A La Poste, vos colis perdus maintiennent des emplois
La Poste livre 275 millions de colis par an. Mais, pour tout le monde, ce qui compte, ce sont les colis qu’elle ne livre pas. Il n’est pas question ici des colis que volent certains agents postaux indélicats, mais de ceux que les services du domaine de l’Etat revendent. Mais où va l’argent ?
Chaque année, 335 000 colis se retrouvent au Service Courrier Client (SCC) de La Poste, à Libourne (Gironde). Les chocolats que vous avez envoyés à votre grand-mère pour sa fête en font sûrement partie.
Si votre colis se retrouve à Libourne, ce n’est pas forcément parce que vous avez mal rédigé l’adresse du destinataire. Ou que l’adresse manque carrément (un classique). Où que la rue où habitait votre grand-mère n’existe plus. Ou que votre emballage était défectueux. Ou que l’étiquette était mal collée. Cela peut être la raison. Mais il arrive aussi que La Poste se trompe. Si si, ça arrive.
Sans oublier les cas avérés de vols à l’intérieur même des centres de tris ou dans les bureaux. Même si La Poste exerce paraît-il des contrôles de plus en plus accrus (vidéo-surveillance, services de sûreté, contrôles inopinés, etc.), même si ces vols représentent peu par rapport à la masse de colis et de lettres distribués, il n’empêche que ces larcins émaillent considérablement l’image du service postal et emmerdent considérablement les usagers qui commencent à souhaiter vivement l’arrivée de la concurrence.
Les usagers victimes de ces vols font-ils des réclamations à leur bureau de poste ? Pas toujours. Evidemment il y a de quoi être hérissé quand La Poste vous répond que si votre colis n’est pas arrivé c’est d’abord de votre faute ou de celle de votre destinataire… Mais, pour retrouver un colis perdu, mieux vaut commencer par réclamer.
Le service client de La Poste de Libourne gère les réclamations du grand public, des entreprises et de l’international. 156 agents sont affectés à ce service dont la moitié pour traiter exclusivement les réclamations du grand public, c’est-à-dire de l’usager de base : vous, moi, votre grand-mère. Justement cette dernière n’a pas reçu les chocolats que vous lui aviez adressés pour sa fête.
Vous avez donc fait une réclamation à votre bureau de Poste, à moins que vous l’ayez faite par internet. De toute façon ces réclamations sont toutes traitées par le SCC de Libourne. C’est ensuite qu’ils sont ouverts par le SCC, seul service de La Poste autorisé à le faire. « A Libourne, nous explique Véronique Teulières, directrice du SCC, nous ne récupérons que les objets qui nécessitent d’être ouverts pour un travail de recherche d’adresse, soit de destinataire, soit d’expéditeur (en priorité car il s’agit du propriétaire de l’objet). »
Les colis ouverts, le SCC en fait l’inventaire. Cet inventaire est comparé avec les réclamations centralisées ici. Résultat : « Nous rendons 75 % de ce que l’on reçoit. Le reste est vendu aux enchères par les services des Domaines » (Les ventes aux enchères sont annoncées sur le site des Domaines). Il faut attendre six mois avant que le SCC ne mette le colis aux enchères.
Mais après, me direz-vous, où va cet argent ? Selon Véronique Teulières, « le produit des ventes aux enchères est adressé directement par Les Domaines à La Poste qui en assure la gestion, dont une partie des frais de fonctionnement du Service Client Courrier ».
Bref, il sert à payer les agents affectés aux réclamations du grand public. « L’objectif d’un tel service est de fidéliser les clients de la Poste en leur restituant grâce à ce travail de recherche, l’objet qu’ils ont égaré. Pas de les faire fuir ! ».
C’est sûr qu’avec la concurrence qui pointe son nez, fini le temps du Petit Travail Tranquille !
Et puis, le personnel, ça se paye. Moralité : Continuez à perdre vos colis si vous ne voulez pas priver d’emploi des agents de La Poste !
Crédit image : marcus retais
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