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Accueil du site > Actualités > Citoyenneté > Vols d’organes : légende urbaine ou réalité ?

Vols d’organes : légende urbaine ou réalité ?

Démantèlement d’un trafic de reins près de New Delhi

« L’Inde tente de démanteler un trafic international présumé de reins après une perquisition de la police dans des cliniques clandestines et l’arrestation à New Delhi de ressortissants grecs en attente de greffe. »

« Dans ce qui semble être le plus grand scandale de trafic d’organes jamais mis au jour en Inde, les forces de l’ordre ont effectué des descentes dans plusieurs hôpitaux et résidences de Gurgaon, dans la banlieue de New Delhi. Un médecin et plusieurs intermédiaires ont été arrêtés et la police court après le cerveau d’un crime organisé de plusieurs dizaines de millions de roupies. »

« Plus de 500 transplantations illégales de reins auraient été effectuées près de la capitale indienne au cours des dix dernières années, estiment les autorités. »

« Les donneurs sont des travailleurs déshérités venus des Etats les plus pauvres du sous-continent indien. »

Sources :

La Croix

Libération

France 24

Le Figaro

Qu’en est-il en Europe ?

Selon le rapport du Conseil de l’Europe de juin 2003 intitulé « Trafic d’organes en Europe » dont la rapporteuse est Mme Vermot-Mangold, « le succès des transplantations d’organes creuse l’écart entre l’offre et la demande. Les organisations criminelles internationales ont repéré ce "créneau" lucratif et font pression sur des personnes en situation de pauvreté extrême pour les inciter à vendre leurs organes. »

« Le trafic d’organes - à l’instar de la traite des êtres humains et du trafic de drogue - est déterminé par la demande. Les pays d’Europe orientale ne peuvent assumer, à eux seuls, la responsabilité de la lutte contre ce type de criminalité. Les tendances récentes dans certains pays d’Europe occidentale en faveur de lois laxistes, autorisant plus facilement le don d’organes par des donneurs vivants non apparentés aux receveurs, et donc d’abus, soulèvent de graves inquiétudes. »

« Cette situation soulève plusieurs questions d’ordre éthique : convient-il que les pauvres pourvoient à la santé des riches ? La pauvreté peut-elle être soulagée au prix de la santé humaine ? La pauvreté peut-elle compromettre la dignité humaine et la santé ? »

Source : Commission des questions sociales, de la santé et de la famille.

Vers une marchandisation du vivant ?

La marchandisation du vivant est révoltante. Rien ne justifie le vol d’organes.

Depuis toujours, la société engendre l’inégalité, voire l’exploitation et l’exclusion de certains êtres humains.

On y retrouve l’idée constante de l’homme considéré comme un objet, comme une marchandise possible.

La démocratie athénienne s’érige sur l’esclavage qui prive l’homme de liberté et le réduit à l’état de marchandise. La féodalité et la société d’Ancien Régime sont bâties sur des privilèges et des injustices criantes. La société industrielle du XIXe siècle a transformé la main-d’œuvre rurale en bagnards de la fabrique ou de l’usine. « La dictature du prolétariat » s’est avérée être la dictature de castes privilégiées.

De l’Antiquité à la traite des Noirs, on ne cesse de vendre l’être humain pour qu’il serve le bien-être et l’opulence d’élites privilégiées. La Renaissance s’est demandé si les Indiens d’Amérique avaient une âme. Acquérant le statut d’être humain, cela gênait leur exploitation ou leur extermination.

L’esclavage sévit toujours dans certaines régions du globe, la commercialisation de l’homme perdure.

De nos jours, l’être humain se débite en pièces détachées.

La mondialisation est une économie où tout s’échange, où tout s’achète, où tout est transformable en objet, même l’individu. Ce mécanisme ne peut que s’accentuer.

Respecter l’humain

Que sont devenus les systèmes condamnant l’exploitation et l’inégalité ? Passés à la trappe le socialisme utopique de Saint-Simon et d’Owen, le socialisme scientifique d’Auguste Blanqui, de Louis Blanc, de Karl Marx et de Friedrich Engels, l’anarchisme de Pierre-Joseph Proudhon, de Max Stirner et de Michel Bakounine.

Les contre-utopies comme Le Meilleur des mondes et 1984 sont d’une actualité manifeste à l’heure de la mondialisation en dénonçant les dangers des totalitarismes.

Le Meilleur des mondes dresse le tableau d’une société capitaliste triomphante qui rend les masses esclaves, avant la naissance par manipulation génétique, et tout le long de la vie par le conditionnement.

1984 incarne un totalitarisme du pur pouvoir. Chacun doit littéralement s’écraser à ses pieds, sous son regard, puis écraser semblablement ses concitoyens, dans un complexe de peur et de haine.

Le XXIe siècle permet l’inégalité et l’exclusion par le culte de la compétition, de la performance, de l’individualisme.

Force est de constater que les valeurs imposées par un groupe dominant, politique ou économique, à l’ensemble d’un corps social ne cessent d’évoluer avec efficacité et qu’il faut une vigilance critique toute particulière pour les contester.

Le libéralisme et le socialisme ayant failli, il reste à trouver d’autres solutions. La société ne s’est jamais trouvée confrontée à la nécessité aussi urgente d’inventer un projet de société qui soit la concrétisation sociale d’une conception de l’humain.

Concilier l’idéal et le concret, rêver le possible et rendre possible le rêve, c’est refuser une réalité qui est profitable à quelques privilégiés désireux d’ériger en dogme une vision du réel fort utile pour eux.

Ni Untermensch, ni Übermensch : tous égaux.

Alain Tesnière.


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10 réactions à cet article    


  • orsi 7 février 2008 12:12

    Vous parlez de l’Inde, mais vous oubliez la Chine, puisqu’on ne sait pas ce qui s’y passe, sauf qu’on y condamne à mort beaucoup plus que de raison de jeune gens, car les mafia locales vendent sur commande les organes prélévés après la sentence. Vous ne parlez pas du Brésil où on promet des opérations bégignes gratuites au gens des favelas et où on profite de l’anesthésie pour leur prélever un seul organe tels que un reins. Ils ne l’apprenent parfois que plusieurs années après, lorsque l’autre fatique justement. Vous parlez des reins, mais pas des cornées dont la vente rend aveuglesd enombreuse spersoinne dans le tiers-monde.

    Ce type de commerce est certes guidé par la demande, mais il nescessite toujours des mafias puissantes qui peuvent corrompre le circuit médical. C’est pour celà qu’on est encore un peu protégé en Europe et aux USA, mais pour combien de temps ???


    • MagicBuster 7 février 2008 13:47

      @l’auteur. Merci pour votre intéressant article .

      A quand le cours d’une la vie humaine à Wall Street ?


      • Internaute Internaute 7 février 2008 14:54

        Le vol d’organe est une réalité en amérique latine. Des américains fortunés payent des chasses à l’homme et aux enfants. C’est comme cela que l’on retrouve régulièrement des enfants morts, sans yeux ou sans foie. De temps en temps une filière de lawyers respectables est démantelée mais il s’en ouvre d’autre.

        Les députés européens sont trés sensibles sur ce thème et veulent nous faire rattraper notre retard en matière de commerce du vivant. On a beaucoup parlé de la directive Frankenstein en oubliant de préciser qu’il s’agissait de la deuxième. La première directive de ce sinistre commissaire était une proposition de législation européenne pour développer le commerce de la matière humaine. Fort heureusement elle n’a pas eu pus de succès que la seconde.


        • aigle80 aigle80 7 février 2008 17:44

          Ces faits sont-ils avérés ?J’ai entendu parler de trafic en Amerique latine, Brésil et egalement en Turquie.Mais aucune enquete sérieuse n’a abouti à quoi que ce soit à ce jour.J’ose ésperer qu’il ne s’agit que d’un scenario de film épouvante car cela fait froid dans le dos !Il est vrai que dans certain pays pauvre on peut vendre son sang ! et comme les controles ne sont pas toujours au top on assiste à une explosion du syda de là à assister à d’autre dérapages dans les differents trafics la marge est faible ,les profits enormes et la morale inexistante .


          • Kookaburra Kookaburra 7 février 2008 19:26

            Tout à fait d’accord, aussi avec votre opinion générale que vos remarques laissent sous-entendre. La question de la vente d’organes humains est extrêmement épineuse sur le plan éthique.  L’aspect positif est évident, mais l’aspect négatif risque de déchaîner des passions.

             Le corps forme le substrat de la personne et il ne peut en être dissocié — L’humanité est dans le corps autant que dans la personne. — Tout ce qui vaut pour la protection de la personne humaine vaut aussi bien pour la protection du corps humain. De ce postulat émerge le problème éthique. Le corps humain peut-il être considéré comme un assemblage de pièces détachées ? Ce qui complique la question c’est aussi le fait que les organes ne peuvent pas être récupérés d’un mort. Mort cérébrale oui, mais dont le corps a été maintenu vivant. Développer ce problème sur AgoraVox et on serait sûr d’avoir une avalanche de commentaires.

             


            • Catherine Coste Catherine Coste 7 février 2008 20:02

              Je confirme. Voir le weblog d’information "Ethique et transplantation d’organes"

              En France comme en Espagne, les politiques ont été très hésitants (frileux) pour ce qui est du développement du don d’organes à partir de donneurs vivants. De crainte que le commerce (illégal) d’organes ne se développe... D’un autre côté, on parle de don d’organes à partir de donneurs "cadavériques", pour ce qui est du don d’organes lorsque le donneur est "décédé". Or c’est loin d’être aussi simple. On est loin de ladite rigidité cadavérique, puisque le donneur est mourant et décède en fait au bloc opératoire, lors du prélèvement de ses organes.

              Dans les pays du Nord, le don d’organes à partir de donneurs vivants est jugé plus éthique que le prélèvement d’organes effectué sur donneurs "décédés". Les "greffons" seraient de meilleure qualité lorsque le donneur est vivant. En France et en Espagne, les politiques hésitent à promouvoir le don d’organes à partir de donneurs vivants. Ils favorisent largement la promotion pour le don d’organes à son décès. Aux USA, on prélève autant d’organes sur des donneurs "morts" que sur des donneurs vivants... Les disparités entre les pays montrent bien que les problèmes d’éthique sont pérennes.

              Par ailleurs, merci à M. Tesnière pour son excellent article (je ne le découvre qu’aujourd’hui).


            • La Taverne des Poètes 7 février 2008 22:47

              Vols d’organes au-dessus d’un nid de cocus : le cocu c’est toujours le pauvre.

               

               


              • DB 17 février 2008 14:58

                J’ai beaucoup voyagé car je me suis rendu compte que l’on portait un regard très critique sur le monde, ses environnements, ses théories livresques, des biens pensants dans un fauteuil.

                Je définis mes voyages comme anti-Club Merde, anti camp de vacances. Je me paie un guide local, pas spécialement professionnel, surtout pas professionnel.

                En Inde, je voyais des mômes quêter dans un état pitoyable, rampant sur le sol, complètement tordu, cassé...

                "Qu’est ce qu’il a eu ?" - La polio...

                Après quatre ou cinq rencontres du même type et la même question pour obtenir la même réponse, je lui demande s’il se fout pas de ma gueule !

                Le père quand arrive son 3ème ou 4ème enfant, le casse dans son berceau et le laisse se "ressouder" comme il peut ! Il est destiné par la suite à faire la manche et devient une source de revenus...

                la civilisation n’est qu’un vernis, c’est bien connu ! et plus particulièrement dans le cas des Indiens, il est rare de trouver dans une population autant de gens aussi intelligents, comme quoi !

                 

                 


                • joshua 13 juillet 2008 17:34

                  Bonjour,

                      Nous recherchons des patients qui accepteraient d’en parler... idealement resident (ou ayant) en Israel, Turquie, Pologne, .... Europe.
                  Les motivations sont evidament la survie, mais a quel prix ?

                     Nous effectuons actuellement un reportage sur le trafic d’organes, transplantations faites en turquie de donneurs moldaves...
                  Le lien mafieux est mis en evidence !
                  La souffrance, les cicatrices physiques ainsi que mentales des donneurs sont reeles... qu’en est-il des receveurs ?

                     Si quelqu’un veux, accepte de temoigner, en parler...
                  contact : +32494117778 Joshua  [email protected] (belgique)
                                 +48606360486 Ognik  [email protected] (polska)

                  Merci.


                  • alexdred 12 janvier 2009 12:24

                    Pour plus de renseignements sur la carte de donneur d’organes
                    et sur la journée mondiale du don d’organes
                    et des chiffres sur le don d’organes

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