« T’as vidangé Zoé ? »
Depuis que Renault a annoncé la commercialisation, en 2012, d’un véhicule baptisé « Zoé », les Zoé de France montent dans les tours. Et ce justement pour éviter de subir le restant de leur vie des jeux de mots douteux comme celui-ci.
L’histoire date du mois de mai, lorsqu’une charmante Zoé Renault prend pour avocat Me Koubbi, et met en demeure la société automobile. Le motif : « les prénoms, c’est pour les humains ». Il faut avouer que pour la plaignante, si le véhicule sort sur le marché, il en est fini de sa crédibilité. En effet, elle craint fortement de subir les mêmes dégradations verbales que les malheureux prénommés Logan, Mégane etc... sauf qu’on compte environ 30 000 Zoé en France.
Il est vrai qu’il est particulièrement honteux de faire dévier ce qui est de l’ordre de l’humain vers le mécanique, rendant ainsi la frontière entre les deux plus floue, dans le seul but de faire du profit. Dans un courrier envoyé à Carlos Ghosn, le PDG de la société Renault, l’avocat s’explique :
« Votre produit s’enrichit de l’image véhiculée par les enfants et les femmes qui portent le prénom de Zoé, pendant que l’image de ces personnes se ternit à proportion, car elle renvoie à … un moyen de locomotion »
Rapidement, l’affaire a été médiatisée, et tout le monde pensait que le produit, alors au simple stade de prototype, serait renommé. Mais la présentation au salon de l’automobile de Paris ce mois-ci de la fameuse zozo sous son matricule originel a précipité l’assignation en justice : « Carlos Ghosn avait dit qu’il ne laisserait pas partir sur le marché une voiture dont le nom serait un handicap. Nous n’avions pas attaqué car on pensait qu’ils allaient retirer ce nom pour le salon de l’automobile ». Comme il n’en fut rien, un passage devant le juge est prévu pour le 21 octobre, et ce malgré une négation totale de la part de Renault, affirmant que le changement de nom « n’est pas du tout à l’ordre du jour pour l’instant », selon leur porte parole.
Une plainte version 2.0
Si le motif de la plainte a des airs de procès à l’américaine, la médiatisation de celle-ci est vraiment innovatrice. Les plaignants comptant sur la solidarité de toutes les Zoé de l’hexagone et sur celle de leurs proches, ils se sont de doté de tout un arsenal de techniques marketing pour faire connaître leur combat. D’abord, un site internet fait office de manifeste : www.zoerenault.com , sur lequel on peut voir d’abord un travail sur le design, et une photo pro de Zoé Renault aux côtés de son avocat. C’est en soi plus original que les sites réalisés avec Paint© d’asso’ obscures réclamant la libération d’un terroriste qui aimerait revoir son fils, mais le plus éloquent reste le contenu, qui joue clairement sur la mode de la solidarité en ligne, la communauté numérique sociale, en proposant de signer une pétition, ou même de rejoindre un groupe Facebook (regroupant chacun environ 5000 membres à ce jour).
Trois vidéos ont également été réalisées, avec la participation de Max Boublil ou Clara Morgane, sur une base humoristique, dans le but de mettre en situation les blagues de mauvais goût tant redoutées. La troisième vidéo ose même tourner en ridicule la marque poursuivie.
Si seulement la justice pouvait toujours avoir cette image fraîche, populaire...
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