Un mode de gouvernance exécrable et anxiogène
Chaque jour ou presque nous amène son lot d’annonces de réformes, de taxations destinées à combler le trou budgétaire, celui des retraites ou de la sécu ou bien encore à « améliorer » la justice fiscale.
Ces derniers temps nous avons eu droit à différentes hypothèses concernant les retraites allant de l’augmentation des cotisations à l’allongement de leur durée, en passant par la fin de leur indexation, la suppression de l’abattement de 10 % sur les revenus des retraités ou bien la fiscalisation de l’avantage consenti aux fonctionnaires qui ont élevé trois enfants.
S’agissant de la politique familiale, cela va de la fiscalisation des allocations en passant par la modification du quotient familial. Sur la fiscalité elle-même on parle de l’avancement de l’application de l’augmentation de la TVA et également de l’indexation de la taxe d’habitation sur les revenus de l’occupant du logement.
Outre les éventualités concernant la TVA, on notera également le débat sur la fiscalité du diesel, fort opportunément initié par la cour des comptes qui parle de 7 Milliards de perte de recettes, alors que cette mesure a fait les beaux jours de notre industrie automobile, ce qui n’est plus le cas actuellement.
Devant cette masse d’annonces, le citoyen lambda se trouve un peu dépassé et se demande à quelle sauce fiscale il va être mangé dans les prochains mois au nom de la rigueur budgétaire. Le plus averti prend sa calculette et chiffre, autant que faire se peut, chaque mesure et arrive selon sa situation à des totaux plus ou moins élevés, mais jamais neutres pour son budget, avec des scénarios catastrophe cumulant les effets de plusieurs mesures potentielles.
La réaction logique est de faire le gros dos, c'est-à-dire, pour ceux qui le peuvent, épargner un peu plus pour prévoir les mauvais jours, pour d’autres, différer leurs achats et donc leur consommation, et enfin pour les moins favorisés à se mettre un peu plus en mode survie en continuant à jongler avec les fins de mois, la réparation de la voiture et le paiement de la cantine des enfants.
Voilà pour les effets tangibles.
Vous n’avez rien compris !
Si cette masse de mauvaises nouvelles s’abat sur vous et vous incite à rentrer dans votre coquille, c’est que vous ne comprenez rien à la communication politique.
Il s’agit de la technique des ballons d’essais qui consiste pour un ministre, une institution (chambre des comptes) ou un corps intermédiaire (le Medef, par exemple), à lâcher une petite indiscrétion auprès de journalistes sur une mesure envisageable ou souhaitée afin d’en tester la faisabilité auprès du bon peuple et des lobbies. Il s’agit donc d’une arme à double détente, qui sera immédiatement suivie d’un sondage qui nous donnera des pourcentages favorables ou non qui permettront au gouvernement d’envisager ou non la mesure ou aux lobbies de passer à la vitesse supérieure.
Cette technique du ballon d’essai ne doit pas être confondue avec le couac qui est par exemple une intervention intempestive d’un ministre non labellisée « ballon d’essai » par le chef du gouvernement. On citera notamment la phrase de Montebourg sur Mittal (« La France ne veut plus de Mittal »).
Les gagnants et les perdants de la méthode
Certains ministres qui ont besoin d’exister dans leur diversité au sein du P.S. ont sans doute intérêt politiquement à faire fuiter telle ou telle information auprès de la presse qui s’empresse d’en faire ses choux gras.
Les seconds gagnants sont les instituts de sondages à qui le gouvernement ou les médias commandent des enquêtes sur tel ou tel bruit ou annonce et les livrent à ces mêmes médias qui les commentent pendant plusieurs jours. La presse et les instituts de sondages ne vont pas trop mal en ce moment et peuvent donc remercier le gouvernement pour sa manière de piloter son action.
Car c’est sans doute l’enseignement principal de ce que nous vivons actuellement : le gouvernement, face à la crise, cherche désespérément des solutions et les teste sans se douter de leur caractère anxiogène auprès des français et de leur impact négatif sur l’économie. Il ne s’agit pas de stigmatiser le gouvernement actuel, le précédent a fait et ferait sans doute la même chose. D’ailleurs, la technique du ballon d’essai semble être également la règle pour que l’on continue à parler du Président UMP battu en mai dernier.
Les perdants sont bien sûr les citoyens, qui outre leur état d’abattement face à l’avalanche des mesures évoquées, sont complètement exclus du débat qui est contenu au sein d’une nomenklatura politico-médiatique.
Redonner la parole au peuple ?
Un sondage est moins risqué pour nos dirigeants politiques qui cherchent avant tout à faire carrière et à cumuler les mandats ou les postes de prestiges.
Et puis, dès fois que cette parole irait au-delà de ce qui est supportable (pour les pouvoirs et les lobbies), comme l’ont fait les Suisses en matière de rémunérations de leurs dirigeants économiques…
…ou bien encore que le peuple élise, comme en Italie des représentants, au risque de bloquer la vie parlementaire…
Par ailleurs, redonner la parole au peuple nécessiterait pour ces dirigeants de revoir leurs modes de pensée, ceux qui leur ont été inculqués dans des écoles prestigieuses ou qui leur ont été glissés dans l’oreille par les experts en tout genre, incapable de prédire les crises, mais que l’on voit toujours pérorer au 20 heures en nous rappelant les sacrifices que nous devons accepter au nom de l’ordre mondial.
Alors…
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