Vous me notez, soit, je vous note aussi !
Le 31 janvier, les enseignants étaient dans la rue. Entre autres raisons ils y contestaient la décision de leur ministre de les soumettre à "évaluation" par leur directeur d'établissement. Ceci veut dire, en clair, qu'ils n'acceptent pas d'être notés par leur supérieur hiérarchique. Mais quels privilégiés croient-ils être pour contester une telle évidence. Aucun autre salarié Français ne peut échapper à la notation par son chef (il faut cesser d'avoir peur des mots, j'emploierai donc le mot chef, bien Français, à la place de tous les néologismes et autres euphémismes) et il n'y a rien de choquant à cela, cela fait partie des moyens d'action normaux des chefs de noter leurs subordonnés.
Les enseignants prétendent que seuls les inspecteurs sont compétents pour les noter et influer sur leur carrière car ils seraient les seuls à dominer suffisamment la pédagogie pour pouvoir les juger. Pensez-vous que dans une usine ou une administration les chefs d'équipe ou de bureau sont compétents personnellement dans toutes les disciplines que pratiquent chacun de leurs subordonnés et pourtant ils les notent, ils influent sur leur carrière et même ils peuvent parfois les proposer au licenciement, malheureusement. Il est évident que toute décision humaine est faillible, qu'attribuer une note à une personne comporte un risque d'erreur et d'injustice et pas seulement pour les enseignants.
Mais comme toujours, pour essayer de limiter ce risque, il faut essayer de se rapprocher des règles démocratiques. En l'occurrence, un pouvoir est reconnu au chef, celui de noter. Si on en reste là le risque d'arbitraire est évidemment flagrant. Il faut à ce pouvoir un contre-pouvoir afin de rétablir l'équilibre. C'est très simple votre chef à le pouvoir de vous noter. Vous n'avez pas le pouvoir de le lui retirer mais qui vous interdit de le noter vous-même ? Bien plus organisez cette notation avec tous vos collègues subordonnés du même chef, à bulletin secret avec édition d'un bulletin de note précisant la moyenne obtenue, éventuellement les notes mini, maxi et l'écart type de notation. Faites signer tous les notateurs remettez en mains propres cette note à votre chef en lui signifiant qu'elle est transmise pour information à son supérieur hiérarchique (l'inspecteur pour les enseignants).
Il ne sera pas inutile de préciser, avec courtoisie, que le pouvoir de notation serait injuste s'il n'y avait pas de contre pouvoir de contre notation. Il ne faut pas envisager cette pratique avec un esprit systématiquement conflictuel, au contraire, cela devrait amener les chefs à plus de considération et de modération.
D'autant plus que si l'on pousse un peu cette logique, il serait normal que vos propres subordonnés (ou les personnes qui profitent de votre travail, par exemple les parents d'élèves ou les élèves pour les enseignants) vous notent à leur tour, vous informent de leur note moyenne et la transmettent à votre chef. Celui-ci pourrait bien se trouver à devoir tempérer la tendance de sa note du fait de celle attribués par vos subordonnés.
Stéphane Hessel nous a invité à nous indigner, invitation salutaire mais s'indigner ne suffit pas il faut réagir et même agir, alors je vous invite à :
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noter vos chefs et à les en informer,
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inciter vos subordonnés ou "clients" à vous noter et à vous en informer.
En faisant cela vous ferez avancer la démocratie et favoriserez le bon fonctionnement des entreprises et des administrations.
Scribe
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