Pour une autre vision de la France face au défi islamique
1) Les « Printemps arabes », les interventions étrangères et leurs conséquences.
Les « Printemps arabes » ont d'abord pris de court les chancelleries occidentales qui ne s'attendaient pas à la chute précipitée des régimes autoritaires du Maghreb et du Machrek. Ne sachant pas trop comment tirer parti des situations extrêmement diverses et instables, les diplomaties européennes et américaines qui ont été dépassées par les événements sont un temps restées spectatrices. Ce n'est qu'à partir du début février 2011 que l'OTAN commence à planifier secrètement des soulèvements en Lybie et en Syrie, pays depuis longtemps dans le collimateur du gouvernement américain. Les islamistes, œuvrant en coulisses jusqu'à alors, sont devenus les grands vainqueurs de ces révolutions. Au final, les populations arabes des pays concernés n'ont certainement pas gagné au change. Le nationalisme arabe n'est pas enterré toutefois même s'il est vrai que les fondamentalismes sunnites ont été employés par les américano-sionistes pour le combattre. Se pourrait-il que la créature ait simplement échappé au créateur ?
Certains proposent de bombarder les forces de l'EIIL, aux côtés des Américains, mais dans quel but ? Il faudrait d'abord rappeler une évidence : que ce mouvement extrémiste se développe à cause du chaos irakien et de cette « crise » syrienne alimentée en sous main par les forces spéciales israéliennes, anglaises, françaises, turques, américaines ainsi que par l'argent du Qatar et de l'Arabie Saoudite. Les bombardements, c'est d'ailleurs ce que propose aussi Bernard Henri Lévy, le « philosophe » apôtre de la guerre et de la destruction, et ce fait devrait à lui seul nous interpeller.
L'EIIL est désormais bien implanté en Syrie et en Irak, quels effets auraient des frappes sur le territoire irakien uniquement puisque les Américains ne comptent certes pas favoriser Bachar el-Assad en l'aidant à se débarrasser de son pire ennemi ? Quels sont les mécanismes de l'irrésistible croissance du Califat ? Pourquoi se soucier seulement à présent de ces persécutions qui ont commencé dès 2003 ? Autant de questions qu'il faudrait peut-être se poser ! Le département d'état américain mentionne déjà 89 frappes contre des cibles de l'EIIL au nord de l'Irak depuis le 8 août. A l'évidence, cela ne suffit guère. Vont-ils procéder à une escalade militaire et ressortir les bombardiers B-52, les missiles Tomahawk ? Et pourquoi pas des bombes atomiques tactiques ? Un peu de recul et de réflexion stratégique seraient les bienvenus !
D'autant qu'il faut rappeler l'origine de ce chaos invraisemblable. Ce sont bien les Américains qui, par cynisme, méconnaissance des mécanismes religieux orientaux, et manque de vision à long terme, avait réveillé le monstre assoupi de l'islamisme pour s'en servir contre les Soviétiques en Afghanistan. Ils l'ont nourri jusqu'à ce qu'il prenne racine aux quatre coins du monde et qu'il échappe -logiquement- à ses maîtres puis se retourne contre eux. De l'Irak à la Tunisie, des régimes arabes corrompus et tyranniques mais laïcs avaient servi à étouffer ce monstre, au mépris des libertés individuelles. Ce serait aux États-Unis eux-mêmes de trouver une solution au chaos qu'ils ont engendré, la France n'ayant pas à se trouver aspirée dans leur maelström mortifère. Certains dirigeants américains devraient d'ailleurs tôt ou tard répondre de leurs agissements vis à vis du peuple irakien depuis 2003 (voir depuis l'embargo décrété sous Bush Sr.), ce ne serait que justice. La France avait alors eu la sagesse de s'abstenir de prendre part à ce conflit honteux, Jean-Marie le Pen n'avait de cesse de dénoncer la turpitude du « grand frère » américain, comme lors de l'opération Tempête du Désert, treize années auparavant.
Le constat actuel est sans appel : les États-Unis ont perdu la guerre contre les intégristes en Afghanistan. Ils ont du abandonner militairement le territoire irakien après une dizaine d'années d'occupation injustifiée et injustifiable. Aujourd'hui, les bombardements aériens n'éviteront malheureusement plus aux minorités locales -dont des milliers de Chrétiens, les minorités, les femmes-, les pires persécutions, les migrations forcées, les massacres. Il est déjà trop tard pour cela à moins de mettre sur pied une nouvelle coalition internationale puissante en peu de temps ce qui est irréalisable. Il faut plutôt mettre en place dans les plus brefs délais un plan d'accueil des minorités dans d'autres pays qui les accepteraient. C'est la seule alternative sensée si le but est vraiment de leur venir en aide, ce dont je doute grandement. L’interventionnisme à tout crin (surtout militaire) amène souvent des résultats opposés à ceux escomptés, c'est « l'effet boomerang » décrit assez justement le 14 août par Olivier Ravanello.
Avec l'expérience acquise, comment se faire encore des illusions sur les motifs réels ? L'intervention actuelle des États-Unis vise principalement à protéger les intérêts des firmes anglo-saxonnes en Irak : ExxonMobil, BP, Chevron, Shell, Emerson, Bechtel, Halliburton, AMEC...etc y font d'énormes profits qui ne bénéficient en rien à la population locale. Entre 2003 et 2004, les compagnies américaines ont accaparé 80% des contrats irakiens, le reste fut partagé entre des sociétés anglaises, australiennes, italiennes, israéliennes, jordaniennes. C'est le vrai visage de la tyrannie du pétrole, et la realpolitik avant tout l'aptitude de voir la réalité des faits : l'Irak représente au moins 141 milliards de barils de brut de réserve, sans doute bien davantage.
La menace à présent : aujourd'hui, l'EIIL exige « naturellement » l’allégeance de tous les sunnites de la planète. Depuis septembre 2013, l' « Armée Syrienne Libre » s'est littéralement donnée aux islamistes d'Al Nostra. Je fais le pari que dans peu de temps Al Nostra sera intégré à l'EIIL ou qu'ils se rejoindront et qu'alors les démons de l'islamisme seront lâchés et que plus rien ne pourrait les arrêter dans cette région. Le Califat, qu'on le veuille ou non, existe à nouveau ! Cette entité politique représente un formidable catalyseur pour les croyants en mal de revanche contre cet Occident qui les a divisé et contrôlé depuis la fin du 19e siècle pour luter contre le panarabisme et le contrôle des ressources naturelles. La presse distille des éléments qui tendent à démontrer qu'une grande partie de la population sunnite irakienne, des chefs de tribus ainsi que d'anciens officiers de Saddam Hussein se sont ralliés au Califat, ce qui expliquerait mieux ses récents progrès sur le terrain.
Si la République arabe syrienne venait à s'effondrer, la Jordanie et le Liban seraient également menacés. Il faudra alors s'attendre à de nouvelles « épurations » religieuses et la mise en place d'un fondamentalisme radical. Israël deviendrait aussi probablement l'une des cibles du Califat. En attendant, l'état hébreu est intervenu directement dans le conflit et continu d'intervenir en bombardant des cibles de l'armée syrienne et par l'infiltration régulière de commandos sur le territoire syrien. Luttant contre le Hezbollah et l'armée syrienne, Israël contribue activement à l'affaiblissement du régime baasiste voisin, qu'il considère comme son ennemi traditionnel héréditaire. Le fondamentalisme prôné par Al Nostra ou L'EIIL est pourtant à moyen terme beaucoup plus dangereux non seulement pour Israël, mais pour la stabilité du monde entier.
Au niveau régional, la déstabilisation risque donc de s'étendre. Bien entendu, le danger se trouve aussi en France, car le ralliement d'éléments radicaux issus de la société française est une inquiétante réalité. Vu le contexte international, ce phénomène préoccupant va prendre de l'ampleur si l'Etat français n'agit pas avec toute la fermeté nécessaire. Bernard Caseneuve lui-même a du révéler le 13 août que ce sont au moins 900 musulmans français qui sont partis à l'étranger pour faire leur « djihad ». Venant d'un ministre socialiste, on peut s'imaginer que ces chiffres embarrassants n'ont pas été amplifiés, loin de là. Le gouvernement devrait s'interroger sur l'échec patent de notre modèle d'intégration.
2) Quelles mesures diplomatiques la France doit-elle adopter ?
Eu égard à la situation actuelle, il serait plus avisé d'apporter un soutien décisif à Bachar el-Assad qui résiste toujours, ainsi qu'au gouvernement irakien actuel du chiite Nouri al-Maliki, sans intervention directe de nos troupes. Il faut livrer des armes et du matériel, aider à soulager la population civile, éviter la partition de l'Irak qui se profile à l'horizon entre Kurdes, Sunnites et Chiites. On aura tout loisir ensuite de négocier avec le pouvoir syrien des avancées « démocratiques » adaptées et non pas calquées sur notre modèle occidental.
Dans la situation actuelle, les bombardements ne résoudront rien. Quant à la présence de nos hommes sur le terrain, elle ne servirait qu'à légitimer et attiser le nouveau djihad prôné par les groupes islamistes rivaux dirigés par Ayman al-Zawahiri (Al Qaida – Al Nostra) et le « calife » Abou Bakr al-Baghdadi (EIIL). Rappelons-nous comment la présence des forces coalisés étrangères venues dans le Golfe libérer le Koweït avait enflammé les passions et amené la radicalisation d'Al Qaida contre ces Etats-Unis et leurs alliés qui avaient osé fouler le « sol sacré » ! Al Nostra, une fois de plus, se trouve armé et équipé directement et indirectement par les Américains. Il y a là une duplicité américaine que la France doit dénoncer fermement, et ce faisant, un changement radical de diplomatie à opérer.
Le Qatar et l'Arabie Saoudite ont versé des milliards pour financer les extrémistes à l’œuvre en Syrie et en Egypte ainsi que la promotion du Wahhabisme. Il est du devoir de la France de prendre ses distances avec les monarchies du Golfe et de renforcer les liens avec l'Irak, l'Iran et au-delà, avec la Russie. Il faut à nouveau être en moyen de peser sur les décisions de la Ligue Arabe. Pour cela, revoyons également notre alliance inconditionnelle avec Israël et les États-Unis dans la région. C'est en partie la politique intransigeante de ces deux pays et la question palestinienne qui est à l'origine de cette déstabilisation régionale durable et de la montée des fondamentalismes.
L'intérêt de la France n'est pas de soutenir ces deux derniers pays dans leur vision du Proche Orient, la feuille de route Greater Middle East des néo-cons, ce Sud ventre mou de la fédération russe, mais au contraire de tenter de retrouver un équilibre et de soutenir activement la création d'un état palestinien viable, aux moyens de pressions fermes vis à vis d’Israël si nécessaire. Sans remettre en cause l'existence et l'inviolabilité de l’état hébreu, la souffrance du peuple palestinien représente une indignité pour l'ensemble de la communauté internationale. C'est une injustice qu'il faut dénoncer et solutionner dans les meilleurs délais.
Plus largement, la diplomatie française a tout intérêt à se prononcer pour une Europe des Nations indépendantes et le rapprochement avec la Russie, en rejetant la politique de confinement imposé par l'atlantisme. Il faut promouvoir les échanges avec les BRICS, des pays porteurs d'avenir moins prompts à utiliser les méthodes impérialistes de nos alliés actuels. Ce serait tout à l'honneur de la France, et davantage conformes à nos intérêts.
3) Concernant les menaces intérieures en France
En France même le danger est principalement de trois ordres : l'extension du conflit israélo-palestinien sur notre territoire, la radicalisation islamique qui ne doit être ni sous-estimée ni surestimée, les tensions communautaires.
Rappelons d'abord que le conflit israélo-palestinien ne concerne pas les Français directement. L'état français ne doit en aucun cas privilégier une communauté par rapport à une autre. Nous ne devons tolérer aucun débordement, ni des mouvements salafistes et intégristes musulmans, ni de la LDJ ou du BETAR proche du Likoud. A partir du moment où l’état français assure normalement la sécurité des citoyens français, aucun groupuscule ne devrait avoir le droit d'employer des méthodes fortes et de « faire le coup de poing » sur notre territoire. Rappelons que des mouvements parallèles à la LDJ sont considérés comme terroristes aux USA et au sein de l'Union européenne. Tolérer leur existence dans notre pays, défendre leur existence, tout cela représente une anomalie et un signe de faiblesse de la part de la France. A moins que l'on considère que l’état français ne protège plus efficacement ses citoyens, ce qui est alors un tout autre débat...
Concrètement, il est nécessaire de renforcer la cohésion nationale et le pouvoir d'adhésion au projet de société français, rendre l'assimilation possible. Cela passe par différentes mesures de bon sens mêlant exigences et davantage de justice :
-Élimination des communautarismes, quels qu'ils soient.
-Fin de l'immigration massive, optons pour une immigration choisie ramenée au minimum.
-La lutte contre l'immigration clandestine.
-Des exigences accrues en matière de naturalisations.
-La disparition des associations anti-françaises.
-Le renforcement des moyens de défense de l'Etat, armée, police et justice.
-L’Éducation Nationale et les services de l'Etat doivent décupler leurs efforts pour favoriser l'intégration de tous. La grandeur de l'Histoire et de la civilisation française doit à nouveau être enseignée afin de créer l'adhésion de nos jeunes de toutes origines. Il faut renforcer le sentiment d'appartenance à la France, c'est tout le contraire de ce qui a été fait depuis une quarantaine d'années.
-Expulsion du territoire et retrait de la nationalité française aux individus et aux familles de terroristes, de quelque origine qu'ils soient.
-Application stricte et sévère des peines prévues pour les crimes et délits sans distinctions.
La majorité des musulmans vivant en France respectent nos lois et sont intégrés. Exigeons d'eux comme des autres le strict respect des coutumes françaises, c'est la moindre des choses. Énormément de Musulmans ont compris qu'ils avaient été le jouet du capital et des sombres tactiques de l'UMPS depuis des décennies à des fins purement électorales et économiques. Les musulmans de France ont été heurtés par les évolutions sociétales aberrantes de la gauche sur les sexes. Sur de nombreux points, ils restent attachés à certaines valeurs traditionnelles communes avec nos racines chrétiennes.
L'ennemi intérieur islamiste existe effectivement et il faut l'éradiquer par tous les moyens ; mais l'ennemi de tous les citoyens français, de la société française dans son ensemble est bien avant tout la mondialisation sauvage dirigée par la finance, le matérialisme et son écrasante idéologie totalitaire qui cherche à régir nos consciences mêmes. Pour un patriote français, plus que de hiérarchiser les dangers qui menacent la France, il s'agirait plutôt d'en occulter aucun !
De nombreux patriotes de toutes origines l'ont bien compris, cela s'est particulièrement ressenti lors des deux dernières échéances électorales. Tendons la main à toutes les communautés au sein du creuset national, évitons d'obliger certaines à se radicaliser en favorisant l'une contre l'autre ! Agir autrement serait particulièrement irresponsable et mènerait à de graves conflits internes sur notre sol. L'apaisement des tensions communautaires et l'intégration permettront naturellement une meilleure assimilation et une baisse de toutes les formes de racismes.
Les personnes d'origines étrangères ne se sentant pas à l'aise dans notre société devraient bien sur être invitées à trouver ailleurs un pays capable de leur offrir le mode de vie recherché. En France, en Europe, les nouveaux arrivants doivent naturellement se plier aux règles locales et s'adapter, comme dans tous les pays du globe. « A Rome, fait comme les Romains », conseillait ainsi l'évêque de Milan Ambroise à St Augustin. Continuons d'adopter cette sage maxime. « Le bonheur passe par l'ouverture aux autres tout en s'intégrant au milieu où nous sommes » affirmait ainsi récemment le journaliste canadien François Jeanson dans le même sens. Je ne peux que souscrire à cette opinion.
Eric Pinzelli
Le 20 août 2014
28 réactions à cet article
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