Pourquoi le chêne est-il symbole d’autorité étatique ?
Saint Louis rendait la justice sous un chêne, nous rappelle régulièrement François ASSELINEAU dans ses conférences.
Les druides cueillaient, paraît-il, le gui sur les chênes avec une serpe d’or dans la Gaule chevelue.
Les origines symboliques du chêne remontent sans doutes aux fondamentaux anthropologiques du peuple français frondeur, épris d’égalité, de liberté et de débats.
Je suis persuadé que le respect du chêne date de nos ancêtres les gaulois.
Pourquoi ?

On peut distinguer trois grandes périodes historiques de la forêt française.
1) La période gauloise préindustrielle ou la forêt était autogérée, pérenne et considérée comme inépuisable.
2) Le début de la période industrielle, gourmande en charbon de bois, pendant laquelle la forêt a été ruinée. A la révolution française de 1789, même les artisans et autres bourgeois aisés ne trouvaient plus de bois d’œuvre à acheter. Suite à la révolution, les bois derniers bois qui appartenaient au clergé et à la noblesse ont été prélevés…
3) Enfin nous arrivons à l’ère des énergies fossiles, période dans laquelle nous sommes et qui a commencé avec l’exploitation des mines de charbon. A l’échelle du temps forestier la réhabilitation de la forêt est donc récente. Néanmoins les forestiers ont l’habitude de marquer le début de la période de reforestation par la politique étatique de Colbert qui avait pour but d’inventorier les bois de marine et d’en pérenniser la production. Disposer des matériaux pour construire des navires de guerre était un impératif stratégique.
Bien avant, à l’époque préindustrielle, la population majoritairement rurale et païenne a autogéré sa forêt sans tutelle pendant de nombreux siècles.
Les peuples celtiques et gaulois débattaient, prenaient des décisions collectivement et pratiquaient la démocratie comme Jourdain faisait de la prose.
La tenue des débats, la solidarité, l’art de la guerre, l’artisanat, et le maintien de l’équilibre agro-sylvo-pastoral reposaient sur des coutumes transmises oralement de génération en génération.
Parmi les choses sacrées, le respect des gros chênes a dû traverser de nombreux siècles en raison des qualités de cette essence.
D’abord c’est l’arbre le plus longévif de nos contrées. De plus les glands du chêne étaient appréciés par les porcs des ruraux qui pratiquaient le panage.
Le chêne donne un bois de construction de qualité, durable, qui résiste à la pourriture sans traitement même avec quelques petites fuites dans la toiture.
Ce bois se travaille bien plus mieux que d’autres. La tonnellerie en est un fameux exemple.
C’est un matériau que l’on trouvait partout, même dans les zones qui ne disposaient pas de pierres de construction à proximité. On peut voir des maisons à ossature bois pluriséculaires dans de nombreuses régions.
Enfin le chêne produit un excellent bois de marine.
On peut donc penser que le chêne a symbolisé le respect indiscutable qui va de soi, un plus petit dénominateur commun du peuple depuis des siècles, y compris dans les communautés autogestionnaires.
Il était donc aisé pour le pouvoir royal d’asseoir son autorité en reprenant la défense du chêne à son compte comme la religion catholique a pu reprendre des dates et des lieux païens bien établis depuis des siècles pour asseoir son autorité nouvelle.
Aujourd’hui le chêne a le tort de croître moins vite que d’autres essences. De nouveaux usages du bois et de nouvelles techniques de transformation, de protection comme de mise en œuvre ont affaibli sa suprématie même s’il reste une valeur sûre, bien rémunérée par unité de volume.
Quant à l’autorité de l’Etat…
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