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Société bloquée

Les tenants d’une réforme constitutionnelle donnent de la voix en faveur de la 6ème république. Le Président de l’Assemblée Nationale se déclare également en faveur d’une réforme visant entre autres à diminuer le nombre de Parlementaires. Tout le monde y va de sa proposition pour tenter de faire repartir la machine.

La solution est-elle dans la réforme constitutionnelle ?

Encore faudrait-il trouver une majorité ou une formule pour voter cette réforme…

Du côté des parlementaires actuels si on reste dans le cadre actuel de révision (majorité qualifiée), on peut dire sans se tromper qu’ils ne seront pas pressés de scier la branche à laquelle ils s’accrochent avec vigueur. On voit par exemple actuellement leur peu d’empressement à avancer dans la voie d’une réforme territorial.

D’un autre côté, on connait déjà la suite négative qui serait donnée à une réforme constitutionnelle proposée aux citoyens par voie de référendum étant entendu qu’on ne répond que rarement à la question posée lors de ce type de scrutin.

Voilà l’état des lieux. Pas grand-chose à espérer de ce côté-là.

Et puis, le mal profond dont souffre notre pays provient davantage de sa classe politique, de ses errements et de la manière dont elle se protège, que de l’équilibre actuel des pouvoirs entre les chambres et l’exécutif.

Une politique à la petite semaine

Un pas en avant, deux pas en arrière, c’est sans doute ce qui caractérise le mieux la politique menée actuellement par le gouvernement. Les plus optimistes vous diront qu’il s’agit de la technique du ballon d’essai qui consiste à faire fuiter une éventuelle mesure et d’attendre les réactions afin d’amender les textes.

Le degré de défiance à l’égard du pouvoir actuel est tel que cette technique est immédiatement l’occasion de manifestations, de pétitions et autres prises de parole fermes de la part de tous les lobbies ou corporations concernés. On assiste même à des défilés de notaires ou de pharmaciens, chose impensable dans un pays où ils ne représentent pas les plus défavorisés.

Etait-ce mieux avant ? Avant, c’était plutôt la technique du bulldozer, de la prise de parole quotidienne, du « casse-toi pauvre con », de l’égo démesuré et de l’invective privée ou publique. On avait l’impression que tout irait mieux, que la loi TEPA qui consistait entre autres à rembourser des impôts aux plus riches allait favoriser l’économie comme la défiscalisation des heures supplémentaires.

Un mandat plus tard, avec 1 million de chômeurs et 600 Milliards de dette supplémentaires, on s’aperçoit que la méthode, pour volontaire qu’elle fut, n’apporte pas plus de résultats que celle menée actuellement.

Serait-ce mieux avec d’autres ? Certainement pas ! Et puis le tous pourris qui peut constituer un slogan de campagne attirant pour les déboussolés et les déçus de la politique, se révèlerait sans doute aussi décevant à terme et sans doute plus destructeur.

Du collectif à l’individualisme et au corporatisme

Il y a une quarantaine d’année, l’esprit collectif existait et se traduisait dans tous les secteurs de la vie. Le citoyen s’impliquait dans la vie associative, dans son quartier, à l’école et dans la vie syndicale. Le collectif avait un sens, là où aujourd’hui c’est le repli sur soi, la peur de l’autre, la compétition où l’on écrase le collègue : chacun pour soi, et les rares réseaux qui se constituent aujourd’hui ont du mal à faire face à faire émerger une conscience populaire, y compris politique.

A côté de cet individualisme mortifère qui exclut tout projet construit, coexiste un corporatisme d’autant plus présent que la période économique se prête à la conservation des acquis plutôt qu’à une démarche prospective.

Les manifestations de professions réglementées sont là pour confirmer ce mouvement, mais d’autres corporations qui bénéficient de la commande publique s’inquiètent de la baisse des crédits affectés à l’investissement des collectivités publiques et mettent en œuvrent des stratégies pour conserver leurs parts de marchés. Ils « conseillent » donc amicalement les élus toujours prêts à donner satisfaction à ces employeurs, au prix éventuel d’un endettement accru des collectivités et d’une fiscalité plus lourde pour les contribuables. 

A bout de souffle…

Actuellement, il est difficile d’être optimiste et on ne voit pas d’où pourrait venir l’éclaircie. La politique ? Certainement pas. Elle se discrédite de jour en jour par ses positions à géométrie variable, à ses revirements, voire ses indélicatesses avec le fisc ou les magouilles immobilières. Ce sont les mêmes que nous voyons pérorer les mêmes âneries, du genre « ça ira mieux demain ». On n’y croit plus ! Les français n’en peuvent plus de leur classe politique. Le vrai pouvoir est ailleurs, il est économique et c’est l’argent qui dirige.

Le système est à bout de souffle, pas tant à cause de ses institutions que de la classe politique professionnelle dirigeante attachée à ses acquis et par conséquent inefficace.

Les électeurs se détournent des urnes de plus en plus, fatigués des promesses non tenues, par les réformes qui font pschitt.

Le refus et la défiance s’installent. Jusqu’à quand ? Quel sera le déclencheur d’une prise de conscience et surtout quelle sera la forme de la contestation qui ne manquera pas de surgir ? 


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18 réactions à cet article    


  • Daniel Roux Daniel Roux 10 octobre 2014 09:07

    L’auteur est découragé et c’est bien compréhensible. Ce n’est pas une raison pour reprendre un mensonge mille fois répété, à savoir :

    « L’électeur.. répond que rarement à la question posée lors de ce type de scrutin. »

    D’où l’auteur tire t-il cette croyance ? des médias dominants propriétés des financiers fiers représentants de l’oligarchie ? Ou d’une étude sérieuse qu’il pourrait indiquer ?

    Je prétends que l’électeur répond à la question qui est posée. Il y répond de sa propre conviction, de celle qu’il s’est forgée de par son vécu, de la propagande massive des médias, des discussions avec les autres.

    Le référendum est l’occasion d’échanges et de débats fructueux entre citoyens.

    Que la classe dominante, qui tient à sauvegarder ses prérogatives politiques et économiques, fasse tout pour éviter la consultation du Peuple est compréhensible dans un paradigme de lutte des classes mais évitons de reprendre ses mensonges.

    Sinon, la force des corporations, c’est l’absence de crédibilité des engagements et de l’honnêteté des politiques demandant nos suffrages. Ces hommes politiques se font élire sur un programme, des engagements, qu’ils s’y soumettent ou qu’ils se démettent.

    N’oublions pas la forfaiture des élus, des versaillais de 2007 qui ont trahi leur mandat en votant contre le Peuple, contre le résultat du référendum de 2005 marquant ainsi la fin de l’illusion démocratique et par conséquent le développement d’un corporatisme débridé.


    • Fergus Fergus 10 octobre 2014 11:35

      Bonjour, Daniel.

      100 % d’accord !

      N’ayant pas encore lu votre commentaire, je viens d’en poster un ci-dessous qui va exactement dans le même sens. Il faut définitivement tordre le cou à cette croyance erronée qui ne sert que les intérêts des « élites » opposées à tout appel au peuple.


    • Michel DROUET Michel DROUET 10 octobre 2014 21:41

      Bonsoir

      Dont acte, je me suis mal exprimé et le référendum reste encore un mode de consultation valable. On l’a vu en 2005, même si les parlementaires sont passé outre le résultat qui leur déplaisait.

      Maintenant, si d’aventure Hollande souhaitait mettre un projet à référendum, quelle que soit le nature de ce projet, même si les citoyens y adhèrent, ils voteraient quant même non pour désavouer Hollande et essayer de s’en débarrasser.

      C’est cela que j’ai voulu exprimer.


    • Gabriel Gabriel 10 octobre 2014 09:24

      Bonjour l’auteur,

      Ils s’aperçoivent que ce système sclérosé est au bord de l’implosion et chacun y va de sa petite réforme verbale. Leur problème, c’est comment refondre le système sans qui perdent leurs avantages. Comme disait le conte de Lampedusa : « Il faut que tout change pour que rien ne change... ». Vous aurez beau tourner le problème dans tous les sens, il n’y a qu’une seule solution c’est rendre le pouvoir au citoyens. Autrement dit, mettre en place des instances constituées de citoyens (renouvelable par exemple tous les six mois) pour contrôler les élus pendant toute la durée de leur mandature avec possibilité de mise en jugement si celui ci a volé, menti ou privilégié des intérêts privés au détriments des intérêts publics. Regardez aujourd’hui le nombre d’élus justiciables qui sont indéboulonnables et qui osent se représenter aux élections, ceux qui se sont fait élire sur un programme qu’il ne tiennent pas. Vous avez remarqué qu’une fois élus, ils estiment ne plus avoir de compte à rendre aux citoyens. Ils ont confondu pouvoir et délégation de pouvoir et fait de notre démocratie une monarchie élective pour petits roitelets.


      • Diogène diogène 10 octobre 2014 09:38

        « Le système est à bout de souffle, pas tant à cause de ses institutions que de la classe politique professionnelle dirigeante attachée à ses acquis et par conséquent inefficace. »


        « acquis » est un euphémisme. « privilèges » conviendrait mieux. Les rémunérations, les rentes à vie, les retraites spéciales, l’immunité parlementaire, la cooptation des élus,le du suffrage censitaire... sont autant de droits réservés à une aristocratie. La transmission héréditaire des ces droits est déjà un fait qui devraitt bientôt se transformer en règle.


        « Les électeurs se détournent des urnes de plus en plus, fatigués des promesses non tenues, par les réformes qui font pschitt. »

        Ils se détournent des urnes pour deux raisons :

        - ils ont compris par l’expérience que les discours électoraux n’étaient que des slogans publicitaires sans aucune rapport avec le produit vendu ; comme au salon de l’auto, plus la bagnole est pourrie, plus l’hôtesse est sexy.

        - ils ont compris que l’alternative rose / bleu n’en est pas une et que le FN est un repoussoir inventé par les deux compères (rose-bleu). Ils ont peut-être même compris que la « démocratie représentative » est une manipulation de grande envergure.



        • Fergus Fergus 10 octobre 2014 11:32

          Bonjour, Michel.

          « on connait déjà la suite négative qui serait donnée à une réforme constitutionnelle proposée aux citoyens par voie de référendum étant entendu qu’on ne répond que rarement à la question posée lors de ce type de scrutin. »

          Eh bien non, justement ! Contrairement à ce qui est régulièrement affirmé, les Français ont toujours répondu à la question posée lors de la dizaine de référendums organisés sous la Ve République. Ce cliché erroné est pourtant entretenu avec une belle constance par les politiciens par les éditorialistes hostiles à l’appel au peuple.

          Mais encore une fois, c’est faux !


          • Fergus Fergus 10 octobre 2014 11:53

            @ Michel Drouet.

            Dans un article de septembre intitulé Hollande  : vers une VIe République, je précisais le genre de référendum constitutionnel que Hollande peut organiser sans courir le moindre risque de plébiscite pour ou contre lui, en admettant que ce genre de consultation puisse ainsi dériver, ce qui n’a jamais été démontré.

            Compte tenu de l’impuissance de sa gouvernance, eu égard à sa propre faiblesse, c’est la seule solution qui lui reste pour tenter de sortir par le haut !

            Bonne journée.


          • Michel DROUET Michel DROUET 10 octobre 2014 21:49

            Bonsoir Fergus

            Faux dans l’absolu peut être, mais compte tenu de la déliquescence actuelle de la vie politique et du précédent de 2005, rayé d’un trait de plume par le Parlement, je doute que les Français aient encore une grande confiance dans le référendum.
            Ils ne répondront donc pas à la question quelle que soit son intérêt et en feront une manifestation de refus du pouvoir en place, un anti-plébiscite en quelque sorte...


          • Fergus Fergus 10 octobre 2014 22:33

            @ Michel Drouet.

            Je crois au contraire que les Français peuvent répondre de manière sincère si les réformes proposées sont conformes à leurs vœux. A une condition : que Hollande annonce qu’il ne se représentera pas en 2017 et qu’en conséquence il ne pourra tirer aucun profit personnel de cette consultation.

            Bonne nuit.


          • Michel DROUET Michel DROUET 11 octobre 2014 08:59

            Bonjour Fergus

            Il y a un tel discrédit du personnel politique, un tel corporatisme, un tel repli sur soi, et une telle puissance des lobbies, que je ne suis pas persuadé qu’un référendum, quel que soit le sujet, ait une chance d’aboutir.

            Bon, mais je suis peut être un peu trop pessimiste...


          • Fergus Fergus 11 octobre 2014 09:18

            Bonjour, Michel.

            Effectivement, on ne peut jamais être sûr de rien en politique. Mais dans l’état où est l’exécutif et l’absence de perspectives sérieuses de redressement, il ne reste pourtant plus que la voie d’un référendum de modernisation des institutions pour éviter le néant quasi total du quinquennat.

            Hollande est donc placé devant un choix : la quasi certitude d’un échec cinglant par blocage de la société et immobilisme gouvernemental jusqu’à la fin du mandat, ou la possibilité de réussir enfin à marquer de manière positive ce mandat désastreux. A sa place, perdu pour perdu, je n’hésiterais pas une seconde avant de lancer ce grand chantier de réforme institutionnelle, assorti de l’annonce du départ en 2017 pour ne pas polluer le scrutin.


          • bernard29 bernard29 10 octobre 2014 14:16

            Depuis 2012, la gauche avait tous les pouvoirs et elle était en mesure de démocratiser le régime politique assez simplement voire même par référendum. Aujourd’hui, c’est la panique. La gauche perd toutes les élections, , et même la présidence du Sénat, le président est décrédibilisé. Il ne peut plus utiliser l’art 89 pour modifier la constitution. (majorité des 3/5 du congrès ; assemblée+ Sénat)

            Mais surtout Hollande n’est pas De Gaulle et il est donc totalement incapable d’utiliser l’article 11 pour lancer un référendum. Il n’ a aucun courage politique ni aucun sens de l’intérêt général de la nation. Et en plus, il pense qu’il est très bien où il est.

            Pour une nouvelle constitution ou une réforme vraiment décisive, il faudra donc attendre une hypothétique « promesse » d’un candidat aux futures élections présidentielles.

            Par ailleurs , pour une nouvelle constitution, il faudrait déjà faire le choix entre une constitution présidentielle ( choix de Bartolone qui lance un comité sur l’avenir des institutions qu’il présidera) ou un régime parlementaire ou primo ministériel, (choix de Montebourg et de sa C6R). Et ça c’est déjà un débat qui est suffisant pour enterrer la discussion ou pour que rien ne bouge.


            • Peretz1 Peretz1 10 octobre 2014 18:05

              Réforme ou plutôt révolution constitutionnelle c’est dans « www.citoyenreferent.fr » où ce serait les citoyens qui commanderaient pour une fois, au dessus des partis politiques obsolètes. Egalement www.voiescitoyennes.fr


              • soi même 10 octobre 2014 20:00

                Commençons par réduire leurs traitements et avantages en nature, cela va déjà refroidir les carriéristes professionnelles !

                 


                • ecolittoral ecolittoral 11 octobre 2014 12:36

                  « Quel sera le déclencheur d’une prise de conscience et surtout quelle sera la forme de la contestation qui ne manquera pas de surgir ? »

                  Pourquoi au futur ? sera, manquera !

                  La prise de conscience est graduelle et ne date pas d’hier.

                  Elle se matérialise par des regroupements, actions, trafics, débrouilles.

                  On la retrouve dans ce qu’on appelait hier l’économie parallèle et qu’aujourd’hui on peut appeler l’économie tout court...avec son pendant : la baisse des rentrées fiscales et les milliards d’euros, en billets, qui ne transitent plus par les banques !!!

                  Alors ou est elle ?

                  Invisible, discrète pour être efficace et ne pas être repérée !

                  Qui sont ils ?

                  Monsieur, madame tout le monde.

                  Ou ça ?

                  Un peu partout.

                  Comment ?

                  Localement, par petites touches.

                  Le matin on crie son exaspération. L’après midi on se débrouille.

                  Les Français (et les autres) ne passent pas leur temps à attendre.

                  Ils font en évitant que cela se sache.

                  D’où cette fausse impression que la prise de conscience se fera demain.

                  Nécessité fait loi !


                  • Michel DROUET Michel DROUET 11 octobre 2014 20:44

                    Pas faux, ecolittoral !


                  • zygzornifle zygzornifle 12 octobre 2014 09:34

                    Une réforme ? OUI mais pas avec ceux qui ont participé à la 5è république et au déclin du pays ....

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