Souvenir, souvenir...
Voici venu le 90e anniversaire de l’Armistice de 1918 ! Seulement voilà, au moment de souffler les bougies, on s’aperçoit que les heureux élus poilus ne sont déjà plus là… Y a-t-il encore un intérêt pour les vivants à célébrer ensemble ce qui n’est même plus un souvenir, mais qui appartient déjà à la mémoire du peuple ? La commémoration historique, la mémoire pratique est-elle légitime ? Quel est le véritable sens d’une commémoration ?
Actuellement, en France, il existe 12 commémorations nationales. André Kaspi, chargé d’un rapport sur la modernisation des commémorations publiques, souhaite ne conserver que les dates du 11 novembre (1918) pour commémorer les morts du passé et du présent, du 8 mai (1945) pour appeler à la victoire sur le nazisme et la barbarie et du 14 juillet (Fête nationale) qui exalte les valeurs de la révolution nationale. En cause, cette pléthore de jours commémoratifs, à l’origine de « particularismes qui vont à l’encontre de l’unité nationale ». Et que faire alors, des 9 neuf autres dates commémoratives, recalées au palmarès des événements dignes de la mémoire nationale française ? M. Kaspi propose de les déclasser pour les mettre à l’échelon local ou régional ! Mais alors, doit-on cloisonner aux seuls Dom-Tom, la célébration du 10 mai en faveur de l’abolition de l’esclavage ? Et le 27 janvier, journée souvenir de l’holocauste, doit-il être célébré en cachette dans les quartiers juifs strasbourgeois ?
A travers ces commémorations, n’est-ce pas, au contraire, un socle commun de valeurs qui est transmis à la nation ? La mémoire de l’Histoire à travers le respect des anciens n’est-elle pas un des bastions de la démocratie ? Le devoir de mémoire incite le peuple à réfléchir sur les notions fondatrices de la République française, à savoir la Liberté, l’Egalité, la Fraternité et la Paix, ainsi que sur les atrocités commises dans le passé. La mémoire représente l’héritage de chaque Française et Français, grâce auquel chaque individu se construit. Chaque date commémorée est fédératrice de solidarité et de respect. Et si les ancêtres ne sont plus là, faut-il pour autant oublier ce qu’ils ont accompli ? Chaque date commémorative est imprégnée d’une valeur émotionnelle forte et forge le sentiment d’identité nationale. Alors M. Kaspi, est-il bien nécessaire d’ébranler les fondements de la conscience nationale française ?
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