Qui sont véritablement les handicapés ?
Dans les problèmes que rencontrent les handicapés du point de vue de l’insertion professionnelle et sociale, la nouvelle loi de compensation du handicap de 2005 n’a rien résolu : retards, manque de pratique, manque de formation des professionnels qui s’en occupent, méconnaissance du matériel et des solutions pratiques...
Depuis janvier 2006, il existe dans les départements ce qu’on appelle « la maison du handicap », qui regroupe différents partenaires sociaux et associatifs. Autrement dit, cet endroit est la clef ouvrant les droits et aménagements du handicap, pouvant aider, conseiller et statuer sur les différentes situations liées au handicap. Cette structure accueille des professionnels tels que ergothérapeutes qui appréhendent les situations de handicap, trouvent des solutions techniques et ergonomiques, ainsi que des solutions financières pour les prises en charge.
Toutefois, lorsqu’une situation délicate se présente, les choses se compliquent, par exemple pour une personne polyhandicapée, qui présente plusieurs handicaps physiques, une cécité, une surdité et des maladies invalidantes. La structure propose d’aider à l’aménagement d’une douche adaptée ainsi que la salle de bain. On pourrait espérer trouver une solution comme en Suède, où la maison - ou l’appartement - est entièrement fonctionnelle.
Hélas, trois fois, rien de comparable. Ainsi, ce jeune homme s’est vu proposer, pour l’aménagement de sa salle de bain, une rencontre avec un professionnel, afin qu’il apprenne à « bouger » dans sa douche. On lui a proposé également de mettre un siège dans sa douche. Le problème est de taille, car sa douche carrée ne fait que 58 centimètres de côté, et qu’il ne peut rentrer dedans. L’ouverture de la porte à glissière réduit l’entrée à 32 centimètres. Devant l’incongruité de la situation, le jeune homme a demandé à l’ergothérapeute s’il devait apprendre à s’étirer afin de maigrir... A ce jour, il attend toujours la réponse, sachant qu’une nouvelle demande va être présentée aux médecins qui ont statué en première instance.
Devant une telle situation, on peut se demander comment, et sur quels critères, sont évalués les droits des handicapés dans les Vosges. Aux dernières nouvelles, le jeune homme aurait malgré tout la possibilité d’avoir une prise en charge pour une adaptation technique informatique sous la forme d’un synthétiseur vocal, et d’une plage braille, afin de compenser sa cécité, sachant, encore une fois, que l’ordinateur sera à sa charge et que tous ne fonctionnent pas avec ce type de matériel. Il ne bénéficiera pas non plus de la formation sur ce matériel, car de ce côté, il n’y a pas de prise en charge.
Un grand merci à ceux qui compensent le handicap pour se donner bonne conscience. Avec un peu de chance, la prochaine fois, lorsque le gouvernement fera quelque chose pour les handicapés, le jeune homme verra peut-être sa formation payée, dans une bonne quinzaine d’années ; à ce moment, son matériel sera devenu obsolète, comme l’ordinateur qu’il venait de finir de payer, au bout de cinq ans de remboursements, et qui ne fonctionne pas avec Internet.
Jacques Chirac a dit que chaque Français devrait avoir Internet désormais. Comme le dirait le maire d’une commune proche, à propos des emplois : « Il n’y a pas de place pour les valides, alors les handicapés ! ». Le handicap est une priorité nationale : alors, qu‘en serait-il autrement ?
Paul Montagne
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