A la rentrée fais gaffe à la récré
Le covid19 accentue inéluctablement la crise économique. Mais alors que quelques semaines auparavant il n'y avait pas d'argent pour la moindre politique sociale, on annonce soudainement aujourd'hui la mise à disposition de centaines de milliards...
La crise économique
Seule une hausse de la consommation des ménages en juin a permis d'amortir la baisse brutale de plus de 13 % du PIB de la France. Selon la Commission européenne ce PIB devrait finalement reculer de 10,6% sur l’année 2020 soit un peu plus que la moyenne de la zone euro (8,7%).
Dans la logique de la récession, les entreprises ont déjà coupé cet été dans leurs effectifs. La Dares comptabilise 49 000 ruptures de contrats de travail entre début mars et mi août 2020, soit environ trois fois plus de PSE (1) qu’à la même période l’année précédente.
L'aéronautique, fleuron de l'industrie française, est durement touchée avec 5000 suppressions de postes chez Airbus ; 7500 ont été déjà programmées chez Air France.
Les grandes enseignes de la grande distribution telles que Camaïeux ou Alinéa se sont retrouvés en redressements judiciaires. Camaieux devra se séparer de 500 de ses salariés. Alinéa,devrait supprimer un millier de postes...
« La Dares dénombre 2 700 « petits » licenciements collectifs. Ils concernent en grande majorité des licenciements de moins de 10 salariés. Les secteurs les plus touchés sont le commerce et la réparation automobile (20 %), la construction (18 %), l’industrie manufacturière (16 %) et l’hébergement et la restauration (12 %) » (2).
L'argent du shylock (3)
On disposera de tous les fonds nécessaires compte tenu de la nouvelle situation. « Quoi qu'il en coûte », nous dit le Président.
Mais d'où viennent tous ces milliards apparus comme par magie ? Et au juste qui en bénéficiera ?
La crise économique, si elle atteint à présent des sommets, ne date pas d'aujourd'hui. Les signes avant-coureurs d'un krach définitif sont apparus en 2008. Et nous savons que c'est uniquement sur la spéculation financière que le système repose. La voie est donc toute tracée : la planche à billets. Mais derrière cette manne rassurante, intarissable, une petite musique plus inquiétante se fait entendre. Qui va payer ? Les détenteurs du capital ?
Bien des promesses ont été faites aux salariés en particulier, à ceux qui se sont dévoués au risque de leur vie dans le combat contre la maladie.
Le Ségur de la santé, promesses ou mensonges ?
L’UNSA, FO et la CFDT ont validé l'accord sur une augmentation de 183 €, en deux fois d’ici le mois de mars 2021, pour les personnels hospitaliers paramédicaux et administratifs. Une aumone loin des revendications de l'ensemble des salariés !
Parmi les mesures phares annoncées : 4000 lits à la demande pour faire face à des pics d’activité, le développement du numérique, l’assouplissement des 35 H et le recrutement de 15 000 agents, dont 7500 pour combler les postes vacants.... Aux organisations syndicales n’ayant pas validé le Ségur (CGT, SUD), s'ajoutent des collectifs de luttes (Inter-Urgences, Inter-Hôpitaux), un nouveau collectif, Santé en Danger, réclame un Ségur 2 pour satisfaire les besoins et revendications des personnels de santé.
Que deviennent les indemnités chômage ?
Si le volet 2 de la réforme qui devait modifier le mode de calcul des indemnités à partir du 1er avril 2020 a été repoussé, il n'en est pas de même pour le volet 1
Pour celui-ci, en revanche, applicable depuis le 1er novembre 2019, il ne s’agit pas d’un retour intégral aux dispositions d’avant cette date. Ainsi, il faudra travailler 4 mois sur 24 mois pour ouvrir des droits au chômage, au lieu de 4 mois sur 18 mois. Mais surtout, le rechargement des droits nécessitera lui aussi 4 mois de travail au lieu d’un seul avant le 1er novembre 2019. Enfin, ces nouvelles règles temporaires ne seront pas rétroactives.
La réforme des retraites n'est pas abandonnée
Passée en force avec le 49-3 à l’Assemblée nationale le 29 février, la réforme avait été suspendue à l’occasion de la crise du Covid-19. Repoussé à une date ultérieure, l'exécutif n'a pas manqué, par la voix du Président lui-même, de ramener tout le monde à sa réalité. Et le Premier Ministre entend ouvrir des discussions dès la rentrée. Comment combler les déficits liés à la baisse brutale des recettes en cotisations sociales consécutive au Covid-19 ? On trouvera alors l'argument massue pour faire accepter une réforme au détriment des futurs retraités.
Qui va payer ?
Non sans insistance ni originalité le patronat évoque un allongement « nécessaire » de la durée du travail pour compenser les pertes des entreprises. Au passage faisons remarquer l'état du potentiel de production qui n'a été en rien amoindri ; objectivement rien n'empêcherait de produire « comme avant », et donc de satisfaire facilement tous les besoins de chacun (4).
Mais pour le Medef toutes les aides dont bénéficient déjà les entreprises sont toujours jugées insuffisantes. Et la direction est clairement indiquée : ce sont aux pauvres de payer s'ils veulent conserver l'ombre de quelques miettes !
Qui va résister ?
D'ores et déjà les organisations syndicales appellent à manifester. Elles ne sont sans doute pas parfaites mais ne rien faire, ne pas s'y joindre c'est accepter un sort d'esclave... Il est possible d'arrêter la machine à broyer, de faire de cette épidémie une nouvelle chance pour changer la société.
(1) PSE : plans de « sauvegarde de l’emploi », terme hypocrite signifiant « de suppression de postes »...
(2) « Rapports de force – l'info sur les mouvements sociaux » 25/08/2020
(3) Le shylock est l'usurier des quartiers populaires de Montréal qui a toujours de l'argent à vous prêter...
(4) Dans « Mon communisme », publié le 03/07/2020, je fais remarquer que « la guerre » de Macron n'a provoqué aucune destruction et que l'on peut objectivement faire redémarrer l'économpie...
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