Une première nationale : la maison universelle adaptée
Jean-Marie Borloo annonçait à l’Assemblée nationale, le 14 novembre dernier, la création des maisons universelles destinées aux personnes handicapées. Patrick Lecolier, jeune polyhandicapé, vient de décider de réhabiliter son ancienne bâtisse ouvrière, qu’il occupe seul à ce jour, en concertation avec le maire de la commune qui cautionne le projet, créant du fait une première nationale.
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Patrick est un inventeur ; après avoir occupé plusieurs emplois adaptés dans la formation aux aveugles et dans la presse spécialisée comme rédacteur en chef, au sein du milieu associatif, sa santé ne lui permet plus de travailler normalement. Il veut créer des logements sociaux adaptés aux handicapés physiques et visuels, dans sa maison.
Aucun logement adapté aux aveugles et mal voyants n’existe en France !
Il décide alors de démarrer ce projet courant 2006, avec l’aide de Guy Martinache, conseiller général et maire de la commune de Granges-sur-Vologne, qui va le mettre en relation avec Jean-François Georgel, architecte et maître-d’œuvre, qui accepte de « jouer le jeu » et d’apprendre avec Patrick tous les aspects de ce que peut être une adaptation réussie. L’expérience de Patrick est prépondérante ; après avoir vécu toute sa vie auprès des déficients visuels, il va apporter des connaissances techniques sur cet aspect ; paradoxe s’il en est : « L’adaptation ne doit pas se voir ! ». C’est, paraît-il, le secret de la réussite d’un tel projet.
Patrick avait déjà travaillé avec le CAUE, au Conseil général des Vosges, en ce qui concerne le handicap visuel et aussi pour essayer de généraliser ce type d’adaptations. « La maison doit être sécurisante et adaptée » ; un guidage au sol, aux murs et au plafond, permettra aux déficients visuels de se mouvoir grâce à des contrastes tout en respectant les codes de couleurs avec un affichage agrandi et adapté dans la maison, en évitant les obstacles dangereux. L’aspect tactile et sonore n’est pas à négliger : en utilisant des matériaux adaptés, on peut « sentir » à l’oreille les décrochages des murs, des portes, des plafonds ; le relief des pièces apparaît plus clairement. Plus encore, l’adaptation va même jusqu’à calculer la luminosité, le type d’éclairage ainsi que le rayonnement afin de protéger la rétine d’une exposition fatigante et douloureuse, de mieux voir les contours et les reliefs.
Une liaison électronique interactive entre les locataires et avec une société de télésurveillance permettra de rassurer les futurs locataires et de prévenir d’éventuels malaises ou problèmes de sécurité.
Mais, avant tout, ce qui compte, c’est la conception dès le départ, à la construction ou lors de la rénovation, car le coût n’est pas forcément beaucoup plus élevé si la conception est bien étudiée. L’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite est également prévue pour servir à tous. La personne handicapée est souvent le révélateur des problèmes des autres. Locaux communs étudiés pour les fauteuils roulants, ascenseur, accès des contours de la maison.
La technologie permet également de délivrer des messages vocaux lors du passage des personnes afin de favoriser la prévention tout en donnant de l’information. La domotique est également de plus en plus utilisée dans ce type d’adaptation. Encore trop peu implantée en France, elle est pourtant bien utile ; elle permet de télécommander une télévision, mais aussi de restituer de l’information par le biais d’un boîtier « universel », d’ouvrir et de fermer les volets par l’appui d’une seule touche, d’enclencher la sécurité, de mettre en marche et de réguler le chauffage, d’envoyer un appel ou de commander des prises de courant pour allumer les lumières ou mettre la cafetière en marche ; tous les petits gestes de la vie courante dans une seule télécommande, pour éviter de chercher, d’identifier et de faire des gestes qui peuvent être difficiles ou pénibles. Tout cela pourra également se faire par le biais du téléphone portable. Lorsqu’on ne voit plus, comment savoir que la lampe du séjour est restée allumée ?
La sécurité est particulièrement importante pour les personnes handicapées car elle n’ont pas les moyens de se protéger comme les autres. Sans tomber dans le système des résidences surveillées du modèle américain, ce projet permet, tout en alliant l’accessibilité, le confort et la sécurité, de donner une vie agréable à tous sans pour autant créer un ghetto car la mixité sera de règle. Par le biais d’une adaptation qui peut paraître lourde, on veut donner une vie normale, dans une commune rurale accessible où les commerces de proximité et les services publics sont encore présents et les cinquante-cinq associations très dynamiques.
« Je souhaite que cette expérience puisse se généraliser. »
On l’a bien compris, Patrick Lecolier veut montrer l’exemple en ouvrant une porte afin de prouver que « c’est possible ». Ce projet est une véritable innovation sur le plan du concept, il utilise des techniques disponibles au service de la personne handicapée.
Documents joints à cet article
![Une première nationale : la maison universelle adaptée](http://www.agoravox.fr/local/cache-vignettes/L620xH465/IMG_0071-d60bd.jpg)
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