Requiem pour palmipèdes

A l'époque où les drapeaux ont plutôt tendance à se déployer pour revendiquer des oppositions fratricides, ceux bien de chez nous semblent s'enrouler sur eux-mêmes comme pour se prémunir du vent frais qui nous parvient bien au-delà de nos frontières en cet automne agité, qu'il est bon de prendre avec prudence pour éviter des éternuements capables de fissurer les murs de nos institutions. 

Il est des années où certains mois resteront gravés à jamais du sceau de l'Histoire. La toute fraîche élection de Trump aux Etats Unis restera dans les mémoires tant par les passions qu'elle a déchainées que par les orientations qui en découleront qui, de toute évidence annoncent une rupture totale avec notre conformisme ambiant, ce qui forcément ne laisse pas sans réactions. Reste à savoir si ce conformisme résulte d'un gavage médiatique de complaisances idéologiques qui semblent venues d'un autre monde ou s'il est consécutif à une pathologie modifiant le prisme du bon sens qui nous permet de différencier la réalité de la virtualité.

Quoi qu'il en soit, oies et canards n'ont que faire de savoir s'ils sont en enclos et uniquement gavés pour fournir du foie gras, du moment qu'ils ont leurs rations quotidiennes. Heureusement pour nous et à la différence de nous, nos palmipèdes ne semblent pas être en capacité de se poser des questions existentielles, pas plus que de se projeter en s’imaginant en médaillon sur le plateau du réveillon de Noël.

C’est bien à cette question existentielle que nous renvoie cette commémoration du 11 novembre, pour que l’on n’oublie pas le prix payé par nos ancêtres pour en être là aujourd’hui. Que dire quand on pense qu’il n’aura fallu que 21 ans entre la première et la seconde guerre mondiale et il n’y a pas de quoi se gargariser en se targuant que depuis 79 ans nous avons réussi à éviter la 3eme, alors que nous ne sommes qu’à une décision imbécile de plus, pour que cette génération aussi corrompue que décérébrée ne déclenche le pire. Pour préserver sa sécurité et son petit confort elle est prête à vendre contre monnaie sonnante et trébuchante la liberté que nos ancêtres ont obtenue au prix de leur vie et de leur sang.

A moins de nous comporter comme des palmipèdes, nous ne pouvons que constater que nous n’avons rien compris des enseignements de l’Histoire si ce n’est que les mêmes causes génèrent toujours les mêmes effets. Est-ce par manque de vigilance, de courage ou est-ce par excès de confiance et au nom de notre suprématisme civilisationnel, que nous nous sommes coupés des principes fondateurs de l’unité du pays. Sommes-nous bien sûrs aujourd’hui d’être en capacité de s’unir dans cette volonté de construire une société où l’on peut vivre ensemble en paix, sans discriminer et faire couler le sang pour justifier le prix de non divergences d’intérêts.

Mort pour la France !!! N’est-ce pas là un anachronisme quand la France aujourd’hui a vendu sa souveraineté à l’UE et qu’elle doit quémander en pliant genoux pour satisfaire les désidérata d’une UE dont le programme ouvertement affiché prône la destruction des principes de chaque nation qui la compose et qui ont nécessité plusieurs siècles pour que les différents peuples d’Europe puissent se pacifier autour de valeurs où chacun se reconnait. Si les vivants se contentent de l’Histoire, les morts méritent la vérité. Mais nous restons ancrés encore dans le vieil adage qui veut que : « Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ». Surtout pour ceux qui y ont intérêt et qui pour se protéger dogmatisent la culture du secret pour dissimuler leurs inavouables activités.

Le temps ne semble pas encore venu pour que dans les mémoires les nombreux monuments aux morts sortent du champ de la guerre pour entrer dans celui de l’absurdité de leur fatalité. Eriger des monuments à la gloire du mensonge ne fait que fragiliser la mémoire. Celle d’une vérité bien moins glorieuse qui a conduit au pire et dont les noms gravés dans la pierre sont les victimes qui l’ont payé de leur vie pour satisfaire l’appétit de ceux qui ne considèrent l’homme que comme un consommable.

Que garderai-je en mémoire de cette cérémonie ? Très certainement les visages du public qui s’éclairent de sourires quand les enfants entonnent la Marseillaise : Enfin un vrai rayon de soleil !!!

Il me reste cependant une question : Comment les palmipèdes réagiraient-ils, s’ils étaient conscients d’être honorés au monument de la gastronomie juste pour satisfaire notre gourmandise ?

Après tout ce n’est peut-être pas plus mal qu’ils ne se posent pas de question.