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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Vernaculaire ou Atrabilaire ?

Vernaculaire ou Atrabilaire ?

 

Les Berdouillements d'un bouseux de ch'eux nous !

 

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À c't'heure, nous'autes les pauv'bouseux de nos 'provinces pouvons plus clabauder ni jaspoter dans la parule de ch'z nous. Pauvres geigneux que nous soyons, le pequit du Palais bavouille à l'Académie des propos pires que sornettes. Pour ce jacteux prétentieux nous sommes cause de la division du pays. C'est pas c't canaille qui va entraver notre bon plaisir de jaspolier comme nous l'entendons sur les bourgeoisiaux et tout ceuss de son grand'mond !

Parait que notre langue vernaculaire comme dit ce baveux, emberne les notabilités et la nation toute entière. Magner les mots de travers serait donc s'opposer à l'unité de la nation. Faut ti qu'on s'abaisse d'vant ceuss d'en haut en fermant not'goule ?

Not' Freluquet est ben embistrouillés de point comprendre notre jargon. Ce malfaisant s'échine à nous mette les deux pieds dans la marde tandis qu'i flatte la croupe des ceuss' qui s'engrassent sur not' dos ! Notre pratique, il n'en a ren à fiche ce parisien de pacotille tout affairé à remplir le bas d'laine de ses obligés.

Nous aut'es nous allons grimper jusqu'à not' capitale pour lui gueuler not' colère dans tous les patois de chez nous. Ça f'ra une belle assemblée de braillards, de baladins ou de ch'mineux, tous ces moins que pas grand chose devant le Palais du vicaire à pognon des arracheux d'dents.

Y'nous a pris pour des berlauds et des berlaudines nous tous de la France d'en bas. Pendant son grand débat i l'a ben essayer de bagosser un brin avec nous autr'e, faisant grandes grimaces pour faire croire qu'il était pas fierot le gâs à Rotechild, lui qui va à Hue ou à Dia au gré du vent et d'l'oseille à nous voler. Plein d'malice, il javouilla des prônes et des menteries, des recettes à la soupe de citrouille avant qu's rengorger un peu puis nous bailler queques sourires en r'montant ses bras d'chemise, preuve qu'il savait se barlancer pour amadouer les électeurs ...

Puis s'en est ensauvée ben plus vite, fécartant de son ch'min toute cette plétaille qui tapait dans des casseroles ! A l'était point benaise le froutiquet qui bouchonnait l'devant de sa biaude. Y'avait du charnisson sur son ch'min dans tous l'pays. Des ch'tiots de la campagne, des drôles qui lui f'raient ben queques caberioles pour lui faire entendre raison. A ben détalé dans sa cariole ! « Va au diable briffrer d'la tête d'vieau ! » y'avons geulé à son train, écœurdés d'ce comportement. « Faut ben crér qu'à s'en fout d'nous, ce pécord  ! »

Et si d'not côté faudrait ben j'ter la pierre à tous les ouésieaux qu'i s' engrèssent sur no' dos en usant d'une parlure qu'est mêm pas d'chez nous ni même d'un coin de notre contrée. Nous les ferons décamper pour leur clouer le bec leur sournoués'ries toujours déblatérer en langue d'bois ou en inglische. Leurs mauvais'têts vont finir par tomber dans la grande bataille des langues régionales.

Point question de brailler au champ de naviots pour entarrer not patois. Nous allons mettre un roustée à nos villotiers. quérrier not' désappointement et sufler les bâveux qu'y s'parlottent, se berlancent quand le vent est mauvais. Nous les bouseux, nous vourin entend'e, notre manière de baver tandis qu'ceuses de la grand ville use de grands mots qui flût'nt su' l'dous du vent qui passe :
Dévouement !... Intérêts !... République !... Patrie !... Impôts ren pour nous'autres

Mais mes bons amis, c'est l'Peup' souv'rain qui répond à c't'enverneur par le truchement du gars Gaston. Y'a pas mieux pour lui clouer l'bec quoiqu'c'est ben probable qui n'y entrave rien à notre biau patois. Ce bredin d'l haute n'a d'cesse de nous bafuter son bagoulot d'pécadille qu'est tout juste bon à hontir sans vergogne. Mais qu'y protège ses abatis quand les gueux et les manants vont tous s'aggofer et s'dresser contre c'tte troupe de malfaisants mal embouchés ...

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LE DISCOURS DU TRAINEUX
 

 


Môssieu, j'traînais coumme ed' coutume.
J'tomb' dans eun' foule où qu'des légumes
En queue d'morue :
L'préfet, l'mair', l'archiviss du bourg,
Inaugurint en troués discours
Vout'e estatue !

Tertous ont fiér'ment ben parlé :
On vouét qu' c'est des gâs qu'est allé
Dans les écoles !
Moué, môssieu, j'sés guére orateur ;
Mais quoué ! j'soumm's pus qu'nous deux, à c't' heure :
J'prends la parole !

Et, d'abord, j'ai dans les vingt ans ;
Vous, v'ét's morts, mais ça dit pas quand
Qu'v's avez pu naît'e ?
V'ét's du pat'lin : moué, j'sés d'ailleurs ;
J'ai, par conséquent, pas l'hounneur
De vous counnaît'e !

J'peux pas discuter : j'discut' pas
Les victouér's ou les almanachs
D'vout'e existence ;
Et, tout c'que v's avez dit ou fait,
C'est parfait, môssieu, c'est parfait !
J'l'approuv' d'avance !

Vout' figur' n'a ren qui déplaise :
J'en ai crouésé des plus mauvaises
Au coin des routes !
Mais, pour la fer' vouer en plein bronze
Plac' du Martroué, sous les quinconces,
Comben qu'ça coûte ?

Dix mill' francs ! Et putôt pus qu' moins !
Qu'i's gueul'nt partout, les citouéyens
D'vout' vill' native.
Dix mill' francs ! Au prix oùsqu'est l'pain
Ça f'rait comben d'hotté's, comben
D'mich's de quat' liv'es ?

Or, moué, j'ai pas bouffé, môssieu,
Depis un jour, depis huit lieues.
Ça, c'est trop fort !
Mais, si tant haut qu'v' avez pété,
Vous pétez pus à l'heure qu'il est.
Moué, j'pète encore !

Dix mill' francs ! Ça vous fait bell' jambe,
A vous qu'on r'trouv'rait pas un memb'e
Dans la terr' nouére !
Dix mill' francs pour eune estatue !
Dix mill' francs ! Dix mill' francs d'foutus !
C'est ça, la glouére !

Et v'là c'que c'est qu'eun houmme illust'e
Qu'a p't-ét'e été humain et juste
Dans l'temps jadis !
C'est queuque rev'nant en ferraille
Qu'entass' dans son vent' sans entraille
Le pain d'nout' vie !

Et c'est tout, tout c'que ma langu' trouve
Au travers d'la faim qui m'alouve
A tourner d'mieux...
Mais, dans leu's discours à flafla,
Pas un des aut's avait dit ça :
J'vous l'dis, môssieu ! ..,

 

 

Gaston Couté

1880-1911


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14 réactions à cet article    


  • babelouest babelouest 5 décembre 14:52

    Une gouélante du Gaston, bravo C’est Nabum.

    Thiau mougeassin qu’a core dau lait dans l’nasou, qu’est-au qu’y en feurans ? Sans doute rin, passque coum disait mon père, « O l’é tout rin, thieu ! »

    Ah qund l’était core pus p’tit, o l’é ine boune feurlassaille qu’o ly aurait fl’u. Asteur o lé ben trop tard.

    Coum disait m’n ami Yves Rabault, « O l’était poué d’même, dans nout’temps ! »


    • C'est Nabum C’est Nabum 5 décembre 15:17

      @babelouest

      Luttons de toutes nos langues regroupées pour repousser cette idée honteuse de la France représentée par ce triste personnage sans racine


    • babelouest babelouest 5 décembre 18:11

      @C’est Nabum
      Pour un peu (et même peut-être beaucoup) j’oserais dire : je le plains. Son paysage intérieur doit ressembler au grand erg en plein midi.... avec des cactus !
      https://www.youtube.com/watch?v=E05SSymMvdY


    • C'est Nabum C’est Nabum 5 décembre 18:36

      @babelouest

      Ce doit être pire encore


    • amiaplacidus amiaplacidus 6 décembre 06:42

      @babelouest
      « ... Il y a des cactus ... impossible de s’assoir... »

      Souffre-t-il d’hémorroïdes ?

      On est toujours puni par où on a péché.


    • Jason Jason 5 décembre 18:15

      Causez toujours, ça ne gêne personne
      Tant qu’le tiroir-caisse y fonctionne.
      L’horreur économique
      ça n’ leur fout pas la colique !


      • C'est Nabum C’est Nabum 5 décembre 18:37

        @Jason

        Puisqu’il se sert au passage


      • juluch juluch 5 décembre 21:36

        Il a été élus......deux fois....


        • C'est Nabum C’est Nabum 5 décembre 21:51

          @juluch

          ça ne change rien à ce qu’il est profondément

          Il a trompé son monde tout simplement tandis que les électeurs, faute de mieux, se sont satisfaits du vernis

          En dessous, il y a un être sombre


        • ricoxy ricoxy 6 décembre 10:50

           

          J’entendons point vot’ patois. Mais j’suis d’accord avec vous : l’freluquet, il est agouan.

           


          • C'est Nabum C’est Nabum 6 décembre 11:41

            @ricoxy

            On ne peut dire mieux


          • ricoxy ricoxy 6 décembre 13:18

             

            Bonjour C Nabum

             

            Ça n’a rien à voir avec le sujet de votre article, mais j’ai concocté pour les fêtes un « menu élyséen » spécialement pour vous et afin que tous les parties soient représentés :

             

            Entrée : Macron au vin blanc

            Plats : Escalope Panot,

             oui Lièvre à la Royal

            Fromage : Fromage de Hollande

            Dessert : Crêpes au Grand Barnier

            Le Pen (complet ou traditionnel) à volonté

            Vin : vin des Cordières

             

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