Qu’est-ce que ça aurait changé ?
Le décor était déjà en place.
Durant cette triste période électorale, j'ai entendu bien des gens pousser des cris d’orfraie devant le péril qui pesait sur la nation. Si je partage leur inquiétude je n'en suis pas moins dupe au point de croire à un bouleversement d'envergure. Le décor était bien en place depuis l'avènement d'un Monarque impitoyable qui restera à la barre tel un grand timonier, aveugle et sourd aux plaintes de son peuple...
Si la mutation eut été douloureuse, elle n'aurait constitué pour autant qu'une transition en douceur (en horreur tout autant) entre deux manières de gouverner qui demeurent assez semblables. Nous pouvons nous amuser ici ; tant qu'il est encore permis dans cette nation de se gausser des puissants, d'établir le substrat qui a favorisé la pitoyable transition. Mais revenons sur cette période qui tôt ou tard favorisera la victoire de la bête immonde ...
Tout débuta après un plébiscite en trompe l'œil, par la constitution d'une majorité de brique et surtout de broc lors de législatives où il fallut courir après les trahisons et adouber des débutants incompétents. Ce dernier point constitua la pierre angulaire du règne de notre homme. Puis vint le temps de la désignation des ministres. À l'incompétence, il fallut adjoindre l'arrivisme, la veulerie et assez souvent, des casseroles judiciaires. La République exemplaire préparait le terrain.
Puis ce fut d'entrée de jeu le point d'orgue. La guerre contre le petit peuple par un bras séculier impitoyable et scélérat. Il ne fallait plus compter les éborgnés, les matraqués, les amputés et les incarcérés. La force injuste du pouvoir se rappelait le bon vieux temps du despotisme éclairé tandis que des scènes d'émeutes passaient en boucle sur des médias au service de la répression. La ligne jaune venait déjà d'être franchie.
Les libertés se mirent au diapason de ce changement de système d'autant plus aisément qu'une pandémie permit d'expérimenter toutes les mesures répressives permises et d'autres sorties du chapeau. Ce fut là un formidable galop d'essai pour préparer l’avènement suivant. La police cessa totalement d'assurer une présence débonnaire au service du citoyen pour se vouer corps et armes à l'établissement d'un ordre répressif.
Des événements extérieurs donnèrent un formidable coup de main pour amplifier à plaisir l'arsenal répressif et tous les moyens de surveillance au service de la limitation drastique de nos libertés. Le monarque ayant trouvé son clone pour tenir les rênes des escouades policières en dépit d'une honorabilité plus que douteuse. Un séide aussi dangereux que ceux du parti de la haine.
Dans le même temps, les caisses de l'état furent scrupuleusement vidées au profit des privilégiés, des amis du pouvoir tandis que le peuple fut sans cesse mis à contribution. Une coupe réglée pour appauvrir les masses et enrichir les élites tout en jouant de la plus honteuse propagande pour justifier ce hold-up. Toutes les vieilles recettes de la propagande et de la manipulation des masses furent mises en place avec des médias complices, tous dirigés par les grands bénéficiaires de ce détournement d'argent public.
La langue se plia à ce conditionnement de masse. Les éléments de langage vendus fort chers par des cabinets conseils, véritables sangsues de nos finances publiques, rejoignirent les pratiques évoquées par Orwels dans son roman 1984. La novlangue sévissait dans la bouche d'énarques qui méprisaient le peuple et aimaient à les assommer de propos abscons.
Celui-ci pourtant fut largement anesthésié par une surdose de célébrations, commémorations, manifestations, allocutions et grands rassemblement sportifs. Les vieilles recettes antiques abusèrent des jeux en omettant le pain tandis qu'elles servirent de prétexte pour en remettre une couche en matière de surveillance répressive. Naturellement, la main sur le cœur, nos apprentis dictateur affirmaient sans honte que tout cela n'était que provisoire, transitoire, éphémère.
La guerre à nos portes, nous n'avions plus qu'à nous imprégner de l’imminence de la fin des jours heureux ce que nous avions expérimenté depuis l'élection du Freluquet. La suite ne fut alors qu'une farce dans laquelle toutes les composantes de la vie politique se ruèrent pour démontrer au peuple horrifié à quel point le parlement n'était qu'une pétaudière déplorable peuplé de mal-embouchés vulgaires et stupides dans tous les camps à l'exception de celui qui jusqu'alors servait d'épouvantail. Sa normalisation au pas de l'oie en somme.
Il ne restât plus qu'à faire passer la bête immonde de jadis pour l'alternative la plus recevable pour le marché, la bourse et les grandes fortunes pour que le tour fut admirablement orchestré. Les électeurs, exaspérés pensèrent qu'il fallait essayer de ce côté là puisque les autres avaient fait la démonstration de leur veulerie, leur corruption, leur intéressement personnel et leur malhonnêteté. Le passage de témoin pouvait avoir lieu sans grand risque puisque nous avions déjà pieds et poings liés dans une dictature molle.
Vous voyez, il n'y avait pas de quoi trembler. Nous suivons un chemin tracé par ce manipulateur pervers, ce machiavel à la petite semaine, cet apprenti sorcier qui dégoupille sans même avoir recours à une grenade. Le plan fonctionne à merveille puisque la chambre sera ingouvernable.
Il ne reste plus qu'à patienter pour découvrir le fin mot de l’histoire. Car naturellement, cet être suprême a tout combiné, tout programmé et entend encore tirer les marrons d'un feu dont tous les miséreux et la classe moyenne seront les victimes y compris ceux qui ont cru à ce barde de malheur ou aux marchands d'illusions.
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