Violence chez les jeunes : des programmes de télévision toujours mis en cause
Le 4 septembre dernier, à Créteil, un jeune homme mis en examen pour le meurtre de son ex-compagne a affirmé s’être inspiré d’un épisode de la série policière "Les Experts : Miami" pour effacer les traces de son meurtre. Après avoir déposé le corps de sa victime dans la baignoire de la salle de bains, il l’a lavé et a nettoyé la scène du crime au dissolvant. Il a ensuite quitté les lieux, en ayant pris soin d’emporter avec lui habits et serviettes tachés de sang.
Ce terrible meurtre relance les interrogations sur l’influence de la télévision. Comme la publicité conditionne les achats chez les jeunes, particulièrement en ce qui concerne les marques (Adidas, Puma, etc.) portées par leurs héros favoris, les films et séries seraient susceptibles de conditionner leur comportement. Le drame va probablement relancer la polémique sur les effets de la banalisation de la violence dans les médias, mais aussi sur les conséquences de la dangerosité de ces programmes sur des êtres fragiles et sensibles. La violence chez les jeunes semble souvent liée aux différents programmes de télévision proposés… Mais alors, quelle solution trouver à ce problème ? Interdire ? Censurer ?
Des programmes de télévision déjà mis en cause
Ce sordide fait-divers n’est que la suite d’une longue liste de meurtres plus insensés et plus macabres les uns que les autres : en avril 2000, un jeune homme de 16 ans, qui avait vu le film Scream, a agressé ses parents à coups de couteau, en Île-de-France. Le même mois, un jeune de 19 ans armé d’un couteau et portant le déguisement du tueur du film a été interpellé devant une gare de la région parisienne. Eté 2000, cinq jeunes d’une vingtaine d’années ont été arrêtés et mis en examen après avoir été soupçonnés du viol d’une coiffeuse, toujours en Île-de-France. Ils avaient utilisé des masques de Scream… La violence chez les jeunes inspirée de films ne s’est donc pas éteinte. Le sempiternel débat sur la violence dans les programmes de télévision pourrait apporter de sérieux arguments aux tenants de son influence néfaste sur le (jeune) public. La question du passage à l’acte se pose alors. Le spectacle de la violence rend-il violent, favorise-t-il le passage à l’agression dans la vie réelle ?
Processus d’identification de l’enfant et violence chez les jeunes
La personnalité d’un enfant se construirait à travers des processus d’imitation et d’identification. Le Dr Stephane Clerget, pédopsychiatre, écrit dans son ouvrage « Ils n’ont d’yeux que pour elle (…) c’est à partir du moment où l‘enfant se reconnaît dans le miroir - c’est-à-dire se reconnaît en tant qu’humain - qu’il associe progressivement l’être et sa représentation, se mettant alors à imiter autant le modèle humain dans sa réalité que sa représentation télévisuelle ». Les programmes de télévision diffusés font donc partie intégrante de la vie de l’enfant et sont susceptibles de provoquer, par un processus d’identification, cette véritable déferlante de violence chez les jeunes. Autre fait étudié, le Journal of the American Medical Association a publié une étude sur l’impact de la violence à la télé (10/06/92). Dans les pays ou régions équipés de réseaux TV, on a observé, dès l’apparition du nouveau média, une explosion de violence sur les terrains de jeux pour enfants, puis, quinze ans plus tard, un doublement du nombre des meurtres. Pourquoi ce laps de quinze ans ? Parce que c’est le temps qu’il faut à un enfant brutalisé à l’âge de 3 à 5 ans pour atteindre « l’âge du premier crime ».
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