Qu’est-ce que Nuit Debout ?
Comment j’ai été amené à comprendre ce que signifie ces illuminés qui avaient le temps d’accumuler des nuits blanches...
Si je devais résumer ce qui ne me plait pas dans la politique telle qu’elle est faite à l’heure actuelle, c’est qu’on essaye de faire du neuf avec du vieux.
Tous les matins, avec une assiduité presque scolaire, j’écoute la matinale de France Inter, enfin ce que je peux écouter en 30-45 min de trajet selon les embouteillages du jour. Et, ce qui me frappe, c’est la quantité phénoménale de mots implicites utilisés tant par les chroniqueurs que par les invités divers. Il faut, nous devons, c’est important, tous les « x » sont/font/disent/veulent ci ou ça… à cela j’aurai envie de répondre, en quoi faudrait il, en quoi est-ce important, … n’y a-t-il aucune alternative à tous les… ?
Un interviewé de cette émission le 11/04 disait en substance, en parlant du mouvement nuit debout, qu’il est important que la génération suivante se construise en opposition à celle d’avant, répondant à la question de savoir si la génération Bobo 68arde avait ou non tirée toute la couverture pour elle-même au détriment de la génération suivante…
Je ne sais pas si ma génération ou celle d’après se construit en opposition à celle d’avant ou pas. Jamais ne je chercherai à expliquer ce qu’est le Bleu à une personne aveugle de naissance. Je crois que nous sommes dans le même cas de figure présentement. Comment m’opposer à quelque chose que je ne peux tout simplement pas envisager ? De la même façon que je ne peux qu’imaginer les 30 glorieuses, je ne pense pas qu’un député médecin de 60 ans puisse envisager ce que vit la génération d’aujourd’hui.
Les mots d’ordre pour une telle génération : chômage, désespérance, terrorisme, défiance, peur, sida, … c’est la génération du 80% de réussite au bac et du 24% de chômage des jeunes… c’est la génération du 25-40% d’absentions aux élections diverses et variés et du spectre omniprésent du FN au second tour de ces mêmes élections (ce qui permet bon an mal an aux autres partis de n’avoir à rien faire, rien à produire, rien à inventer, il leur suffit d’agiter le spectre du FN pour être élu : génialissime idée, non ?). C’est la génération du gouvernement de gauche qui applique une politique de droite, des syndicats qui ne représentent qu’eux même que ce soit en quantité ou en qualité des idées. C’est la génération de l’épée de Damoclès du réchauffement climatique, génération à qui on demande de se priver et de se limiter, quand la génération d’avant se concerte et se gausse d’une décision « pour plus tard » de limiter la hausse de la température à un niveau déjà trop élevé. Comme si ils avaient juste leur thermostat à régler… c’est la génération du gouvernement capable de générer dans son propre camps son opposition, pendant que les opposés historiques applaudissent (ce qui pose la question de la représentativité sur laquelle je reviendrais plus tard)… je ne pense pas que nos ainées puissent envisager les conséquences pour notre état mental des épouvantails, réels ou imaginaires, qu’ils agitent pour nous faire accepter leurs décisions. Si bonnes décisions d’ailleurs qu’elles nous ont conduits où nous en sommes aujourd’hui !
Je réfléchissais il y a peu en lisant des propositions émises par le mouvement nuit debout de ma ville. Je les trouvais fantaisiste, globalement peu réfléchi, teinté d’une forme d’immaturité. J’en ai beaucoup rit. Comment faire autrement ? Quand la proposition la plus concrète qu’ils puissent faire est « aller le soir prochain, on se fait une soupe et on campe sur place »… ce n’est pas avec ça qu’ils feront avancer la politique, me suis-je dit alors… Ou bien si ? S’il fallait ça pour reprendre un débat à zéro et y apporter autre chose que des il faut, nous devons, …. Autre chose que des positons partisanes improductives, qu’une opposition fermé aux débats, autre chose que des syndicats ou des partis extrêmes qui se plaignent tel des enfants frustrés de ne pouvoir commander à leurs parents mais qui voudraient tout moins que de commander à leur tour !
C’est ça Nuit Débout, d’une certaine façon. Un mouvement qui en à ras le bol de tout ça… tout ça quoi ?! Ben tout quoi !!! Et qui voudrait faire bouger les lignes. Un peu comme ces jours où on s’ennuie où on est inerte et où on a envie de rien d’autre que de ne rien faire, mais où chaque minute à ne rien faire génère un peu plus d’insatisfaction. Alors sur une impulsion, peut être irréfléchie et un peu naïve, on agit, on s’agite, on bouge. On a alors la surprise de s’apercevoir que le mouvement crée du mouvement comme l’action créé la motivation. On s’aperçoit alors qu’on est capable de faire quelque chose. Il n’y a pas besoin que ce quelque chose soit efficace de prime abord ou change notre état d’esprit, le fait de le faire suffit à nous mettre en mouvement et à nous faire avancer vers cet autre chose que l’on vise sans savoir où le trouver. Et à défaut de le trouver, le chercher est déjà un bon début.
C’est ça Nuit Debout, un geste contre la frustration, un mouvement quand on pense ne plus pouvoir rien faire.
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