Pour avoir toutes ses chances à l’école et après l’école
Parier sur l’éducation, c’est aujourd’hui développer des projets de réussite éducative à l’école pour les enfants de 2 à 16 ans. Cela passe aussi par la création des écoles de la deuxième chance qui offrent un moyen d’insertion professionnelle aux jeunes sans diplôme âgés de 18 à 25 ans.

I - Le programme de réussite éducative (PRE)
A l’heure où l’on entend beaucoup critiquer l’efficacité de la politique de la ville, il faut souligner que les effets positifs de la réussite éducative sur le terrain sont sensibles. 481 PRE - projets de réussite éducative - ont été validés depuis 2005 en France métropolitaine et dans les DOM. 130 000 enfants, dont 40 000 bénéficient d’un suivi individualisé, relèvent de ce programme.
Attention ! Le PRE ne doit pas être confondu avec le PPRE mis en place par la loi d’orientation et de programmation pour l’avenir de l’école (il s’agit d’un dispositif de soutien aux élèves en difficulté qui doit leur permettre d’acquérir, à la fin de la scolarité obligatoire, le socle commun de connaissances et de compétences indispensables).
La création du programme de réussite éducative (PRE) s’est appuyée sur le constat que si l’école a pour mission première la réussite scolaire et la qualification de tous les jeunes, elle ne peut atteindre seule ces objectifs. La recherche de partenariats et la nécessité de son action avec la politique de la ville s’imposent. Le PRE est le volet éducation des contrats de ville, les CUCS (contrats urbains de cohésion sociale). Les PRE sont gérés depuis 2007 par l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé).
- Quel public ?
Sont concernés les enfants et les adolescents de 2 à 16 ans en grande fragilité, vivant dans les zones urbaines sensibles ou scolarisés dans un établissement situé en éducation prioritaire, et donc qui ne bénéficient pas d’un environnement social, familial, culturel, favorable à leur réussite. Ces dispositifs sont mis en œuvre dès la maternelle. Sont visés les enfants en général et pas seulement les élèves. Le repérage des bénéficiaires est fait par la communauté éducative, en particulier au sein des établissements scolaires. Des collaborations seront recherchées notamment avec l’intersecteur de pédopsychiatrie, les services de PMI et ceux de l’aide sociale à l’enfance.
- Quelle mission ?
Ces dispositifs intitulés « dispositifs de réussite éducative » ont pour mission de mener des actions d’accompagnement au profit des élèves du premier et du second degré et de leurs familles, dans les domaines éducatif, périscolaire, culturel, social ou sanitaire, en prenant en compte la globalité de leur environnement et de leurs difficultés. Ils proposent un accompagnement adapté à chaque situation, essentiellement hors temps scolaire et s’inscrivant dans la durée. Le programme peut également consister en un soutien direct aux parents afin de leur permettre d’améliorer les conditions de vie de leurs enfants et de les aider dans leur fonction parentale.
Un soutien peut être également apporté aux internats « de réussite éducative » sous la forme d’aide directe aux familles et de la mise en œuvre de projets éducatifs, sportifs et culturels développés au sein de l’internat, hors temps scolaire.
- Fonctionnement :
- Les Équipes pluridisciplinaires de soutien (EPS)
Le programme repose sur un partenariat institué au sein d’une structure juridique. L’équipe locale de réussite éducative doit être pluridisciplinaire et apporter un soutien individualisé. Une ou plusieurs équipes de soutien peuvent être constituées à partir d’un même support juridique. La diversité des profils composant les équipes (enseignement, éducation, santé, culture, sports, loisirs, etc.) pousse chacun des partenaires à modifier son regard.
L’idée est de construire des projets qui s’articulent avec (notamment) l’action du réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased) et celle du milieu pédopsychiatrique, dans le respect des fonctions de chacun.
- Les internats de réussite éducative
Ils permettent à des jeunes connaissant des difficultés familiales et environnementales compromettant leurs chances de réussite, de développer des projets éducatifs, sportifs et culturels hors temps scolaire. A ce jour, 31 internats de réussite éducative (IRE) sont labellisés et accueillent 670 enfants. Mais 4 000 places supplémentaires pourraient être créées dans le cadre du plan Espoir banlieue.
- Le partenariat avec les grandes écoles et les universités
Afin de favoriser l’accès à l’enseignement supérieur de lycéens issus de quartiers défavorisés, l’ESSEC et l’école Polytechnique se sont engagées dans le programme en faveur des lycéens en ZEP.
- Le bilan :
Le directeur général de l’Agence nationale pour la cohésion sociale et l’égalité des chances (Acsé) a annoncé qu’il a lancé une évaluation qualitative concernant l’impact de la réussite éducative. Dix sites représentatifs ont été choisis ; les résultats sont attendus pour juin 2008. Mais, d’ores et déjà, devant les premiers bilans encourageants des PRE et des internats de réussite éducative, et alors que la loi a prévu une durée d’expérimentation de cinq ans, Fadela Amara, secrétaire d’Etat chargée de la Politique de la ville, s’est prononcée, le 22 janvier, en faveur de la pérennisation des dispositifs. Le plan Espoir banlieue, présenté par le président de la République le 8 février, devrait confirmer l’inscription dans la durée. Avec, sans doute, quelques modifications.
II - L’école de la deuxième chance :
La première école de la 2e chance en France a vu le jour à Marseille. Aujourd’hui, les "E2C" accueillent 4 000 jeunes dans 24 départements.
- Une origine européenne :
Structures associatives, les E2C ont été impulsées en 1995 au niveau européen par Edith Cresson alors commissaire européenne chargée de la Recherche, de l’Education et de la Formation. Cette origine européenne se retrouve dans le financement des E2C qui provient en partie du Fonds social européen (FSE). La reconnaissance juridique est venue avec la loi relative à la prévention de la délinquance du 5 mars 2007.
- Quel public ?
L’E2C s’adresse à des adultes âgés entre 18 et 25 ans ayant quitté l’école sans diplôme, et pour la plupart orientés par la Mission locale. Ils ne sont pas élèves, mais stagiaires rémunérés. Ils perçoivent environ 540 euros par mois. Toute absence injustifiée entraîne une ponction sur la rémunération.
- Comment ça marche ?
Les stagiaires sont groupés en petits effectifs d’une dizaine de personnes et suivent en alternance des cours et des stages en entreprise. La séance de cours est collective, mais le suivi individuel. Et le formateur n’est pas seulement enseignant ; il joue aussi le rôle de référent qui assure la liaison avec l’entreprise, la Mission locale ; il contrôle l’assiduité du stagiaire. D’une durée maximale de 48 mois, le parcours de formation est établi à partir d’une évaluation individuelle du niveau de connaissances et de compétences des personnes admises et d’un entretien sur les projets personnel et professionnel. En fin de formation, l’école délivre au jeune une attestation indiquant le niveau de compétence acquis de manière à faciliter son accès à l’emploi ou à une certification inscrite au répertoire national des certifications professionnelles.
Un label « école de la deuxième chance » est attribué pour quatre ans par l’association « Réseau des E2C en France ». La délivrance se fait conformément aux critères définis par un cahier des charges établi par cette association, sur avis conforme des ministres chargés de l’Education et de la Formation professionnelle.
- Financement :
Actuellement, il existe une grande variabilité des financements selon les structures en raison notamment du contexte local (aides des collectivités, des Chambres de commerce, de la taxe d’apprentissage...). Par ailleurs, les crédits européens (du FSE) sont en baisse. Aussi, pour asseoir un financement suffisant et pérenne, il est prévu que les écoles soient habilitées à recevoir, après avis du comité de coordination régionale de l’emploi et de la formation professionnelle, des versements exonératoires de la taxe d’apprentissage et des financements prévus pour les actions de formation destinées aux demandeurs d’emploi.
- L’avenir :
Les écoles de la 2e chance sont appelées à se développer. Le président Sarkozy en a fait une priorité lors de sa présentation du plan pour les banlieues, le 8 février. « Là où elles existent, ces écoles sont un succès. Je veux qu’elles soient généralisées sur tout le territoire. » Le chef de l’Etat souhaite qu’elles deviennent « pour notre République une priorité comme l’école primaire le fut jadis pour la IIIe République. » Mais il faut du temps car il faut former les enseignants et créer les structures. L’enjeu est important car chaque année ce sont 150 000 élèves qui sortent du second cycle du secondaire sans diplôme. L’objectif est de parvenir à un chiffre de 15 000 à 20 000 jeunes à l’horizon 2012, avec condition d’âge abaissée à 16 ans.
Liens utiles :
- Sur la réussite éducative :
Réussite éducative, dossier de presse :
http://www.crdsu.org/gestion/them/liens/image_tel/crpredossier_presse.pdf
« La réussite éducative, un an après » (La Lettre de la DIV)
http://www.crdsu.org/liste/jdc_liste.php?cle=100&offset=0
Documents pratiques sur la réussite éducative :
http://www.crdsu.org/liste/jdc_liste.php?cle=100&offset=0
Les programmes de réussite en Bretagne et Pays-de-Loire :
http://www.files-resovilles.com/downloads/ressourcesdoc/pre.pdf
- Sur l’école de la deuxième chance :
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