Universités : l’apprentissage de la liberté bafouée
J’entends déjà les cris des étudiants en grève dénonçant un discours scandaleux et extrémiste, liberticide et anti-démocratique... mais ce sont justement ces qualificatifs que je m’apprête à employer pour décrire, de mon point de vue de citoyen, et d’ancien étudiant, l’action menée par les grévistes à l’encontre de leurs « camarades ».
Loin de moi l’idée de défendre le contrat première embauche, même s’il faut bien une « première fois », et surtout parce que cela me semble un emplâtre sur une jambe de bois. Le marché du travail est malade de deux fléaux distincts : l’actionnariat, qui conduit les conseils d’administration à bâtir la politique des grandes entreprises sur la seule nécessité de récompenser leurs actionnaires, et l’omnipotent Etat, qui, par son poids fiscal, écrase l’initiative et les petites et moyennes entreprises de charges.
Ceci étant dit, dans quel Etat de droit vivons-nous ? Celui de pouvoir poursuivre ses études (longues et difficiles) dans un minimum de quiétude, ou celui de pouvoir prendre en otages ses semblables pour contraindre par la force un gouvernement ? Ces méthodes sont liberticides, et relèvent de la dictature au nom d’une idéologie. Convaincre par la contrainte n’est pas démocratique, et rappelle plutôt les heures sombres du stalinisme. J’étais étudiant en 1986 lorsque la loi Devaquet a soulevé un vent de rébellion chez ceux qui voulaient pouvoir s’inscrire dans n’importe quelle fac, quel que soit leur Bac. L’incursion des « révoltés » dans notre amphithéâtre n’a duré que le temps d’une déclaration, nous n’aurions pas supporté davantage et aurions reconduit les trublions à la sortie. Car notre liberté était de choisir de suivre les cours ou de manifester. Mais jamais nous n’aurions agi autrement... une autre époque, une autre morale.
Aussi, que les étudiants du « monde libre » s’organisent et s’élèvent contre ceux qui foulent du pied leur liberté, l’Université appartient à tous, et sûrement pas à des groupuscules aveuglés par leur colère. La dictature commence là où la résignation naît, ne donnez pas ce pouvoir à quiconque.
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