Pourquoi voter en mars ?
Cette question posée dans la revue du Conseil Général de mon département a retenu mon attention et disons-le tout net m’a conforté dans ma position déjà exprimée de ne pas voter aux prochaines élections départementales (ex Conseil Général).
Rappel des chantiers en cours
Ce qui est déjà acté, c’est la modification des circonscriptions électorales (les cantons) dont le nombre a été divisé par deux dans chaque département ainsi que le mode de scrutin (élection d’un binôme homme/femme par canton) destiné à favoriser la parité dans les assemblées locales.
En ce qui concerne, les cantons, les farouches partisans de la conservation du découpage antérieur seront bien sûr déçus et devront se contenter de circonscriptions taillées en fonction de considérations électoralistes ou de seuils de population et n’ayant pas grand-chose à voir avec les anciens cantons qui correspondaient à des territoires de vie bien ancrés dans l’esprit des électeurs.
Mention spéciale aux cantons urbains qui ne correspondent toujours à rien sinon à des arrières pensées électoralistes (demandez donc à un habitant d’une zone urbaine ce qu’est un canton et s’il connait le nom de son élu actuel…).
S’agissant de la parité, qui obligera de fait deux personnes à se mettre d’accord à chaque fois qu’un vote concernera leur canton, on attend de voir : si la décision à prendre concerne une partie du canton au détriment de l’autre, on verra sans doute les couples se déchirer et voter de manière différente. Autant dire que je ne crois pas un seul instant à l’utilité de ce dispositif paritaire, placébo à une parité inexistante dans les principaux partis politiques aux comportements machistes.
Revenons à l’article de la revue du conseil général
Afin d’appâter l’électeur, qui s’abstient de plus en plus (plus de 50% aux dernières élections cantonales), on lui indique quelles sont les compétences exercées par le Conseil Général, en prenant bien la précaution d’indiquer « aujourd’hui ».
Car le problème est bien là, le Conseil Général, « aujourd’hui » s’occupe, parmi les principales compétences, de l’aide sociale, des collèges, de la voierie départementale, des transports interurbains et scolaires. Il aide également et conseille les communes, gère les espaces naturels sensibles, et est compétent en matière de lecture.
« Aujourd’hui », mais demain ?
Le projet de loi sur la nouvelle organisation du territoire de la Républiques est actuellement examiné par le Parlement. Le Sénat, opposé à toute réforme l’a déjà vidé de son contenu qui n’était par ailleurs pas brillant, mais l’Assemblée Nationale devrait rétablir le projet dans le sens voulu par le Gouvernement, c’est-à-dire que le Conseil Général devait perdre un partie de ses compétences actuelles et pas des moindres puisque les routes et les collèges seraient transférées à la Région.
Les compétences du Conseil Général tourneraient donc principalement autour de l’aide sociale et de l’aide aux communes puisque le projet n’envisage pas de supprimer cette forme de tutelle et de copinage entre élus qui veulent garder leurs mandats et cultiver l’entre soi. Tout cela nous coûte bien cher, mais d’aucun vous dirons que c’est le prix à payer pour la démocratie, ce que je ne crois pas un seul instant.
Imaginons le Conseil général (départemental) demain…
…sans des compétences qui ravissent aujourd’hui les élus et qui se traduisent par de superbes inaugurations de déviations, de ronds-points ou de collèges, avec de belles photos dans la presse et dans la revue du Conseil Général.
… amputé de 30 % ou plus de ses agents transférés aux Régions ou aux métropoles suite aux transferts de compétences.
…. avec comme principale compétence l’aide sociale qui mobilisera près de 80% du budget, ce qui ne laissera pas grand-chose pour le reste.
…avec des élus qui s’enquiquineront comme des rats morts à voter ce budget quasi unique sur lequel ils n’auront aucune prise, qui passeront leur temps à embrasser les centenaires dans les maisons de retraites et à faire de la câlinothérapie aux travailleurs sociaux qui ne seront pas d’accord avec cette vision électoraliste des conseillers départementaux.
…où siègeront des élus de grandes villes qui ne gèreront pas grand-chose puisqu’une partie des compétences sociales pourra être transmise aux métropoles. Ces élus urbains seront juste là pour faire de la figuration et toucher leurs indemnités.
…où le nouveau découpage ainsi que l’air du temps fera entrer dans cette assemblée des élus frontistes dont les arguments de campagne (immigration, insécurité,…), n’ont rien à voir avec les compétences actuelles ou futures du Conseil Départemental.
Imaginons ce qui aurait pu être fait…
…mais que les élus refusent absolument pour garder leurs écharpes :
- disparition définitive du conseil départemental et mise en place de véritables intercommunalités dotées de moyens (financiers et humains) capables de gérer la proximité sans attendre l’obole du Conseil Général pour rénover l’école,
- gestion de l’action sociale par des agences départementales,
- arrêter de penser que les élus d’une commune de moins de 1000 habitants peut tout gérer, et regrouper les services et les décisions d’investissement au niveau des intercommunalités en laissant la dimension « proximité » à des élus de terrain moins nombreux.
Mais voilà…
Ce qui préoccupe les élus et les partis politiques, c’est garder toutes les couches du mille-feuille qui produisent plus de 540 000 élus permanents avec tout ce que cela suppose de dépenses de fonctionnement (Indemnités, communication, personnel affecté aux assemblées, doublons entre collectivités,…), que vous payez, bon gré mal gré avec vos impôts locaux, assemblées inutiles devenues incubateurs de jeunes pousses politiques ou maison de retraites pour élus vieillissants ou ayant subi des revers électoraux dans d’autres scrutins et qui veulent se refaire la cerise en attendant des jours meilleurs.
Ce n’est pas ma conception de la démocratie !
C’est pourquoi, loin des débats qui agitent le Landerneau politique autour du front républicain ou de pseudos querelles gauche-droite, en m’appuyant sur les éléments objectifs qui précèdent, et en sachant que les compétences futures du Conseil Départemental ne seront pas votée avant le scrutin de fin mars, j’ai pris la décision de ne pas voter les 22 et 29 mars pour ne pas cautionner cette mascarade.
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