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Question d’attitude

Puis-je vous avouer que nous sommes quelques-uns, perplexes et ébahis par l’image que renvoient les partis politiques, depuis quelques années, lors de leur prestations publiques ? Que les foules fassent expriment une liesse lors de représentations sportives ou artistiques, soit, mais la politique n’est-elle pas un sujet assez sérieux pour ne pas être abordée avec quelque humilité et circonspection ?

Bien sûr, vous me voyez arriver avec mes gros sabots car, d’entre tous ces partis, l’UMP détient probablement le record absolu et notoire de démonstrations d’une véritable dévotion vers un chef qu’un seul trait d’esprit suffirait à qualifier de gourou. Il suffit de passer quelque temps à consulter les messages recueillis sur le blog officiel des "Jeunes Populaires UMP", ou les liens attenants, pour y découvrir, outre des témoignages de sympathie et d’engagement classiques, des poèmes, des chansons (plus ou moins réussies, cf. la reprise d’un tube de Claude François, Alexandrie), de véritables odes admiratives à Nicolas Sarkozy dont la complaisance ne laisse aucun doute, bref, l’ampleur de ce que peu osent aujourd’hui, à moins que ce ne soit moi qui "déraille" totalement, qualifier de son véritable nom, fanatisme, dont voici la définition : "Le fanatisme, au départ religieux, désigne une adhésion passionnée et inconditionnelle à une cause, un enthousiasme durable et presque monomaniaque pour un sujet quelconque, ou un attachement opiniâtre, aveugle et parfois violent."

Est-il indispensable d’insister sur les dangers d’un tel état d’esprit, si ce n’est de rappeler au passage les faits divers (dont certains létaux) qui lui sont le plus liés, par exemple, lors de compétitions du ballon rond ou de concerts de certaines stars présentes ou passées... Certes, quoi de plus normal que de montrer son soutien, son attachement, encouragements ou admiration de toute forme de prestation ou d’initiative digne de l’intérêt que chacun lui porte ? Cependant, lorsque le supporter devient hooligan ou l’admirateur devient "fan" (abréviation anglaise de fanatique), peut-être ressent-on alors le droit à une certaine inquiétude, laquelle, d’ailleurs, a légitimé des mesures, émanant du ministère de l’Intérieur, de surveillance et d’intervention de forces de l’ordre aux abords des stades ou de certaines salles de concert. Mais le plus dangereux n’est peut-être pas tant l’acte démesuré du fan en lui-même que son propre sentiment de trouver cette attitude normale...

Admettons donc que la politique puisse donner lieu à un soutien actif, voire passionné de militants exaltés par la perspective de faire gagner leurs idées lors d’élections : le candidat éligible du parti auquel ils adhèrent ne devrait pourtant rester qu’un représentant, humble outil de mise en œuvre de ces idées. Or, dans le cadre de la campagne qui nous préoccupe aujourd’hui, nous avons tous pu constater, depuis plusieurs mois, cette mise en avant de candidats, de leur simple image, avant même que ceux-ci n’aient avancé le moindre argument de fond sur leur projet ou programme... et la véritable prouesse de Nicolas Sarkozy reste, non pas d’être devenu une idole par le bilan de sa carrière publique, mais bien d’avoir su galvaniser les foules en revêtant le costume du "sauveur du peuple qui en a marre des racailles" (je dissèquerai d’ailleurs sa méthodologie dans un prochain édito). On vénère l’homme et non un courant idéologique ou politique... Un peu comme on serait fan d’Eminem alors qu’on ne comprend pas les paroles de ses chansons... On reste séduit par l’attitude, la tessiture, la musique qui accompagne et la flatterie dont il sait user en temps utiles... Et le reste est fait par les médias qui se portent garants, à grand renfort d’artifices et de propagande, que le ramage est aussi bon que le plumage... (Puisqu’on l’a vu à la télé, c’est la vérité, dit-on dans les chaumières...)

Or, ce fanatisme affiché, que les médias vulgarisent sur le ton de la bonhomie, me rappelle fâcheusement celui que l’histoire nous relate, vil augure de l’instauration de régimes pour le moins totalitaires dont le chef aura été à chaque fois élu au suffrage universel... Nul besoin de s’intéresser au fond pour déjà craindre le danger par la simple attitude des foules qui ont rallié Nicolas Sarkozy alors qu’il est déjà à l’origine de bon nombre de restrictions de nos libertés individuelles ; mais, qu’importe le vin, pourvu qu’il y ait l’ivresse... Peut-être, pour finir, une simple mise en garde vers les militants et citoyens qui font aujourd’hui allégeance au personnage ? Il n’est pas du tout certain que ce dernier les reconnaisse, individuellement, à son tour, lorsqu’il aura conquis le pouvoir... Ils le verront quand ils seront traînés devant les tribunaux sous prétexte de rébellion ou d’outrage à vingt flics surpuissants, "entazés et enflasballés" jusqu’aux dents, lesquels, pour faire du chiffre, les auront gaulés pour un feu orange qu’ils n’auront pourtant pas grillé... (Forcément, ça énerve...).


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7 réactions à cet article    


  • toto1701 (---.---.130.52) 15 février 2007 12:26

    que veaux !! ,que veaux !!! aurait dit le general


    • Kira (---.---.217.201) 15 février 2007 12:45

      Vous critiquez beaucoup Mr Sarkozy dans cet article comme étant l’ instigateur de cette « dégradation ». il est vrai en effet que le débat politique s’ est considérablement mediatisé ou peopolisé comme l’ aiment à dire les médias eux-memes. Nicolas Sarkozy a accéléré le processus, c’ est certain. Mais pourquoi suivre ? en analysant les programmes en détails, on se rend compte que la droite ... fait de la droite et que la gauche fait de la gauche. On peut donc se poser la question : Les deux candidats principaux, tres mediatisés, sont-ils arrivés à la tete de leur parti pour leurs idées ou parce que leurs partisans pensaient qu’ ils étaient plus à même de gagner face à leur concurrent ? Je conseillerai plus que jamais à tout les citoyens de voter pour un parti et pas pour un candidat (on ne vote pas Royal ou Sarkozy ou le Pen ou autre mais pour leurs partis respectifs). sinon, nous en arriverons sans doute à ce que vous décrivez : du populisme et du culte de la personnalité. Il est regrettable que l’ être humain ait tendance à répéter les mêmes erreurs .... -|


      • Depi Depi 15 février 2007 13:36

        Bienvenue dans la Vème République où on vote pour un candidat depuis toujours et non pour un parti. C’est la rencontre entre un homme et le peuple français l’élection présidentielle française.

        Nous nous sommes déjà opposés sur un sujet qui reste assez similaire avec ce que vous développez ici et je n’adhère toujours pas à vos idées même si cela en séduira sans doute beaucoup.

        Les groupies dont vous parlez sont nécessaires et sont logiquement mis en avant par l’UMP car elles montrent la confiance que certains portent en leur chef mais il suffit de discuter avec des militants UMP qui sont impliqués dans la campagne pour voir qu’ils ne sont pas fanatiques.


        • Kira (---.---.217.201) 15 février 2007 19:10

          « on vote pour un candidat » dites-vous ? Réponse :« On ne gouverne pas seul : la France mérite une équipe » a dit Nicolas Sarkozy, cet après-midi ... smiley


        • ExSam (---.---.214.100) 15 février 2007 20:59

          Depi

          Bienvenue dans la Vème République où on vote pour un candidat depuis toujours et non pour un parti.

          Non, Depi, nous sommes nombreux à voter pour des idées, ce qui est la moindre des choses en politique.

          Voter pour une personne en faisant l’impasse sur ses convictions, son idéologie, c’est la porte ouverte à la dictature.

          Mais, évidemment, c’est plus simple. Jusqu’à ce que le réel nous rattrape.


        • Depi Depi 16 février 2007 15:02

          ..

          Le principe de l’élection présidentielle au suffrage direct telle que voulue par Charles de Gaulle c’est la rencontre entre un homme et un peuple.

          On vote donc pour un candidat et pour ses idées, pas pour un parti.


        • ExSam (---.---.214.100) 15 février 2007 20:54

          Article perctutant qui aurait pu prendre pour cible un certain nombre de politiques.

          En l’occurence, le choix de SDNB n’est pas le plus mauvais.

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