes allongeant le temps d’examen et accessoirement annonçant le permis à 1 euro par jour ne répondent pas aux besoins et aux attentes de nos jeunes. L’équation « sans argent pas de permis, et sans permis pas d’argent (travail) » est insoluble si les pouvoirs publics n’acceptent pas de se pencher sur le problème.
Une réforme de fond s’impose et il serait légitime de demander que le candidat soit placé au centre du dispositif :
Par l’appréciation de la conduite du candidat sur sa prestation globale en donnant une valeur aux étapes de validation par les auto-écoles et non sur l’appréciation trop subjective de situations ponctuelles.
Par le respect effectif du délai légal des quinze jours en mettant les moyens adaptés en place pour la réalisation réelle de ces objectifs légaux
Par un plafonnement des dépenses réelles des candidats avec exonération des frais de réinscription ou déductibilité fiscale totale des frais de formation.
L’intérêt d’une formation de qualité est indéniable et les objectifs de sécurité routière doivent nous mobiliser ; n’oublions pas que conducteurs débutants, dans un souci de responsabilisation, ont un permis probatoire de trois ans avec un nombre de points inférieurs aux autres conducteurs, donc plus vulnérables ; ne leur infligeons pas une double peine, celle de leur freiner l’entrée dans la vie active et mettons l’accent et les moyens sur une formation qui ne les rende pas captifs d’un système qui handicape, qui les soumet à l’arbitraire de l’examinateur et qui les enferme dans un système stérile alimentant un système de dépendance à l’aide sociale s’ils ne sont pas autonomes.